La Convention des Cadres du Département de Bakel est une initiative d’un groupe de cadres du Département de Bakel qui en 2005, ont mis en place une association qui a pour buts de contribuer à :
- l’instauration et au développement de relations de partenariat avec l’Etat, les organisations communautaires, les ONG et les associations poursuivant les mêmes buts ;
- l’assistance aux populations dans le montage de projets collectifs et à la recherche de financement ;
- l’intensification des relations de solidarité et d’entraide entre ses membres ;
- l’engagement au rayonnement des langues locales (soninké, puular, etc.) et de toutes les entités culturelles vivant dans l’espace départemental.
Partant d’un diagnostic de la situation que vit le Département de Bakel depuis les indépendances, les cadres de Bakel décident de jouer leur partition à côté d’autres acteurs (Etat, collectivités locales, etc.) pour la prise en compte des préoccupations des populations locales pour une vie meilleure.
1. DIAGNOSTIC DE LA SITUATION DU DEPARTEMENT DE BAKEL
Pour résumer la situation du Département de Bakel, il faut seulement se référer à la boutade d’un ancien président de la république, qui, alors qu’il était grande figure de l’opposition, en campagne électorale, disait ceci : « Si on réveillait Réné Caillé et qu’il se rendait à Bakel, il n’allait pas se perdre dans les moindres ruelles et places de la ville ».
Pour s’en convaincre, en se rendant à Bakel, vous verrez le Fort que Faidherbe y construisit en 1854 et qui abrita jusqu’à 2011 la préfecture. C’est quand l’immeuble commençait à menacer ruine qu’une maison d’un immigré a été conventionnée et sert aujourd’hui de bureau et de maison pour l’autorité administrative.
Avec 11% du territoire national, l’ancien département de Bakel qui regroupait aussi le Département de Goudiry) est le plus vaste des départements du Sénégal. Bakel chef-lieu de département est excentré par rapport aux autres localités qui sont parfois distants de 300 km à vol d’oiseau et de 400 à 450 km sur piste. Le Département se caractérise également par ses fortes chaleurs sur plus de 7 mois de l’année, ses routes et pistes particulièrement accidentées parce que traversées par une chaîne de collines de pierres de sens nord-sud.
Il n’est d’ailleurs pas rare d’entendre dire que tel fonctionnaire a été sanctionné lorsqu’on l’affecte à Bakel. Un très grand syndicaliste de l’enseignement devenu député a fait les frais de son engagement et a été affecté pour plusieurs années à Bakel. L’administration malheureusement entretient cette croyance en affectant des fonctionnaires récalcitrants ou sanctionnés.
Dans tous les secteurs de la vie économique et sociale, la situation est préoccupante. Pendant l’hivernage, certains parents de villages voisins ne se revoient qu’après la cessation des pluies. Les échanges commerciaux deviennent quasi impossibles. Pour se rendre de Dakar ou d’une autre localité vers Bakel, c’est un véritable parcours de combattant. Les routes sont coupées, les ponts affaissés, etc.
Que dire de l’éducation ? La situation est là aussi très difficile. Manque d’enseignants, manque de salles de classes, de tables-bancs, de CEM pour Yaféra, etc. Il ya de cela quelques mois, les élèves du lycée Waoundé NDIAYE de Bakel ont battu le macadam pour avoir de l’eau dans leur école éloignée de la ville pour un devis de raccordement au réseau de 2 000 000 FCFA. C’est au souvenir d’un département lors d’une campagne électorale qu’alerté, un premier ministre a donné des instructions pour que le problème soit réglé. Les braves élèves qui décrochent le baccalauréat font une distance d’un bout à l’autre du Sénégal pour venir poursuivre les études à l’université ou les abandonnent simplement avec un espoir hypothétique d’obtenir un visa pour l’étranger.
A cela, il faut ajouter la situation hydraulique préoccupante avec des forages qui tombent en panne dans certains villages.
Quant aux infrastructures sportives, il n’en existe pas du tout. L’agriculture pour un département traversé en cours d’eaux dont le Fleuve Sénégal connait aussi une situation désastreuse en témoigne le cri de cœur des exploitants des périmètres irrigués de Foloboula lancé aux autorités. Pour un projet d’aménagement hydro-agricole de mise en valeur de 2000 ha de terre qui devrait faire bénéficier à plus de 300 ménages un impact économique, au bout, c’est un endettement des ménages auquel on assiste.
Du côté de la santé, la situation n’est guère reluisante. Rien dans les structures sanitaires. Pour se soigner, les populations vont à Ourossogui, Tamba ou partent à Dakar malgré la dureté du voyage.
La liste des cauchemars est loin d’être exhaustive.
Que compte faire la Convention des Cadres du Département de Bakel ?
2. LES ACTIONS ENVISAGEES A COURT ET MOYEN TERMES PAR LA CONVENTION
L’immigration qui a constitué une source économique très importante pour le département connait un sérieux ralentissement du fait de la crise que l’on connait dans les pays du nord. Les frontières se ferment et les jeunes ne peuvent plus se rendre en France où ailleurs comme l’ont fait leurs parents et leurs grands-parents.
Même à l’étranger, les immigrés qui contribuent fortement à l’amélioration des conditions de vie des populations éprouvent des difficultés liées à la conjoncture économique de leur pays d’accueil.
Or, ces immigrés pallient souvent l’absence de l’Etat en construisant des salles de classe, de cases de santé, des forages, etc. et en envoyant des équipements au niveau des structures scolaires et sanitaires.
Quelque soit le dynamisme des immigrés, certaines actions ne sauraient relever d’eux.
Ainsi, l’action de l’Etat est attendue pour entre autres :
- assurer la desserte aérienne du Département le plus éloigné du Sénégal,
- construire des routes et des pistes de production,
- ouvrir des lycées et des CEM,
- recruter des enseignants,
- construire une université dans la région,
- construire des infrastructures sportives telles que les stades
- porter assistance aux paysans confrontés à des problèmes dans les périmètres irrigués,
- etc.
Un point exhaustif des attentes de la convention fera l’objet d’un mémorandum qui sera soumis aux nouvelles autorités.
La Convention des Cadres du Département de Bakel, une association apolitique qui regroupe en son sein des cadres politiques (opposition comme majorité) comme apolitiques, venant aussi de tous les milieux (administration, privé, culture, société civile, etc.) rappellera à l’Etat ses missions de service public avec un traitement équitable des différents territoires du Sénégal.
A ce titre, elle usera de tous les moyens qui s’offrent à elle dans une république et dans un Etat de droit : liberté d’expression, liberté de presse, etc.
Elle bannira toute forme de contestation qui pourrait être analysée comme une déficience vis-à-vis de l’Etat.
Elle alertera, elle conseillera les pouvoirs publics pour anticiper sur tout problème qui pourrait être source de frustrations des populations locales.
Elle veillera à ce que les élus nationaux et locaux puissent remplir correctement les mandats que les populations leur ont confiés et à rendre compte systématiquement auprès d’elles.
La Convention, en partenariat avec d’autres organisations de la société civile, veillera à l’éveil citoyen des populations afin que celles-ci s’engagent résolument dans une participation à des activités politiques ou de la société civile.
Par M. Mady BATHILY, Secrétaire Général de la CONVENTION DES CADRES DU DEPARTEMENT DE BAKEL