Manu Dibango avait ouvert la route. Puis Touré Kunda, groupe de la famille Touré, a complété le travail, est devenu la référence, puis s'est éteint, avant qu'Ousmane, le jeune frère chanteur qui faisait partie de l'aventure, ne resurgisse après une décennie de répit. Touré Kunda, figure de proue de ce que l'on a par la suite qualifié de déferlante africaine, avait créé Emma, premier grand succès africain international des années 80. C'était à Paris, le Paris de Radio Nova et de la chapelle des Lombards. Jusque-là, les artistes du continent noir ne l'avait pas eu facile dans la Ville lumière.
«Mes frères ont commencé sans moi en se produisant dans les foyers et quelques petites salles de concerts de 20 ou 30 personnes, raconte Ousmane. Puis les gens sont venus en plus grand nombre et la couleur spéciale de leurs voix semblait les fasciner. Nous avions l'habitude de ce genre de réaction puisque, depuis notre enfance en Casamance, on nous appelait les frères "rape tout" parce que, lorsqu'on se mettait à chanter, il n'y avait plus de place pour les autres. Dans la famille, sur dix-sept enfants, on compte cinq grandes voix.»