L'identité de chacun de nous, hommes et femmes noirs de l'Afrique de l'Ouest, formés à l'école moderne de l'occident européen est d'une nature telle que selon moi, elle suscite et continue de nourrir des interrogations vitales telles qu'elles ne prendront fin que pour autant que nous leur apporterons des réponses plus satisfaisantes que présentement.
La nature profonde et problématique de cette identité est, d'une part, que nous sommes peul, malinké, ouolof, sérère, soussou, soninké, etc., participant d'une culture orale et, d'autre part, que chacun de nous a passé la partie la plus longue de sa vie d'homme ou de femme à apprendre et assimiler des cultures de l'écrit, arabes ou européennes. Etant données les différences existant entre les processus initiatiques, cognitifs, pédagogiques, médiatiques mis en oeuvre par ces deux modes, oral et écrit, d'accès au savoir, souvent tout se passe comme si l'acquisition du mode écrit ne peut se faire qu'au prix de l'oubli, de la perte ou de la disparition du mode oral. De là résulte une double problématique, individuelle et sociétale. Chaque individu passé par ce double processus, fonctionne selon un cycle alternatif dont chaque phase est souvent négative, exclusive de l'autre. Le moment où je suis peul, je ne suis pas toubab ; le moment où je suis toubab, je ne suis plus peul. Au plan sociétal, étant donné que le niveau de scolarisation dans l'école occidentale de l'écrit, en Afrique au sud du Sahara, ne touche pas plus de 40% de la population totale, nous nous trouvons en présence d'une population duelle.
La Diaspora du OUAGADOU: Doù vient le Mandé?
D’où vient le Mandé ?
Lorsque nos griots (diali) racontent l’histoire du Mandé, ils présentent souvent comme ancêtres des Maninka, des personnages ayant des noms arabes. Selon plusieurs généalogistes, l’aïeul des griots serait un homme nommé Sourakata Ibn Malick et celui des Fofana s’appelait Aboubacar SIDIBE, un compagnon du Prophète Mohamed (P.S.L). Sans nier l’origine orientale des Maninka, nous pensons que leurs aïeux n’étaient ni des Arabes, ni même des Blancs, mais des Noirs authentiques. Nous ajoutons pour notre part (nous les Fofana) et pour lever toute équivoque, que notre patriarche avait pour nom Kaman Madi, descendant de Maghan Camara, ancêtre commun des Kakolo.
Concernant toujours les relations parentales entre Maninka et Arabes, il est difficile d’apporter des preuves à cette allégation. Nous savons que les aïeux des noirs de l’Ouest africain (pour la plupart) ont vécu longtemps au Yémen, en Arabie, en Egypte, au Soudan, en Ethiopie (jusqu’en Inde). Mais ce n’était point des Arabes. L’arabe est né de l’Afghan à une période relativement récente. Et l’Afghan n’existait pas au moment où produisaient les migrations des populations noires du Darfour (Soudan) vers le Bafour (Afrique de l’Ouest).
Les affres de limmigration
C’est connu. Nos compatriotes sont réputés pour être de migrants assidus. On les rencontre sous toutes les latitudes. Ceux qui restent au bercail nourrissent toujours le rêve secret d’émigrer, un jour, pour rapporter fortune et savoir à la maison.
Pour taquiner leurs cousins à plaisanterie Soninkés, les Malinkés racontent que lorsque Louis Armstrong a posé les pieds sur la lune, il y fut accueilli par un Soninké qui lui proposa des noix de cola en guise de bienvenue. Ce conte humoristique et imaginaire campe l’image de voyageur infatigable et cosmopolite qui colle aux Maliens.
L’aventure ne se solde pas toujours par le bonheur. Humiliations, déshumanisation ou même la mort sont souvent le lot de nombre de nos compatriotes partis pour l’étranger.
Aujourd’hui, voyons le cas de Boutaye, un jeune ressortissant de Gossi (sur la route de Gao). A 18 ans il possède déjà une maison dans son hameau de Éban-Imalane.
Tous les voyageurs qui empruntent la route nationale 16 ont dû remarquer une petite maison au bord du chemin. Elle est située à égale distance (45 km) entre Gossi et Hombori. Cette habitation appartient à Boutaye. Il reçoit et stocke dans les chambres les marchandises et les affaires des voyageurs en provenance d’autres villes du Mali ou de la Côte d’Ivoire, du Burkina Faso ou du Niger. Il les achemine plus tard au moyen de sa charrette à traction animale sur les villages de Fatalle, Imbassassotane, Tin Diarane et Tizimbaze.
La légende de la dispersion des Kusa (épopée soninké) entre histoire et mythe
Les Soninkés sont l'un des peuples les plus anciens de l'Ouest africain. Dans son ouvrage intitulé Les Diasporas des travailleurs soninkés (1848- 1960). Migrants volontaires, François MANCHUELLE écrivait que : « Les Soninkés sont un peuple particulièrement intéressant. Ils formèrent le premier des plus grands empires d'Afrique de l'Ouest, le Ghana . » Ce peuple était (et ceci jusqu'à nos jours, malgré la modernisation des sociétés africaines) extrêmement acquis au système de la hiérarchisation sociale qui mettait chaque fraction du groupe à une place bien déterminée dans la pyramide sociale. Les Soninkés sont répartis en trois groupes : les Kusa, les Wago et les Kagoro. Leur origine reste indéterminée malgré les quelques versions mises à la disposition des chercheurs par les historiens. Les Kusa, dont il est question dans cette étude, comme l'ensemble de la communauté soninké, constituaient un royaume bien organisé dans sa structuration sociale. Les relations existant entre les différents membres de cette fraction étaient strictement réglées selon des principes bien déterminés. La légende de la dispersion des Kusa raconte leur calvaire et leur dispersion causés, selon la tradition, par la maladresse de leurs rois successifs, sanguinaires.
Dans cet exposé, nous allons essayer de déterminer succinctement la frontière existant entre l'histoire et le mythe dans cette légende des Kusa, mais avant d'aborder cette étude, nous avons estimé nécessaire de faire un état des lieux sur l'origine des Soninkés, l'organisation socio- politique de cette ethnie ouest africaine, dans la mesure où ce travail ne pouvait avoir son véritable sens que placé dans son cadre général.
Par SOUMARE Zakaria Demba
La légende de la dispersion des Kusa (épopée soninké) entre histoire et mythe
Henné (Diaba chez les Soninké) et croyances populaires
Le henné (Diabé chez les Soninké) à un double langage, celui de la séduction et de la magie à travers les différents rituels. Sa pratique fascine, enchante notre société depuis la nuit des temps. Il fait partie intégrante de la vie traditionnelle...
Historique
Le henné (Diabé chez les Soninké) serait originaire d’une région allant du sud de l’Iran et de Mésopotamie au Bélouchistan. Il aurait suivi la migration des peuples ; il serait arrivé dès l’Antiquité en Inde du nord, puis vers l’ouest de la Syrie et terminé en Egypte. En effet, les Egyptiens anciens le connaissait, comme en témoigne la momie de Ramsès II dont les mains et les pieds en étaient couvert. Durant cette période le henné était apprécié plus particulièrement pour ses propriétés odorantes, et pour ses valeurs médicinales.
L’utilisation du henné est donc très ancienne, même s’il est associé le plus souvent à l’Islam de nos jours. Le rituel qui a le plus de valeur symbolique reste celui de « la nuit du henné » consacré à la cérémonie du mariage. Le henné est l’un des arbres du paradis pour l’ensemble du monde musulman. Cette plante se récolte dès qu’elle arrive à maturité. On ne la coupe pas, on l’effeuille, puis on le fait sécher à l’abri du vent et à l’ombre ; le soleil lui ferait perdre toute sa puissance. Actuellement, il est l’objet de tractations commerciales importantes entre les oasis productrices.