La pandémie du siècle continue de faire des ravages parmi les populations de la onzième région du Sénégal. En effet, à Matam, la convergence de nombreux facteurs favorables, constitue un danger au moment où la région a réduit son taux de prévalence de 2 à 1 %. Matam, comme les autres régions du pays, subit les affres du SIDA. Mais ici, la maladie connaît une ampleur inégalée. Classée parmi les zones les plus touchées dans le pays, la région de Matam a longtemps affiché un taux de prévalence de 2 % au moment où la moyenne nationale était de 1 %. Avec les deux souches du VIH que l’on retrouve dans la région, beaucoup de facteurs se combinent pour en faire une zone très favorable au développement du virus.
Les facteurs qui sont à l’origine de la propagation de la maladie sont, d’après l’assistant social du district de Matam, Mamadou Bâ, liés à la polygamie, qui, au même titre que l’émigration constitue une des principales voies de pénétration de la maladie. A coté, l’importance des migrations nationales, les chantiers ouverts un peu partout, qui favorisent le développement de la prostitution clandestine, qui a fini de s’installer dans certaines villes-carrefours comme Ourossogui. S’y ajoute que les pratiques traditionnelles du levirat et du sororat sont responsables de drames familiaux.
Au sein même de la société, des mutations apparaissent. Car aujourd’hui au Fouta, quand un émigré meurt de maladie, quelle qu’en soit la cause, la veuve est assurée de ne jamais se remarier, car la rumeur publique aura tôt fait d’en faire une probable séropositive. De la même façon, le tatouage des gencives, les scarifications sont autant de pratiques traditionnelles risquées qui sont encore pratiquées en dehors de toute précaution.