La santé au Sénégal n’a pas encore atteint ses objectifs. La revue annuelle conjointe des activités de l’année 2008 a permis de faire le point par rapport à la mise en œuvre du Plan national de développement sanitaire. Elle a montré les limites du système de santé au Sénégal. Après l’exécution de la phase décennale 1998-2007 du Programme national de développement sanitaire (Pnds), contrairement aux appréciations des autorités qui jugent les résultats encourageants, le constat fait par les partenaires au développement démontre plutôt que l’objectif de satisfaire chaque Sénégalais quelque que soit l’endroit du pays où il se trouve est loin d’être atteint.
En fait, 80% des Sénégalais ne bénéficient pas encore de couverture médicale satisfaisante .Si des résultats considérés comme positifs ont été enregistrés, la revue conjointe de la politique sanitaire en 2008 qui s’est tenue à Dakar les 27 et 28 janvier dernier n’en relève pas moins plusieurs manquements dans la gestion du système de santé sénégalais.
Réunissant autorités sanitaires, directeurs d’hôpitaux, organismes de développement parmi lesquels, l’Organisation mondiale de la Santé (Oms), le Fnuap, et l’Unicef, entre autres partenaires du Sénégal, la session annuelle a permis aux différents acteurs de passer au peigne fin les problèmes majeurs qui se posent au système sanitaire et à la politique dans ce domaine. La mortalité infanto-juvénile, la mortalité maternelle, la santé de reproduction, les Ist/ Sida, les endémies locales, l’accentuation de la pauvreté au sein des groupes sociaux vulnérables, ont constitué les terreaux de ce diagnostic sans complaisance. C’est le moins que pouvaient faire les hommes de l’art surtout dans un pays où 80 % de la population ne bénéficient pas encore d’une couverture médicale sociale adéquate. La rencontre-bilan a estimé que la distance qui reste à parcourir est longue et inquiétante et qu’il y a urgence de passer à la vitesse supérieure pour que non seulement les Sénégalais puissent disposer des soins de qualité, mais que l’Etat respecte surtout ses engagements afin d’assurer à tous un état de bien être physique, mental et social conformément à la définition de l’Oms des objectifs précis pour 2015.
Dans son discours d’ouverture, le Dr Suzanne Maïga Konaté parlant au nom des partenaires au développement n’a pas manqué de rappeler à l’Etat du Sénégal la nécessité de respecter des engagements pris pour l’amélioration des performances du secteur de la santé. Les bailleurs ont relevé qu’à la date du 26 janvier dernier, environ 42 % seulement des recommandations faites l’année dernière ont été exécutées, alors que le ministère avait pris l’engagement d’arriver à 100 %. Toutes choses qui feront dire au Dr Konaté que même si des avancées ont été notées, il reste d’importants défis à relever. C’est pourquoi, avant de dégager cette fois-ci de nouvelles recommandations à l’Etat, les bailleurs exigent des autorités sanitaires, la mise en place d’un cadre de suivi partagé pour garantir la mise en œuvre des engagements pris. Ce qui donnerait l’opportunité aux partenaires d’être informés objectivement sur les réalisations et les difficultés rencontrées dans l’exécution des différents plans et programmes du secteur. Mieux, les partenaires institutionnels du Sénégal prônent la reprise des missions de supervision conjointe et des évaluations internes et externes afin de donner un contenu plus analytique aux futures revues annuelles.
Une autre exigence des partenaires au développement est de tendre vers une réelle prise en charge des maladies à soins coûteux par une décentralisation des moyens de dépistage, de diagnostic et de traitement, à travers un programme de prévention des facteurs de risque pour plus d’équité dans l’accès aux soins de qualité. Pour assurer aux groupes vulnérables des soins de qualité, ils exigent le renforcement du plan sésame, la gratuité des césariennes et des accouchements. Sur ce dernier point, la situation est alarmante avec le rythme encore faible de réduction de la morbidité et mortalité maternelle et infantile dont les dernières statistiques établissent les taux élevés de 401 décès pour 100 000 naissances vivantes.
En ce qui concerne les hôpitaux qui attendent des solutions urgentes, les bailleurs soutiennent que l’amélioration de leur fonctionnement doit se faire en tenant compte des conclusions de la concertation nationale sur leur fonctionnement et des dernières évaluations de la réforme hospitalière. Sur ce point, n’ont pas été occultées les nécessaires réformes à mener dans les domaines où les problèmes sont récurrents, notamment la gestion des ressources humaines y compris la prise en charge effective et régulière des contractuels, le fonctionnement des comité de santé ( par la finalisation du décret relatif aux Ocdes), la gestion des urgences et le renforcement de la prise en charge des obstétricales. L’autre grande préoccupation des bailleurs, c’est la persistance de la féminisation du Vih Sida qui dicte que soit accordée une plus grande importance de la question du statut de la femme et de la jeune fille dans les stratégies de lutte. Compte tenu de la vulnérabilité de cette dernière cible, une discrimination positive devrait être faite à tous les niveaux de la pyramide sanitaire.
Enfin la contribution des partenaires s’est prononcée sur le caractère multidimensionnel des problèmes de santé qui nécessitent que soit adoptée une approche multisectorielle de leurs traitements pour tirer le meilleur parti des actions menées conjointement par des ministères, selon leurs domaines convergents dans les questions de santé.
Auteur: Cheikh Tidiane MBENGUE