Ce grand Monsieur nous a quittés dimanche et, malheureusement, j'ai mal. Nous devons tous avoir mal. Il est parti le 25 janvier 2009 à la clinique Madeleine à Dakar. Que l'Eternel l'accueille dans son immense paradis !
Mamadou Dia dit le Grand Mawdo est parti. Il naquit le 18 juillet 1910 à Khombole d'une famille al pulaar et sérère, il était originaire de l'actuelle région de Diourbel et était enseignant de formation. Le maître fut par la suite l'un des premiers cadres du Sénégal près et post-coloniale. A l'indépendance du pays en 1960, il devient le premier président du Conseil. A ce titre, il fut le principal artisan des premiers plans de développement économique du Sénégal. L'histoire retient que c'est Mamadou Dia qui a signé le 4 avril 1960 avec Michel Debré, Premier ministre du général De Gaulle, les transferts de compétences consacrant l'accession de notre pays à la souveraineté internationale.
Mamadou Dia dit le Grand Mawdo est parti. Il naquit le 18 juillet 1910 à Khombole d'une famille al pulaar et sérère, il était originaire de l'actuelle région de Diourbel et était enseignant de formation. Le maître fut par la suite l'un des premiers cadres du Sénégal près et post-coloniale. A l'indépendance du pays en 1960, il devient le premier président du Conseil. A ce titre, il fut le principal artisan des premiers plans de développement économique du Sénégal. L'histoire retient que c'est Mamadou Dia qui a signé le 4 avril 1960 avec Michel Debré, Premier ministre du général De Gaulle, les transferts de compétences consacrant l'accession de notre pays à la souveraineté internationale.
L'ex-compagnon de Senghor
Comme un jeune frère, il suit Léopold Senghor afin de créer un parti, le Bds (Bloc démocratique sénégalais), et un journal, La Condition humaine et de là, ils démissionnent tous les deux de la Sfia de Me Lamine Guèye. Il sut seconder Senghor jusqu'à la fin de leur compagnonnage. Car nous le savons tous, Mamadou Dia était devenu, par la suite, l'homme à abattre selon les proches du président de la République en 1962. Senghor l'accusait alors de tentative de coup d'Etat. Mamadou Dia a été arrêté en décembre 1962 et condamné en 1963 à perpétuité avec un groupe d'hommes politiques comme Valdiodio Ndiaye. Il a passé 12 ans à la prison de Kédougou, dans le sud-est du Sénégal, pour n'être gracié qu'en mars 1974, puis libéré. Il est amnistié en avril 1976, un mois avant le rétablissement du multipartisme au Sénégal. Cher compatriote, c'était huit ans avant ma naissance, comme tout Africain, sénégalais de surcroît, concerné par l'histoire et l'avenir de mon pays, je crois comme je l'ai toujours dit que cette page de l'histoire ne doit pas rester fermée à jamais. Mamadou Dia a su rester au pays, dans les moments les plus durs, il a su être un maître et un monument de l'histoire. Une fois, j'ai regardé une vidéo sur Valdiodio Ndiaye, un film qu'avait fait sa fille Amina, si mes souvenirs sont bons, et je me suis rendu compte que je devais revoir au moins ce que je peux savoir sur l'histoire politique de mon pays. A partir de ce moment, j'ai commencé à lire des documents officiels datant de la colonisation aux années 1980, c'est-à-dire après le départ de Senghor. Par la suite, j'ai su qu'il y avait des pages de notre histoire qui ont été mal réinterprétées. Quand nous entendons le nom de Senghor, nous pensons à l'homme politique, au grammairien, au premier président des indépendances. Mais moi, j'aimerais que mes jeunes sœurs et frères, fils et filles, sachent qui étaient Lamine Guèye, Blaise Diagne, Valdiodio Ndiaye, Joseph Mbaye, Alioune Tall, Ibrahima Sarr, pour ne citer que ceux-là.
Je donne mon avis personnel, mais je crois que c'est dommage d'avoir laissé partir Mamadou Dia, sans avoir rouvert le procès, sans lui avoir demandé qui était qui dans cette affaire. Je crois personnellement qu'ils ont tous subi l'histoire, alors qu'ils ont été de grands hommes. Je crois qu'ils ont tous subi le pouvoir de Senghor, et leurs enfants, petits-enfants, arrière-petits-enfants et enfants de la nation mériteraient de connaître l'histoire du Sénégal. J'étais jeune, mais très confiante dans les années 2000 quand le président Wade a dit qu'il reprenait cette réouverture du procès en main, j'attends, et plein de gens intéressés par l'histoire, la vraie histoire de notre pays, voudraient savoir.
Je crois que c'est une honte de retracer l'histoire de la France de l'époque des capétiens ou l'histoire jeune des Etats-Unis depuis les pères fondateurs, sans pour autant en faire pareil pour notre histoire du Sénégal, aussi jeune ou aussi vieille qu'elle soit. Il n’y a qu'une vérité dans une histoire, retraçons-la, afin de ne pas leurrer nos enfants. Cette méconnaissance de nos mémoires nous coûte cher aujourd'hui.
Notre pays et nos valeurs et repères se meurent
Nous ne savons plus qui est de la gauche, qui est de la droite. Je crois que ce n'est point important. Moi je vois notre politique africaine, avec notre culture, comme aujourd'hui les occidentaux voient leur politique à travers leur histoire et culture. Je trouve que c'est préjudiciable que de ne pas pouvoir s'affirmer, que de ne pas pouvoir écrire notre propre histoire politique. Je m'adresse aux Africains en général mais surtout aux Sénégalais, mes compatriotes. A la lecture de notre Constitution, la bible de l'administration étatique, je vois une partie de la France, et l'autre partie reste le Sénégal qu'avaient laissé les colonialistes. Mais où se trouve notre Sénégal d'avant l'ère coloniale, notre Sénégal qu'avaient défendu nos héros et héroïnes ? Je ne citerai pas de nom. Mais la réponse à ma question est : ‘Je ne sais pas.’
Je me dis juste que si, aujourd'hui, la situation politique ressemble à une jungle dans notre pays, c'est parce que l'histoire a été transformée, c'est parce que nos politiques se mentent et nous mentent. A qui faire confiance dans ce cas ? C'est dommage, mais je ne crois qu'en la foi, l'amour de certains Sénégalais qui sont malheureusement de moins en moins nombreux.
Apprenons à nos enfants, l'histoire vraie, rendez-nous des comptes sur notre histoire, que ceux qui doivent payer, paient par tous les moyens, mais dans le calme et la paix. Que nos jeunes frères et sœurs, nos enfants aient la seule histoire du Sénégal qu'on doit leur apprendre à l'école, comme nous, leurs aînés, n'avons pas eu cette chance. Revoyons tous les domaines de notre histoire et de notre présent sans quoi le Sénégal n'aura jamais de bon futur. Et je vois les prémices dès maintenant. Que ceux qui reconnaissent avoir fait des erreurs, reviennent sur leurs pas afin de nous aider à repartir du bon pied. Je disais tout au début que j'ai malheureusement mal que Mamadou Dia s'en soit allé, pour une raison. Lorsqu'on rend l'âme à 98 ans et six mois, nous savons tous qu'on part se reposer, et du coup c'est tant mieux, car le monde n'est que fatigue. J'estime alors que comme tous les Africains, nous devrions juste prier pour lui, qu'Allah l'accueille dans Ses hauts paradis.
Mon ‘malheureusement’ se justifie par le fait que nous Africains, avons laissé partir un homme dans sa tombe avec une partie de l'histoire de nos peuples, qui fait notre présent et qui devrait faire notre avenir. Nous avons été lâches sur ce coup, comme nous pourrons encore l'être, si nous n'ouvrons pas dès maintenant les pages de notre histoire. Halte aux mensonges, à la prostitution politique, à la vente des âmes ! Que le Tout puissant accueille notre grand homme, notre père de l'indépendance, notre Mamadou Dia, dans Son paradis ! A l'histoire de l'Afrique et à celle du Sénégal !
Ndèye Aïssatou NDIAYE Etudiante chercheur à Sciences Pô Bordeaux
Comme un jeune frère, il suit Léopold Senghor afin de créer un parti, le Bds (Bloc démocratique sénégalais), et un journal, La Condition humaine et de là, ils démissionnent tous les deux de la Sfia de Me Lamine Guèye. Il sut seconder Senghor jusqu'à la fin de leur compagnonnage. Car nous le savons tous, Mamadou Dia était devenu, par la suite, l'homme à abattre selon les proches du président de la République en 1962. Senghor l'accusait alors de tentative de coup d'Etat. Mamadou Dia a été arrêté en décembre 1962 et condamné en 1963 à perpétuité avec un groupe d'hommes politiques comme Valdiodio Ndiaye. Il a passé 12 ans à la prison de Kédougou, dans le sud-est du Sénégal, pour n'être gracié qu'en mars 1974, puis libéré. Il est amnistié en avril 1976, un mois avant le rétablissement du multipartisme au Sénégal. Cher compatriote, c'était huit ans avant ma naissance, comme tout Africain, sénégalais de surcroît, concerné par l'histoire et l'avenir de mon pays, je crois comme je l'ai toujours dit que cette page de l'histoire ne doit pas rester fermée à jamais. Mamadou Dia a su rester au pays, dans les moments les plus durs, il a su être un maître et un monument de l'histoire. Une fois, j'ai regardé une vidéo sur Valdiodio Ndiaye, un film qu'avait fait sa fille Amina, si mes souvenirs sont bons, et je me suis rendu compte que je devais revoir au moins ce que je peux savoir sur l'histoire politique de mon pays. A partir de ce moment, j'ai commencé à lire des documents officiels datant de la colonisation aux années 1980, c'est-à-dire après le départ de Senghor. Par la suite, j'ai su qu'il y avait des pages de notre histoire qui ont été mal réinterprétées. Quand nous entendons le nom de Senghor, nous pensons à l'homme politique, au grammairien, au premier président des indépendances. Mais moi, j'aimerais que mes jeunes sœurs et frères, fils et filles, sachent qui étaient Lamine Guèye, Blaise Diagne, Valdiodio Ndiaye, Joseph Mbaye, Alioune Tall, Ibrahima Sarr, pour ne citer que ceux-là.
Je donne mon avis personnel, mais je crois que c'est dommage d'avoir laissé partir Mamadou Dia, sans avoir rouvert le procès, sans lui avoir demandé qui était qui dans cette affaire. Je crois personnellement qu'ils ont tous subi l'histoire, alors qu'ils ont été de grands hommes. Je crois qu'ils ont tous subi le pouvoir de Senghor, et leurs enfants, petits-enfants, arrière-petits-enfants et enfants de la nation mériteraient de connaître l'histoire du Sénégal. J'étais jeune, mais très confiante dans les années 2000 quand le président Wade a dit qu'il reprenait cette réouverture du procès en main, j'attends, et plein de gens intéressés par l'histoire, la vraie histoire de notre pays, voudraient savoir.
Je crois que c'est une honte de retracer l'histoire de la France de l'époque des capétiens ou l'histoire jeune des Etats-Unis depuis les pères fondateurs, sans pour autant en faire pareil pour notre histoire du Sénégal, aussi jeune ou aussi vieille qu'elle soit. Il n’y a qu'une vérité dans une histoire, retraçons-la, afin de ne pas leurrer nos enfants. Cette méconnaissance de nos mémoires nous coûte cher aujourd'hui.
Notre pays et nos valeurs et repères se meurent
Nous ne savons plus qui est de la gauche, qui est de la droite. Je crois que ce n'est point important. Moi je vois notre politique africaine, avec notre culture, comme aujourd'hui les occidentaux voient leur politique à travers leur histoire et culture. Je trouve que c'est préjudiciable que de ne pas pouvoir s'affirmer, que de ne pas pouvoir écrire notre propre histoire politique. Je m'adresse aux Africains en général mais surtout aux Sénégalais, mes compatriotes. A la lecture de notre Constitution, la bible de l'administration étatique, je vois une partie de la France, et l'autre partie reste le Sénégal qu'avaient laissé les colonialistes. Mais où se trouve notre Sénégal d'avant l'ère coloniale, notre Sénégal qu'avaient défendu nos héros et héroïnes ? Je ne citerai pas de nom. Mais la réponse à ma question est : ‘Je ne sais pas.’
Je me dis juste que si, aujourd'hui, la situation politique ressemble à une jungle dans notre pays, c'est parce que l'histoire a été transformée, c'est parce que nos politiques se mentent et nous mentent. A qui faire confiance dans ce cas ? C'est dommage, mais je ne crois qu'en la foi, l'amour de certains Sénégalais qui sont malheureusement de moins en moins nombreux.
Apprenons à nos enfants, l'histoire vraie, rendez-nous des comptes sur notre histoire, que ceux qui doivent payer, paient par tous les moyens, mais dans le calme et la paix. Que nos jeunes frères et sœurs, nos enfants aient la seule histoire du Sénégal qu'on doit leur apprendre à l'école, comme nous, leurs aînés, n'avons pas eu cette chance. Revoyons tous les domaines de notre histoire et de notre présent sans quoi le Sénégal n'aura jamais de bon futur. Et je vois les prémices dès maintenant. Que ceux qui reconnaissent avoir fait des erreurs, reviennent sur leurs pas afin de nous aider à repartir du bon pied. Je disais tout au début que j'ai malheureusement mal que Mamadou Dia s'en soit allé, pour une raison. Lorsqu'on rend l'âme à 98 ans et six mois, nous savons tous qu'on part se reposer, et du coup c'est tant mieux, car le monde n'est que fatigue. J'estime alors que comme tous les Africains, nous devrions juste prier pour lui, qu'Allah l'accueille dans Ses hauts paradis.
Mon ‘malheureusement’ se justifie par le fait que nous Africains, avons laissé partir un homme dans sa tombe avec une partie de l'histoire de nos peuples, qui fait notre présent et qui devrait faire notre avenir. Nous avons été lâches sur ce coup, comme nous pourrons encore l'être, si nous n'ouvrons pas dès maintenant les pages de notre histoire. Halte aux mensonges, à la prostitution politique, à la vente des âmes ! Que le Tout puissant accueille notre grand homme, notre père de l'indépendance, notre Mamadou Dia, dans Son paradis ! A l'histoire de l'Afrique et à celle du Sénégal !
Ndèye Aïssatou NDIAYE Etudiante chercheur à Sciences Pô Bordeaux