Faire en sorte que les populations des communautés rurales de Gabou et de Moudéry, dans le département de Bakel, d’Orkediéré, Aouré et Bokiladji dans le Kanel puissent avoir facilement accès à une eau potable respectant les normes de consommation requises, tel est un des objectifs majeurs du projet Accès et gestion de l'eau potable et assainissement (Agepa) initié par le Groupe de recherche pour le développement rural (Grdr). Il s'agit d'un projet de trois ans, co-financé par l'Union européenne, l'Agence française de développement (Afd), l'Association française des volontaires du progrès (Afvp) et les cinq communautés rurales des départements de Bakel et Kanel, pour un coût global de 790 millions 33 mille 299 F Cfa.
Le département de Bakel est l’une des zones les plus assoiffées du Sénégal. Dans nombre de localités, les populations éprouvent d'énormes difficultés à s'approvisionner en eau potable, faute d'infrastructures hydrauliques adéquates. C'est pour cela que le problème lié à la corvée de l'eau s'y pose avec acuité.
Et ce ne sont pas ces femmes qui passent une bonne partie de leur journée à rechercher ce liquide précieux, qui vont nous contredire. Mais ce calvaire devrait être bientôt un vieux souvenir. Notamment dans une bonne partie des communautés rurales de Gabou et de Moudéry, dans le département de Bakel.
Puisque le Groupe de recherche pour le développement rural (Grdr) vient de monter un projet dénommé Accès et gestion de l'eau potable et assainissement (Agepa), dont le lancement est effectif depuis janvier dernier, confie Abdoulaye Boly, ingénieur en génie rural, chef du projet.
Il s'agit d'un projet qui a répondu à l'appel à candidature à la facilité eau, lancé par l'Union européenne (Ue) et co-financé par la Commission de l'Union européenne (74 %), l'Agence française de développement (Afd) pour 17% et le reste par l'Association française des volontaires du progrès (Afvp) en plus de la participation financière des cinq communautés rurales concernées, pour un coût global de 790 millions 33 mille 299 F Cfa pour une durée de trois ans (2007-2010). Le projet touchera vingt villages des communautés rurales de Gabou et de Moudéry ,dans le département de Bakel (région de Tambacounda), de Bokiladji, Aouré et Orkodiéré dans le département de Kanel (région de Matam).
Dans la zone d’intervention du projet située dans le département de Bakel, le constat a été fait que seulement 33 % de la population des cinq communautés rurales ciblées ont accès à une eau potable et en quantité suffisante. Et que beaucoup de forages sont en panne depuis plusieurs années et ne trouvent pas d'intervenants. Ce qui, sans doute, atteste que la couverture des besoins en eau est bien inférieure à 20 litres par personne et par jour dans les villages ciblés, alors que les normes de l'Organisation mondiale de la santé (Oms) sont de 35 litres par personne et par jour. Conséquence : pour une grande partie des villages qui bénéficieront d'une infrastructure hydraulique, la situation indique que l'approvisionnement en eau se fait sur une grande partie de l'année, notamment pendant la saison chaude, à partir des ‘céanes’. Et cette eau s'avère très souvent insalubre et même impropre à la consommation, car souillée par le bétail. Et il semble que la première cause de mortalité infantile et maternelle soit la consommation de cette eau non potable.
C'est en ce sens que le projet Agepa est conçu pour répondre aux besoins en eau potable des populations vivant en milieu rural. Il s'agit des villages du ’Diéri’ (terre aride et éloignée du fleuve), sans accès durable à l'eau, souvent zappés par les programmes nationaux d'équipement. Le document sur la stratégie de réduction de la pauvreté (Dsrp) adopté par l'Etat du Sénégal reconnaît d’ailleurs que ‘d'importants efforts restent à faire dans ce secteur pour la réalisation de l'objectif de 35 litres par habitant et par jour visé par le pays’. Mais, toujours est-il que le taux actuel est de 28 litres par habitant et par jour. Pire, la zone d'intervention du projet est, si l'on en croit les chiffres avancés, très loin des taux de couverture des besoins en eau au niveau national. Pour preuve, le taux net de consommation en milieu urbain au niveau de la région de Tambacounda est de 12 litres d'eau, tandis qu'en milieu rural, ce taux est encore plus faible et le temps consacré à la corvée de l'eau, notamment par les femmes, est estimé entre 4 et 6 heures par jour selon les localités.
A l'échelle des collectivités locales, les problèmes récurrents de l'hydraulique rurale auxquels le projet tentera de répondre sont le faible taux de couverture des besoins en eau potable et assainissement, le faible taux de consommation par personne et par jour, la contrainte pour certaines populations de consommer une eau insalubre, faute de disposer d'une eau de qualité. Mais également la prolifération des maladies hydriques (bilharziose, ver de guinée, choléra...), les pertes de temps et efforts physiques importants consacrés à la recherche de l'eau, surtout par les femmes et les enfants, le mauvais fonctionnement des comités de gestion et la faiblesse des capacités de gestion de l'eau, le faible engagement des programmes face à la dispersion des villages du département et l'absence de politique d'hygiène et d'assainissement. C'est ainsi qu'il est prévu de réaliser cinq forages marteaux fonds de trou, huit blocs de latrines et deux autres forages du même type et un bloc latrine au marché hebdomadaire de Bondji, respectivement dans la communauté rurale de Gabou et celle de Moudéry dans le département de Bakel.
L'objectif global du projet est de faciliter l'accès des populations des localités défavorisées à des systèmes d'approvisionnement en eau potable et d'assainissement qui protègent la santé humaine. Ce qui contribuera aussi à la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement (Omd) en termes d'accès à l'eau et à un système d'assainissement adéquat. Mais aussi de contribuer à l'amélioration des conditions de vie des populations bénéficiaires d'une manière générale. Outre cet objectif général, le projet s'est également fixé trois objectifs spécifiques, à savoir améliorer les conditions d'accès pour l'eau et l'assainissement à travers les investissements hydrauliques envisagés ; créer un environnement institutionnel favorable en sachant qu'améliorer l'accès à l'eau potable ne peut pas se faire sans porter une attention soutenue aux causes sociales qui handicapent la pérennité des installations. C'est pourquoi, indique-t-on, une dimension essentielle du projet réside dans la mise en place d'un dispositif local efficient et pérenne pour la bonne gestion et la maintenance de l'ensemble des infrastructures hydrauliques de la collectivité; appuyer et promouvoir la participation future du secteur privé local dans la fourniture des services du projet, particulièrement pour la maintenance des ouvrages mis en place, mais aussi pour la construction de systèmes d'assainissement adéquats.
Pour ce faire, le projet compte mettre en place un système de maintenance de proximité par la formation d'artisans ou prestataires de service locaux dans la gestion et la maintenance des forages. Ce qui passera par une contractualisation entre les populations cibles et le projet et aboutira à l'ouverture de magasins de stock de pièces de rechange, renseigne M. Boly. En plus de la construction de latrines publiques dans les écoles et marchés hebdomadaires, le projet envisage aussi de mettre en place un fonds incitatif pour promouvoir la construction de latrines individuelles au niveau des familles. Ainsi, l'effet incitatif du fonds d'appui doit permettre à 155 familles de se doter de latrines. A terme, douze forages, sept puits hydrauliques, trente-neuf latrines publiques et 5 km de digues faits pour la réalimentation des nappes phréatiques dans la zone expérimentale, seront réalisés.
ELH.Thiendella FALL, WalFadjri