Le ministre d’Etat Abdoulaye Diop est très croyant, mais il n’est pas naïf. Ces derniers temps, celui qui a en charge l’Economie et les Finances de notre pays se méfie de tout et de tous. Il a confié à des proches qu’il dort maintenant avec une arme à portée de main. Et rien ne dit donc qu’il ne sort pas avec ce moyen de défense. Cela s’explique, car Abdoulaye Diop revient de loin. Il vient d’échappé à un attentat contre sa personne. Sa bonne étoile, après Dieu bien sûr, il la doit à ses bonnes relations, aussi bien dans les milieux religieux qu’avec des artistes. En effet, c’est à l’une de ses relations du monde de l’art qu’il doit d’être encore en vie aujourd’hui. Son assassinat avait été planifié par des personnes bien installées au sein du pouvoir.
Selon des personnes très proches de Abdoulaye Diop, le quatrième personnage du gouvernement dans l’ordre protocolaire leur a annoncé que son assassinat avait été planifié. Il n’en sait peut-être pas tout, mais il connaît quatre personnes des commanditaires. Ces personnes, dont Le Quotidien a réussi à connaître les identités, sont des membres très influents du régime du Président Abdoulaye Wade. Il y a au moins une dizaine de jours que la victime désignée a été informée des menaces qui planaient sur sa tête, et qui n’étaient pas que mystiques. Comme a eu à le suggérer, il y a quelques jours, Le Populaire dans un de ses Off.
L’une des sources que Le Quotidien a interrogées et qui a confirmé l’information, assure que les commanditaires en étaient au stade du recrutement de nervis lorsque l’un d’eux a préféré faire machine arrière, du fait des relations personnelles qu’il avait avec la victime désignée. Non content de reculer, cette personne est allée vendre la mèche, en révélant à Abdoulaye Diop tout le fin mot de l’histoire, ainsi que le nom des protagonistes.
Ce qui doit, essentiellement, à Abdoulaye Diop ces inimitiés extrêmes qui mettent ainsi sa vie en danger, tient à la gestion et surtout à la répartition des finances publiques. Après avoir longtemps joui des prébendes et des facilités acquises du fait de leur position dans l’appareil de l’Etat, ces quatre hommes n’ont pas apprécié de se retrouver en victimes de la nouvelle politique d’austérité mise en place par les autorités, sous la forte incitation des institutions financières internationales. Après la découverte du trou béant du Trésor public, le gouvernement, à la recherche d’argent, rechigne à faire des décaissements non contrôlés.
D’autres raisons, beaucoup plus personnelles, ont sans doute motivé ces individus qui ont pensé que Abdoulaye Diop parti, leurs problèmes seraient résolus. Or, on le voit bien, le Président Wade ne semble guère dans les dispositions de se défaire de son Argentier, malgré les nombreux remaniements. Parmi les commanditaires de l’assassinat, certains avaient pensé même recourir à des moyens mystiques, mais même dans ce domaine, Abdoulaye Diop qu’on dit très religieux semble bien «blindé». La solution passait donc par son élimination physique.
La bande des quatre a de belles connexions dans le milieu interlope de Dakar. Certains parmi eux ont la réputation de pouvoir mobiliser sans difficultés autant d’hommes de main qu’il leur en faudrait, pour des besognes bien basses. Mais cette fois-ci, c’est un élément-clé du complot qui a désisté.
Ce personnage, très proche du chef de l’Etat, a des amitiés communes avec la victime désignée. Il semblerait, expliquent ceux qui ont échangé avec Abdoulaye Diop sur la question, que ce sont ces connaissances partagées avec le ministre d’Etat qui ont sauvé la mise à mort de ce dernier. D’ailleurs, l’une de ces connaissances aurait rapproché les deux hommes qui ne se parlaient plus ces derniers temps. Le proche du Président a expliqué au ministre le modus operandi du projet alors en phase de réalisation. Depuis lors, Abdoulaye Diop fait comme les crocodiles de Yamoussoukro : il ne dort que d’un œil. Car rien ne dit que les autres ne vont pas tenter un autre coup.
La grande question, qui l’a préoccupé pendant un moment, était de savoir si le Président Wade était ou non informé de cette tentative. Après avoir balancé pendant un long moment, le ministre a fini par se convaincre que si l’un de ses très proches collaborateurs est venu l’en informer, c’est que l’opération n’avait pas eu l’onction présidentielle. Reste à savoir quelle a été la réaction du Président s’il a été mis au courant.
Source: Le Quotidien