Pour paraphraser LENINE, je dirai que " L'État, c'est nous " dans le département de Bakel. Cinquante et un ans maintenant, un demi-siècle de duperie, de fourberie et de tour de passe-passe par des hommes et des partis politiques peu orthodoxes. Inutile de revenir sur tous ces vendeurs d'illusions qui nous ont spoliés avec la complicité d'une partie du peuple, receleuse des sacs de riz, de poissons séchés, de billets du franc CFA de ces « délinquants » politiques au col blanc. Le département de Bakel à qui tout souriait par son rayonnement historique et sa position géopolitique scintille aujourd'hui par son déficit d'infrastructures. De flop en flop, Bakel est devenue l'une des localités les plus délabrées du Sénégal.
Dans le département de Bakel, " l’Etat, c'est nous". Associations villageoises, Artisans, commerçants, Emigrés et " Gorgoorlu " sont les âmes de ce grand département. L'État ne se souvient de Bakel qu'à la veille des échéances électorales. A chaque veille des consultations électorales, les "charognards" en quête de légitimité nationale viennent sillonner les routes sinueuses de la contrée de Waoundé N'diaye. Le buste de Senghor, les effigies d'Abdou Diouf et les portraits du vieux chauve "Coco taillé vilain garçon" Wade témoignent encore de cette mascarade dont les bakélois furent victimes. Rien ne brille à Bakel. Le visage des villes et des villages est amorphe. Le quotidien est dur. Dans certaines localités, les structures sanitaires sont vieillottes sinon dépourvues de tout confort. Vestiges historiques moribonds, manque criard d'infrastructures font le triste décor du département de Bakel.
L'Etat s'est désengagé de ces terroirs du Gadiaga et du Boundou depuis plus d'un demi-siècle. Le fort de Bakel, construit par Faidherbe en 1854, sert aujourd’hui de siège à la préfecture. Cette vieille bâtisse, qui surplombe la boucle du fleuve Sénégal, croule sous le poids de la vétusté et le fardeau des ans. Le pavillon René Caillé est devenu méconnaissable parce que non entretenu et non lifté à cause de l'incompétence de nos élus locaux. Le pont de Guidimpallé est également en passe de s’écrouler. Sur le plan sanitaire, le département tout entier souffre d'un manque chronique de spécialistes et de moyens fonctionnels. Les maladies sanguines surabondent. Les populations agonisent.
L'éducation, socle de tout développement viable, est en perte de vitesse. Le grand lycée tant attendu par tout le département de Bakel est toujours en chantier. Une facture impayée d'un montant de 2.155.0000 FCFA pour la mise en place de la robinetterie prive les locataires de cet établissement départemental d'eau potable. La fracture numérique gangrène également les établissements du département de Bakel. Malgré l'ADSL fourni par la SONATEL, l’Internet est inexistant dans certaines localités du département.
Bakel affiche également un très fort taux de chômage. Les quelques entreprises publiques ou privées qui reluisaient le décor ont presque toutes fermé boutique. Il ne reste que des classiques : La SDE et la SENELEC, talons d'Achille des artisans et entrepreneurs bakélois. L'eau potable, malgré la proximité de cette ville avec le fleuve Sénégal, est toujours un luxe pour certains résidents de Bakel. L'électricité est aux abonnés absents. Avant qu'elle ne soit devenue un problème national, Bakel connaissait déjà les caprices de cette énergie vitale. Des coupures intempestives d'électricité, la jeune génération s'y était déjà accommodée depuis Sénégal 92 avec la venue de " Rien Tous les Soirs " dans les ménages bakéloises. Tant de maux qui rendent le quotidien infernal pour les populations bakéloises.
La phrase du communiste Lénine " L'Etat, c'est nous " que l'on reprend avec amertune manifeste toute l’exaspération face à l'abandon de l'État depuis un demi-siècle. Cela fait cinq décennies que les bakélois vivent dans l'oubli et le désabusement. Tout ce qui brille dans ce département est l'œuvre de l'émigration ou de généreux partenaires outre atlantique. Les quelques établissements scolaires villageois, centres de santé, dispensaires qui existent tant bien que mal sont tous l'œuvre de notre diaspora. A titre d'exemple, dans la commune de Diawara tout est l'œuvre des seuls émigrés par le biais de l'association COREDIA. Deux écoles élémentaires, un collège, un cabinet dentaire, un projet d'adduction d'eau potable portent tous la marque de fabrique de leur association communale. Yaféra, Golmy, Aroundou, Moudéry, Kidira, tous des localités qui bénéficient d'un minimum de confort grâce aux maigres moyens des seules populations. Pour apporter de l'eau à mon moulin, je citerai également le tout nouveau centre de formation technique et professionnelle de Bakel. Un joyau construit grâce à une association bakéloise ( ARBF ). Aujourd'hui, l'État brille par son absence et sa médiocrité sur tous les terrains dans l'un des plus grands départements du Sénégal, autrefois incontournable pour les colons et les grands marchands. Les populations bakéloises sont totalement abandonnées à elles même. Un désintérêt vieux de plusieurs années qui fragilise de jour en jour le tissu social et économique de Bakel.
Samba Fodé KOITA dit EYO pour www.bakelinfo.com