PARIS - Le président Nicolas Sarkozy a mis un terme vendredi aux fonctions de son conseiller en charge de la diversité, Abderahmane Dahmane, qui avait sévèrement critiqué la veille le débat sur la laïcité et l'islam voulu par l'UMP, a annoncé ce dernier à l'AFP."Je n'ai pas l'intention d'être le supplétif alimentaire de Sarkozy ou de (Jean-François) Copé", le secrétaire général de l'UMP, a-t-il expliqué.
"Il vient de me rendre ma liberté, je vais me mettre en campagne pour défendre la dignité des musulmans de ce pays", a-t-il ajouté.Jeudi soir, pendant une réunion à la Grande Mosquée de Paris, l'ancien secrétaire national en charge de l'immigration dans le parti présidentiel s'en était pris avec vigueur à sa formation : "L'UMP de Copé, c'est la peste pour les musulmans".Tout en défendant le chef de l'Etat, il avait appelé ses coreligionnaires à "ne pas renouveler leur adhésion" à l'UMP tant qu'il n'aurait pas annulé le débat prévu le 5 avril.
Il avait demandé aux musulmans de l'UMP de "ne pas l'accepter dans les sections s'ils ont une dignité et une fierté".Secrétaire national de l'UMP en charge de l'Immigration de 2005 à 2007, Abderahmane Dahmane avait mené campagne pour Nicolas Sarkozy en banlieue et dans les milieux de l'immigration.Ce Franco-algérien avait été ensuite nommé inspecteur général de l'Education nationale et décoré l'année dernière de la Légion d'honneur par le président de la République qui l'avait alors présenté comme un "jeteur de ponts" entre les deux rives de la Méditerranée.Jeudi, il a souligné que le débat sur la laïcité avait été "voulu par Nicolas Sarkozy pour la défense des musulmans". "Mais, a-t-il déploré, il a été dévié parce qu'à l'UMP, il y a des gens très proches du Front national".M. Dahmane a aussi qualifié de "néo-nazis" les promoteurs du débat, ce que le parti a jugé comme un "amalgame odieux".
"En tenant des propos outranciers à l'encontre de l'UMP et de son secrétaire général, Jean-François Copé, et en faisant des amalgames odieux entre le débat sur la laïcité et la politique antisémite des années 30, Abderahmane Dahmane est très largement sorti de sa fonction de conseiller technique de l'Elysée", a regretté Valérie Rosso Debord, membre de la direction nationale du parti.
La députée juge "inacceptable" qu'Abderahmane Dahmane "veuille interdire un débat souhaité par les Français et par des élus de la République" ainsi que "le parallèle qu'il tente de faire entre l'UMP et le FN"."Depuis la création du FN, la droite républicaine ne s'est jamais compromise avec lui alors que dans le même temps François Mitterrand en instaurant la proportionnelle faisait rentrer des députés FN à l'Assemblée nationale", a souligné Valérie Rosso Debord.Le débat prévu par l'UMP est "profondément sain", a estimé de son côté le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, car, selon lui, il "ne sert à rien de cacher des problèmes".
AFP