Face à l’enclavement de zones situées dans les régions de Matam, Tambacounda et une partie de Saint-Louis, le Gouvernement a décidé d’aller très rapidement au chevet des populations concernées, en mettant en place un programme spécial d’urgence qui, non seulement tiendra compte de la dimension production économique, mais également d’autres impératifs, tous favorables aux populations. Le conseil interministériel présidé à ce sujet par Macky Sall a été une occasion de se rendre compte de la volonté du président Wade de répondre aux besoins des Sénégalais où qu’ils se trouvent.
« Le conseil interministériel que nous tenons aujourd’hui est l’un des plus importants que nous ayons tenus, en ce sens qu’il touche de très près le vécu des populations que nous avons vocation à servir ». C’est en ces termes que le Premier ministre, qui s’adressait à la presse à la fin du conseil interministériel qu’il présidait hier matin dans la salle de conférence du 9e étage du building administratif, a tiré les conclusions de ces travaux consacrés au désenclavement des régions de Tamba, Matam et une partie de Saint-Louis.
Selon Macky Sall, « la praticabilité en tout temps et en toutes saisons de nos voies de communication est non seulement une condition de développement, mais elle constitue, surtout, un attribut indéniable de notre souveraineté ». Le président de la République, Me Abdoulaye Wade, soulignera-t-il, l’a si bien compris qu’il a fait des infrastructures la pierre angulaire se sa politique de développement. Et le Premier ministre d’ajouter « qu’il n’est point d’accès à l’eau potable, à l’électrification, à la téléphonie rurale, à l’éducation, à la santé, les secours divers et même la lutte contre les feux de brousse, sans investissements en faveur des infrastructures ». À en croire Macky Sall, il s’agira nécessairement de routes et de pistes de production. Il est revenu, en passant, sur le concept, soulignant que la qualité des ouvrages de franchissement, de pont et d’une manière générale de la réfection d’ouvrages tels que les routes, les aérodromes secondaires doivent constituer un programme spécial en ce qui concerne ces régions.
« Le Gouvernement, dira-t-il en clair, va se mettre sans délai au chevet de ces populations confrontées à des problèmes de désenclavement ». Autant il nous faudra parer au plus pressé avec l’hivernage qui s’est déjà installé dans l’ensemble du territoire national, a déclaré le Premier ministre, autant, a-t-il ajouté, nous devons envisager des solutions durables pour une totale continuité du territoire national qui garantit la liberté de circulation des personnes et des biens. « Et dans ce cadre, je mettrai en place une commission interministérielle qui sera présidée par le ministre du Plan et du Développement durable, commission qui comprendra les représentants de la Primature, du ministère de l’Intérieur, du ministère de l’Agriculture, de l’Élevage, de l’Urbanisme et de l’aménagement du territoire, entre autres départements et services techniques ».
Mesures idoines
Il s’agira, toujours selon lui, de travailler au sein de cette commission pour définir un programme spécial d’urgence avant la fin du mois d’août. Un délai de trois semaines a été donné aux différents membres de cette commission pour mettre à la disposition du gouvernement un programme d’urgence prioritaire qui pourrait être pris en charge, a-t-il poursuivi. En dehors de cette commission qui va travailler pour délivrer ce programme spécial, des mesures immédiates ont été prises à l’issue du conseil, souligne Macky Sall qui a cité, entre autres, la mise à disposition par le ministère de l’Élevage de quatre vedettes sur lesquelles il faudrait d’ores et déjà prélever deux pour la région de Matam pour assurer le déplacement des populations en cas de nécessité, et une qui sera prépositionnée à Bakel, dans la région de Tambacounda. Aussi, le ministre de l’Agriculture coordonnera-t-il une action d’urgence en appui pour des vivres, mais également pour un programme de soutien en médicaments et en aliments de bétail, ceci en liaison avec le ministère de la Santé, le ministère de l’Élevage, a fait savoir le Premier ministre. « En somme, il s’agira de tout appui que nécessitera la situation qui va mal dans les régions concernées. Aussi, le ministère de l’Économie maritime devra-t-il participer, dans le cadre de ce programme, une pirogue motorisée ayant déjà été envoyée à Yassara, dans le département de Bakel ». Il faut que le ministère participe également à l’identification de moyens logistiques en matière de transport fluvial pour venir en appoint à ce qui a été arrêté, a-t-il signalé. S’adressant au ministre de l’Agriculture, Macky Sall insistera sur la mise à disposition du ministère de la Santé d’un lot de 10.000 moustiquaires imprégnées pour les deux départements de Kédougou et de Bakel. « Nous étudierons également, dans le cadre de cette commission, l’appui complémentaire à apporter. Le Premier ministre a par ailleurs demandé au ministre de l’Hydraulique rurale de veiller à la réhabilitation des forages dans ces deux régions afin qu’il n’y ait pas de rupture d’approvisionnement en eau potable, au niveau des zones concernées.
Démarrage immédiat
À noter qu’il est souhaité, en urgence, la réfection des postes de santé identifiés, mais surtout l’affectation du personnel requis, une doléance qui est récurrente et qui, selon Macky Sall, doit être solutionnée le plus rapidement possible.
L’autre mesure urgente, c’est la mise à disposition par le ministre du Budget du fonds de contrepartie en vue du démarrage immédiat des projets de pistes rurales mises en place par le Programme national de développement local en faveur de ces deux régions. Le Premier ministre a, par ailleurs, salué les efforts faits par le ministre chargé de la Microfinance dans le cadre du financement des Gie de femmes dans ces localités. En somme, il s’est agi de mesures d’urgence, mais également, de mesures à moyen et long termes dans le cadre d’un programme spécial. « Un programme de désenclavement qui ne s’appuiera plus sur le concept seulement de pistes de production qui renvoie à la dimension production économique, mais qui va désormais tenir compte d’autres impératifs afin que ces populations éloignées soient traitées au même titre que les populations du centre ou d’autres parties du Sénégal », a enfin déclaré le Premier ministre.
Auteur: Mamadou CISSE, Le Soleil