Trois ans après la mise en place d'une départementale de concertation sur l'éducation à Bakel, il a été question, ce week-end de la mise en place, d’une autre structure, dénommée Association départementale des parents d'élèves (Adpe). L'occasion a également été mise à contribution pour passer en revue les problèmes qui gangrènent le système éducatif dans de la localité et de dégager des propositions de solutions.
Occasion ne pourrait être plus belle pour les acteurs et partenaires de l’école à Bakel que la réunion convoquée le week-end dernier à l’école élémentaire Ibrahima Malal Diaman Bathily (Imdb) de la commune par l’Inspecteur départemental de l’Education de Bakel, Saïdou Bâ, pour passer au crible la quasi-totalité des problèmes qui gangrènent le système dans ce département.
En effet, au cours de cette rencontre, dont l’objet était surtout de mettre sur pied une Association départementale des parents d’élèves (Adpe) et à laquelle ont pris part des présidents d'associations de parents d’élèves locales, de conseils ruraux et des représentants de Collectif des directeurs d’écoles (Codec) on a profité de l’occasion pour passer en revue les problèmes auxquels le système éducatif est confronté au niveau de ladite circonscription scolaire.
Dans son rapport introductif, l’inspecteur Saïdou Bâ est largement revenu sur les difficultés auxquelles le système éducatif est confronté. Selon lui, le département de Bakel compte 285 établissements scolaires, dont sept écoles privées, huit cases des tout-petits, deux écoles maternelles, trois garderies, dix Cem (dont deux privés) et un lycée. Et que sur les 866 salles de classe, 184 sont des abris provisoires. S’agissant des tables-bancs, dont le nombre est estimé à 12 049, un déficit de 6 887 est noté. Pour ce qui est des écoles clôturées, elles sont au nombre de 32 seulement. Sur les 285 écoles, seules 23 et 10 disposent respectivement d’adduction en eau et sont électrifiées ; tandis que 150 écoles bénéficient de cantines scolaires.
Revenant sur les conflits entres les enseignants et les populations, l’inspecteur départemental de l’éducation de Bakel, dira qu’ils sont d’ordres divers. Et de préciser que ‘déjà, il se un problème de différence culturelle’. ‘Parce que, dit-il, ce sont souvent des jeunes citadins qui vont (pour parler des maîtres) dans un milieu rural où souvent les habitudes ne sont pas partagées’. Ce qui, selon toujours l’Inspecteur, crée des contradictions. En plus de cela, ajoute-t-il, il y a également des problèmes liés au travail. ‘Parce que, indique M. Bâ, les populations sont jalouses de la bonne gestion de leur école’. Ce qui fait que quand ces dernières voient le moindre signe de défaillance au niveau des maîtres, elles n’hésitent pas à dénoncer ou à se faire justice elles-mêmes, explique notre interlocuteur.
Autre explication donnée par l’inspecteur : les enseignants de d’aujourd’hui comparés à ceux d’antan n’ont pas toute la formation requise. Car, poursuit-il, si un maître ignore les missions de l’enseignement, il arrivera difficilement à s’adapter au niveau des villages. Et que, fait remarquer le patron du système éducatif à Bakel, les villages du Boundou sont très ancrés dans leur tradition. Ainsi, regrette inspecteur Bâ, si l’on ne comprend pas tout cela, on risque d’avoir des problèmes avec les populations.
Ainsi pour éviter ces conflits, il a été décidé de convoquer une réunion pour mettre sur pied, à côté de la table départementale de concertation sur l’éducation, une structure dénommée Association départementale des parents d’élèves (Adpe). Cela va servir d’instrument de pilotage du système éducatif à la base, ‘chargé, en cas de problèmes entre maîtres et populations, de jouer aux sapeurs pompiers’.
Ce qui fait dire à l’Inspecteur : ‘nous avions senti qu’il y avait un vide au niveau des instruments de pilotage du système éducatif à la base. Aujourd’hui, nous sommes véritablement arrivés à combler ce vide en mettant sur pied une telle structure. Et vu l’engouement et l’enthousiasme des parents d’élèves, je pense qu’aujourd’hui nous avons réussi un pari. Et tout cela au bénéfice de l’école sénégalaise, en général et de l’éducation à Bakel, en particulier’.
Etant entendu, déclare-t-il, que le fait d’avoir les différentes Associations de parents d’élèves (Ape), réunies en une seule structure d’envergure départementale, beaucoup de problèmes pourront désormais être gérés à ce niveau. Et ce sera au bénéfice de l’éducation à Bakel, croit savoir Saïdou Bâ. Du côté des participants à la rencontre, venus de tous les coins et recoins du département, on ne manque pas de tisser des lauriers à l’Inspecteur pour les résultats ‘très satisfaisants obtenus aux différents examens scolaires’. Des participants se sont toutefois plaints du comportement de certains enseignants qui laisse à désirer.
Autres problèmes soulevés par l’assistance : la gestion des fonds de dotation, destinés à l’école et à l’hébergement des enseignants. Mais aussi la gestion des cantines scolaires. Sur cette question, les enseignants ont également fait bon dos. En effet, ils ont été traités de tous les noms d'oiseaux. Le problème, relatif au logement des enseignants de brousse notamment, constitue une véritable épine dorsale. Et, à en croire l’Inspecteur, certaines collectivités locales telle que la commune de Diawara, les directeurs d’écoles, deux ans durant, ont eu d’énormes difficultés pour entrer dans les fonds de dotation, destinés à leurs établissements respectifs. Aujourd’hui, au-delà de la transparence dans la gestion de ces fonds, on souligne la nécessité de partir des besoins exprimés par les maîtres pour pouvoir faire des commandes de matériels dont les écoles. Et en ce qui concerne l'hébergement des enseignants de brousse les participants ont dû constater qu'en milieu Soninké, le modèle de construction ne prévoit pas de logement pour ces genres d'hôtes. C'est ainsi qu’une suggestion leur a été faite d'avoir des plans de construction adéquats. Etant donné que 60 % du travail du maître, rappelle l'Inspecteur, se fait à la maison. D'où la nécessité de sécuriser ce dernier en lui trouvant un logement décent. Le problème d'extraits de naissance a aussi alimenté le débat. Car, renseigne-t-on, il y a des élèves qui ne passent pas leurs examens, faute d'extraits de naissance. Ce qu’on qualifie à l'unanimité, de ‘gâchis’.
En outre, le nouveau président de l’Association départementale des parents d’élèves (Adpe), Hamady Daro, qui se félicite du choix porté sur sa personne, s’engage à ne ménager aucun effort pour que l’éducation dans le département de Bakel soit une éducation qualité.
ELH.Thiendella FALL, Wal Fadjri