Le verdict qu’attendait la France tout entière est tombé. Le patron de l’entre-deux tours, François Bayrou, est sorti de son mutisme, mercredi lors d’une conférence de presse, en renvoyant dans les cordes Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal. Après avoir décrit une France qui souffre d’une démocratie malade, d’un tissu social déchiré et d’un manque de croissance, imputables aux deux prétendants, le patron de l’UDF martèle qu’avec Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, nous ne ferons que tomber de Charybde en Scylla. « Dans cette situation, je ne donnerai pas de consigne de vote. J’estime que les Français qui ont voté pour moi sont en conscience des citoyens libres de leur choix », lance-t-il, sans ambages. Le message est clair comme l’eau de roche, François Bayrou n’entend pas donner de consigne et il persiste et signe. « Je ne reviendrai pas en arrière sur notre chemin de liberté. Je ne cherche ni n’accepterai aucune soumission ou ralliement à l’un des deux camps », ajoute-il. Mais les critiques les plus caustiques étaient plutôt réservées à Nicolas Sarkozy qu’il assimile, sans le nommer, à Silvio Berlusconi comme pour faire les choux gras de la candidate socialiste.
Ainsi l’arbitre incrimine Nicolas Sarkozy d’augmenter la crise politique et de distendre le tissu social avant de poursuivre que Ségolène Royal, par son programme, va aggraver durablement les problèmes de l’économie et que l’un comme l’autre, vont déséquilibrer le déficit et la dette.
Le candidat de l’UDF a accepté le principe d’un débat avec Ségolène Royal qui aura, vraisemblablement, lieu devant une presse régionale plutôt qu’à la télévision comme il l’a souhaité. Seulement voilà, Canal plus, qui était censé organiser ce débat, vient, contre toute attente, de faire machine arrière. La chaîne aurait évoqué certains principes du Conseil Supérieur de l'Audiovisuel. Mais les plus rompus aux arcanes de la chose y verraient là, en réalité, une main invisible de Sarkozy. L'homme n'en est pas à son premier coup d'intimidations à l'égard du monde des médias. Certains journalistes et patrons de presse n'hésiteraient pas à lui faire la courbette pour ne pas s'attirer les foudres d'un homme à la fois brutal et lunatique.
Finalement c'est sur BFM TV et RMC qu'aura lieu, samedi, le débat quand bien même aucune confirmation ne serait venue de la part de Bayrou.
Quant à Nicolas Sarkozy – qui ne semble plus isolé dès l’instant qu’il bénéficie du soutien de 19 députés UDF et de la consigne de vote de Philippe de Villiers qui appelle à faire barrage à la gauche – il ne rate pas une occasion de lancer une banderille à François Bayrou lui rappelant que sa tronche n’est pas la bienvenue au débat. « La finale c’est entre le N°1 et le N°2, le N°3 n’a rien à y faire. », lui lance-t-il.
François Bayrou se sent porté au firmament et s’enorgueillit même d’annoncer cette force nouvelle, un nouveau bébé qu’il appelle « le Parti Démocrate ». Décidément, la patrie de De Gaulle doit désormais se départir de sa traditionnelle bipolarité Gauche/Droite et compter avec un centre qui pousse et dont les ailes promettent d’être des plus… tentaculaires. Qui vivra verra !
DIAGANA Abdoulaye-Bocar