Au cours du premier semestre 2008, les Caisses d’épargne proposeront un "compte d’épargne codéveloppement" (CEC) destiné à recevoir l’épargne d’un travailleur étranger disposant d’une carte de séjour l’autorisant à travailler en France, comme l’a confirmé Charles Milhaud, président du Groupe Caisse d’épargne, lundi 28 janvier, à l’occasion d’un séminaire à Bercy sur les transferts de fonds des migrants vers l’Afrique.
D’un minimum de 50 euros et d’un maximum de 50 000 euros, ce compte rémunéré ouvre droit à une éxonération fiscale de 25 % des sommes épargnées dans la limite de 20 000 euros, à condition que cette épargne soit investie dans un projet de développement dans le pays d’origine de son titulaire. Il s’agira de la première application d’un décret d’application paru le 22 février 2007.
Cela fait une dizaine d’années que les pays développés ont découvert l’importance des transferts des fonds des travailleurs immigrés vers leur pays d’origine. Par exemple, on estime que 8 milliards d’euros partent chaque année de France vers les pays d’émigration situés hors Union européenne, un montant comparable à l’aide publique de la France aux pays en développement.
Cette manne a suscité l’intérêt d’acteurs très divers. Du côté des politiques et, en particulier, de Brice Hortefeux, ministre de l’immigration, on y a vu l’occasion d’aider les candidats à l’immigration à rester au pays. Chez les financiers, la perspective de fidéliser une clientèle peu bancarisée et habituée des circuits informels était séduisante. M. Milhaud, qui est un proche de Nicolas Sarkozy, avait remis en 2006 à celui-ci, alors ministre de l’intérieur, un rapport intitulé "l’intégration économique des migrants et la valorisation de leur épargne".
Les experts du développement n’étaient pas en reste. "Même s’il ne faut pas surévaluer l’importance des résultats à en attendre, il convenait de favoriser une utilisation plus productive de fonds dont les montants excèdent souvent l’aide publique au développement", explique Michel Jacquier, directeur des opérations de l’Agence française de développement (AFD). Ces transferts ont beaucoup de vertus. Ils ne transitent pas par les comptes de l’Etat d’origine et arrivent rapidement pour financer un dispensaire ou une école, quand ils ne sont pas destinés à la consommation. Ils viennent compléter les grands projets sanitaires ou d’infrastructures de la Banque mondiale ou de l’AFD, en irriguant très finement le tissu local des PME et des artisans. Ils sont mieux adaptés aux mentalités que les plans imaginés par des experts occidentaux et plus efficaces pour susciter les évolutions souhaitables des comportements.
L’AFD a d’abord voulu abaisser les coûts des transferts, pour l’essentiel effectués par l’opérateur Western Union et qui peuvent atteindre jusqu’à un cinquième des sommes expédiées. L’AFD a ainsi créé un site de comparaison des tarifs.
Restait à appuyer les efforts déjà réalisés par les banques françaises qui, à l’instar des Caisses d’épargne ou de la Société générale, ont passé des accords avec leurs homologues africaines pour accompagner les immigrés dans les projets qu’ils souhaitent réaliser dans leur pays.
Le compte d’épargne codéveloppement est le premier dispositif créé en France pour sécuriser et orienter vers des projets d’investissement ces transferts. Il est prévu de le compléter avec un "livret d’épargne codéveloppement" sur le modèle du livret d’épargne logement ou du programme mexicain "trois pour un".
L’incitation consiste à octroyer à l’immigré désireux d’investir dans son pays une prime doublant ou triplant les intérêts cumulés de son épargne et à le faire profiter de prêts à des taux avantageux sur place.
Il sera ensuite possible de proposer au nouvel investisseur - même s’il ne souhaite pas rentrer dans son pays - de participer à une opération locale comme "les 1 000 PME" au Maroc où l’AFD et les autorités locales ont sélectionné des projets cofinancés.
Les réserves suscitées par ces initiatives portent sur l’attitude qu’elles généreront chez les pays donateurs. "Il ne faudrait pas que la rationalisation des transferts détourne les pays occidentaux de tenir enfin leurs promesses d’aide au développement", résume Sébastien Fourmy, responsable des campagnes de l’ONG Oxfam France.
Le Monde - Alain Faujas
Un compte d'épargne pour les immigrés africains résidant en France
Il est institué en France, un -compte épargne spécial immigrés-. Les Caisses d’épargne sont dorénavant habilitées et outillées pour proposer aux seuls travailleurs étrangers (de préférence aux travailleurs étrangers originaires des pays d’Afrique) la possibilité d’ouvrir en l’une quelconque de leur agence, un compte épargne spécial immigré !!!
Le poids économique direct des transferts d’argent vers les pays d’Afrique par les migrants d’origine africaine établis en France est massif et reconnu comme apport monétaire significatif de financement en tous genres dans quelques pays d’Afrique. Il ressort d’une étude de la Banque Africaine de Développement (BAD) publiée le 28 janvier 2008, qu’en 2005, les fonds envoyés par les migrants Sénégalais résidents en France vers leur pays se chiffrent à 449 millions d’€uros et ceux des Maliens vers leur pays à 295 millions d’€uros.
Depuis des temps immémoriaux ! Les actions de solidarité issues des migrants originaires du Maghreb et de l’Afrique sont une réalité qui résulte d’une obligation culturelle de soutien envers leur famille (au sens large du terme) vivant en Afrique. Depuis toujours, le devoir d’entraide et de partage vis-à-vis d’une communauté villageoise, d’un frère, d’une sœur, d’un cousin, d’un oncle, d’une tante, d’un parent éloigné voire d’un ami relève de l’évidence pour les migrants originaires d’Afrique.
Ces acheminements de fonds échappant à tout circuit bancaire de transfert se pratiquaient généralement de façon informelle jusqu’à ce que courant 1990, des sociétés de transfert d’argent comprirent l'ampleur de ces flux et offrirent des *prestations sécurisées, un *acheminement instantané et une *réception immédiate pour le destinataire. La société -Western Union- fut la première ; [elle] connu un succès prompt et largement profitable et conclu rapidement une convention de partenariat avec l’établissement public Français -La Poste-.
Le grand intérêt du filon n’échappa pas à d’autres. Ainsi s'introduisirent sur ce très lucratif secteur d’activité les sociétés -Money Gram- et -Money Express-.
Toutes ces sociétés de droit de pays européens facturent d’exorbitants coûts de transfert et prélèvent des commissions non moins importantes sur leur prestation de transfert d’argent. Les frais payés par les migrants lors d’opération de transfert pouvant atteindre jusqu’à 1/5ème des sommes envoyées. Bien entendu, les clients de ces officines sont majoritairement des Arabes et des Noirs Africains issus de toutes catégories sociales et professionnelles. Cependant, celles et ceux des migrants qui exercent une activité professionnelle relevant du secteur ouvrier ou de la manutention constituent la clientèle la plus assidue.
Les réceptionnaires ou bénéficiaires de ces transferts d’argent en jouissent pour des dépenses courantes de vie (alimentation, soins de santé, etc.…) ; néanmoins, ces transferts d’argent servent tout autant depuis toujours et sans exhortations venues de l’Europe, au financement de constructions de petits dispensaires, d’écoles primaires ou petites infrastructures d’utilité communautaire.
Dorénavant, les pays d’accueil des ces migrants plus particulièrement l’Angleterre, l’Espagne et la France préconisent s’agissant des deux premiers, l’optimisation et la bancarisation de ces transferts d’argent. Le dernier pays, prône la canalisation de ces transferts d’argent vers des (sic) « investissements productifs » entrant dans le champ de programmes dits de "codéveloppement".
Toutefois, personne n’est dupe ! Car il faut avoir à l’esprit que dans le contexte politique actuel relatif à une immigration dite "choisie" et "aux quotas d’immigrés africains" l’on prévit dès 2006 à l’attention d’un potentiel candidat à l’élection présidentielle Monsieur Nicolas SARKOZY un rapport intitulé : « L’intégration économique des migrants et la valorisation de leur épargne ». Vastes foutaises !
Pour le Ministère de -l’immigration et de l’identité nationale- (en charge de donner des gages à l’électorat du Front National et de recycler de façon « vertueuse » les thèses du Parti d’extrême droite le -Front National-), l’occasion fut belle de mettre opportunément l’accent sur la fixation chez eux des candidats africains à l’émigration, par une utilisation prétendument plus "productive et canalisée" des transferts d’argent des immigrés Arabes et Noirs de France dont les envois excèdent l’aide publique au développement.
Le projet d’implantation d’un Compte épargne spécialement dédiés aux immigrés est dès lors né et trouve aujourd’hui sa concrétisation par le fait que les Caisses d’épargne françaises proposeront désormais aux travailleurs immigrés Arabes et Noirs, un compte exonéré d’impôts à hauteur de 25% si les sommes épargnées sont investies (sic) « dans un projet de développement dans leur pays ». Il y a en l’espèce, une "bienveillance émouvante" (…) !
D’aucuns semblent avec candeur se réjouir nous dit-on de l’avènement de ce compte épargne "codéveloppement". Cependant que pour de nombreux esprit sérieux, ce projet est infantilisant, condescendant et cynique, outre que l’objectif réel visé est inavouable !!
Quand est-ce que l’Occident comprendra qu’il n’a plus à dicter à l’Afrique ce qui est bien pour elle ?
La vérité n’est-elle pas ailleurs ? Réalisant qu’il y a en la matière dont s’agit, une manne financière à capter et à faire fructifier au moyen de placements sur les marchés financiers à court ou moyen terme au bénéfice de l’économie française, le [maître] annonce à [l’élève] en usant d’arguties attrape-nigauds du genre : (*exonération d’impôts ; *doublement ou triplement des intérêts cumulés de l’épargne), ce qui est bon pour [l’élève] et pour son pays, ouvrant dès lors insidieusement les voies d’un contournement du respect de [ses] engagements en matière d’aide au développement.
Plus prosaïquement une interprétation lato sensu laisse apparaître ce qui suit : « Vous autres immigrés africains, vous gagnez de l’argent dans notre pays certes à la sueur de votre front et vous envoyez une partie de cet argent dans vos pays respectifs ! Désormais nous allons décider pour vous à quoi doit servir votre argent » !
A-t-on déjà vu les autorités politiques Africaines intimer à des Européens (Personnes privées et/ou Personnes morales) établies dans les pays d’Afrique, à quelles fins doivent servir les substantiels bénéfices qu’[elles] réalisent en Afrique et qu’[elles] rapatrient immédiatement en Europe ?
Les Polonais, les Ukrainiens, les Portugais ainsi que les ressortissants de nombreux pays d’Amérique du Sud établis en France n’envoient-ils pas régulièrement de l’argent aux leurs dans leur pays respectif ? Sont-ils pour autant invités à recourir au compte spécial immigrés ?
Sous l’actuelle majorité politique au pouvoir, le migrant originaire d’Afrique semble être considéré tel un analphabète, un illettré, un ignare, un plouc, un nigaud qu’il faut intégrer économiquement ; qu’il faut intégrer socialement ; qu’il faut intégrer culturellement ; qu’il faut intégrer cultuellement ; pour lequel le droit naturel à vivre avec son conjoint et ses enfants est soumis au test ADN ; qu’il faut ficher en tous lieux (Anpe, Assedic, écoles, frontières de l’UE) ; qu’il faut perfidement discriminer ; pour lequel il faut créer une juridiction administrative spéciale ; pour lequel il faut une police spéciale ; pour lequel il faut des quotas d’expulsions et nonobstant tout ce qui précède l’on voudrait (sic) "valoriser" son épargne !
Songez que la -Citée Nationale de l’Histoire de l’Immigration- sise (Palais de la Porte Dorée à Paris) fut ouverte au public à la sauvette, dans le quasi mépris des autorités politiques au pouvoir dont un éminent des leurs (l’ancien Président Jacques CHIRAC) a pourtant initié ce projet. À ce jour, la -Citée Nationale de l’Histoire de l’Immigration- n’a fait l’objet d’aucune inauguration officielle ! Rien de rien ! En revanche avec empressement, l’on nous fait l’annonce de ce que l’argent des migrants issus des anciennes colonies françaises d’Afrique sera (sic) "valoriser et canaliser" !!
Les résultats de la politique menée depuis huit mois par l’actuelle majorité politique au pouvoir n’étant pas au rendez-vous, "l’augmentation du pouvoir d’achat" promise n’étant qu’une chimère, nul ne s’expose à grand risque en prenant le pari de ce que l’on nous resservira derechef le [doublé-gagnant] : immigration et insécurité !
Par Armand ADOTEVI