Ce que dit Claude Guéant, dimanche 22 mai, au Grand Rendez-vous Europe1/Le Parisien.
"Le quart des étrangers qui ne sont pas d'origine européenne sont au chômage."
VRAI. Les affirmations du ministre de l'Intérieur sont notamment confirmées par des données de l'Insee. En 2009, le taux de chômage des 15-64 ans parmi les immigrés venus hors de l'Union européenne était de 23,5 %, contre 9,1 % pour l'ensemble de la population.
"Les deux tiers des échecs scolaires, c'est l'échec d'enfants d'immigrés."
FAUX. Le ministre affirme s'appuyer sur un rapport du Conseil à l'intégration. Mais ce chiffre ne figure pas dans le document. D'ailleurs, le concept d'"échec scolaire" est flou. Qu'englobe-t-il ? Les redoublements et/ou les sorties du système ? Dans tous les cas, les enfants d'immigrés sortent plus souvent du système éducatif sans diplôme que les descendants de parents nés en France. Selon une étude de l'Institut national d'études démographiques (Ined) (1) datant de 2010, le taux de sortie du système éducatif sans diplôme atteint 13 % chez les descendants d'immigrés, contre 8 % chez les autres.
"Le quart des étrangers qui ne sont pas d'origine européenne sont au chômage."
VRAI. Les affirmations du ministre de l'Intérieur sont notamment confirmées par des données de l'Insee. En 2009, le taux de chômage des 15-64 ans parmi les immigrés venus hors de l'Union européenne était de 23,5 %, contre 9,1 % pour l'ensemble de la population.
"Les deux tiers des échecs scolaires, c'est l'échec d'enfants d'immigrés."
FAUX. Le ministre affirme s'appuyer sur un rapport du Conseil à l'intégration. Mais ce chiffre ne figure pas dans le document. D'ailleurs, le concept d'"échec scolaire" est flou. Qu'englobe-t-il ? Les redoublements et/ou les sorties du système ? Dans tous les cas, les enfants d'immigrés sortent plus souvent du système éducatif sans diplôme que les descendants de parents nés en France. Selon une étude de l'Institut national d'études démographiques (Ined) (1) datant de 2010, le taux de sortie du système éducatif sans diplôme atteint 13 % chez les descendants d'immigrés, contre 8 % chez les autres.
Ce taux monte par exemple jusqu'à 27 % pour les enfants d'immigrés originaires de Turquie (les filles sont particulièrement touchées) et 18 % pour ceux originaires d'Algérie. Par ailleurs, selon un rapport de l'Insee reprenant des chiffres de 2002, "parmi les jeunes dont les deux parents sont immigrés, un sur trois a redoublé à l'école élémentaire, contre seulement un sur cinq quand aucun ou un seul parent est immigré". Le niveau des diplômes obtenus fait aussi apparaître des différences. Les jeunes issus de l'immigration obtiennent plus souvent des diplômes professionnels courts, de type CAP-BEP, et font moins de bacs généraux.
Les conditions sociales au coeur des difficultés
Ces chiffres doivent être remis dans leur contexte. "À catégorie socioprofessionnelle, âge de fin d'études et sexe comparables, les actifs immigrés sont plus souvent à la recherche d'un emploi", relève ainsi l'Insee. Des différences existent aussi entre immigrés de même catégorie socioprofessionnelle : ceux venus d'Espagne, d'Italie ou du Portugal ont un taux de chômage faible, alors que ceux originaires d'Afrique subsaharienne, du Maghreb ou de Turquie ont des risques de chômage plus élevés.
Les chiffres sur l'échec scolaire sont aussi à interpréter avec modération. "Si on ne tient pas compte du milieu social, les chiffres font apparaître, de façon erronée, que l'immigration est facteur d'échec scolaire", explique Claudine Attias-Donfut, membre de l'Institut interdisciplinaire d'anthropologie du contemporain (IIAC). En revanche, "si on égalise le niveau de vie, le diplôme et la catégorie professionnelle des parents, il n'y a plus de différences" entre les enfants d'immigrés non européens et ceux d'immigrés d'Europe du Nord. Ce que confirme l'Insee (3) : "À origine sociale donnée, les descendants de migrants ont le même destin social que les autres." En 2002, les trois quarts des enfants d'immigrés ont des parents ouvriers, employés de services ou inactifs, contre un tiers des jeunes dont aucun parent n'est immigré (3) et, quand ils sont ouvriers, les parents immigrés sont aussi plus souvent non qualifiés. Le lieu d'habitation, et donc leur établissement scolaire, est aussi déterminant pour expliquer les inégalités scolaires, souligne Claudine Attias-Donfut. Un constat attesté par l'étude de l'Ined : les familles immigrées sont moins enclines à pratiquer des "stratégies d'évitement" scolaire. "Leurs enfants fréquentent des écoles qui concentrent de nombreux enfants d'immigrés", ce qui favorise l'échec. Ils ont plus souvent que les autres le sentiment d'avoir été moins bien traités dans leur orientation, soit trois fois plus que les enfants de parents nés en France.
(1) Trajectoire et origines : enquête sur la diversité des populations en France, premiers résultats, 2010
(2) Le destin des enfants d'immigrés, un désenchaînement des générations, Claudine Attias-Donfut, François Charles Wolff, 2009
(3) Les immigrés en France, édition 2005, Insee
Les conditions sociales au coeur des difficultés
Ces chiffres doivent être remis dans leur contexte. "À catégorie socioprofessionnelle, âge de fin d'études et sexe comparables, les actifs immigrés sont plus souvent à la recherche d'un emploi", relève ainsi l'Insee. Des différences existent aussi entre immigrés de même catégorie socioprofessionnelle : ceux venus d'Espagne, d'Italie ou du Portugal ont un taux de chômage faible, alors que ceux originaires d'Afrique subsaharienne, du Maghreb ou de Turquie ont des risques de chômage plus élevés.
Les chiffres sur l'échec scolaire sont aussi à interpréter avec modération. "Si on ne tient pas compte du milieu social, les chiffres font apparaître, de façon erronée, que l'immigration est facteur d'échec scolaire", explique Claudine Attias-Donfut, membre de l'Institut interdisciplinaire d'anthropologie du contemporain (IIAC). En revanche, "si on égalise le niveau de vie, le diplôme et la catégorie professionnelle des parents, il n'y a plus de différences" entre les enfants d'immigrés non européens et ceux d'immigrés d'Europe du Nord. Ce que confirme l'Insee (3) : "À origine sociale donnée, les descendants de migrants ont le même destin social que les autres." En 2002, les trois quarts des enfants d'immigrés ont des parents ouvriers, employés de services ou inactifs, contre un tiers des jeunes dont aucun parent n'est immigré (3) et, quand ils sont ouvriers, les parents immigrés sont aussi plus souvent non qualifiés. Le lieu d'habitation, et donc leur établissement scolaire, est aussi déterminant pour expliquer les inégalités scolaires, souligne Claudine Attias-Donfut. Un constat attesté par l'étude de l'Ined : les familles immigrées sont moins enclines à pratiquer des "stratégies d'évitement" scolaire. "Leurs enfants fréquentent des écoles qui concentrent de nombreux enfants d'immigrés", ce qui favorise l'échec. Ils ont plus souvent que les autres le sentiment d'avoir été moins bien traités dans leur orientation, soit trois fois plus que les enfants de parents nés en France.
(1) Trajectoire et origines : enquête sur la diversité des populations en France, premiers résultats, 2010
(2) Le destin des enfants d'immigrés, un désenchaînement des générations, Claudine Attias-Donfut, François Charles Wolff, 2009
(3) Les immigrés en France, édition 2005, Insee