La danse macabre du paludisme continue sur un air difficilement maîtrisable par les scientifiques. L'Afrique, terre de prédilection de ce fléau devenu endémique, paie un lourd tribut en pertes en vies humaines. Le paludisme tue plus que le sida en Afrique. Annoncé depuis longtemps, un vaccin contre cette maladie est toujours attendu. Mais l'espoir vient du Canada où des chercheurs de la prestigieuse université Mc Gill ont fait des pas importants vers la fabrication de ce vaccin. Si, jusqu'ici, les scientifiques ne parvenaient guère à comprendre l'origine de l'inflammation et de la fièvre rageuse du paludisme, tel n'est plus le cas avec la trouvaille de chercheurs canadiens. Ces derniers viennent de réussir à identifier le mécanisme de base provoquant le paludisme appelé l'hemozoin, une substance identique à un cristal. Ce dernier serait à la base de l'inflammation et de la fièvre rageuses du paludisme. L'équipe de chercheurs de l'Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (Ir Cusm) du Canada, conduite par le Dr Martin Olivier, réalise ainsi de grandes avancées dans la fabrication d'un vaccin contre le paludisme. Les résultats de l'étude de ces chercheurs sont disponibles dans la revue Public Library of Sicence-Pathogens publiée ce 21 août. L'auteur de l'article scientifique, le Dr Marina Tiemi Shio de l'Ir Cusm, indique que ‘nos résultats décrivent le mécanisme par lequel l’hemozoin provoque une réponse immunitaire, qui mènera ensuite à la forte fièvre que nous observons chez les patients paludéens’. La chercheure estime que l’hemozoin est d’abord ingérée par des cellules ‘de nettoyage’ appelées macrophages. Une telle situation déclenche des réactions aboutissant à l’activation de l’inflammasome, une structure importante se trouvant à l’intérieur des cellules immunitaires. L’activation de l’inflammasome provoque la production des médiateurs de la fièvre, les Interleukines bêta (IL-bêta). D’après les explications du Dr Martin Olivier qui a dirigé l’équipe de chercheurs, leur travail constitue une étape importante, car étant ‘la première étude qui identifie les enzymes servant d’intermédiaire entre l’hemozoin et l’inflammasome. A présent, notre description du processus qui va de l'infection à la fièvre est relativement complète’ ajoute-t-il.
Selon lui, ‘nous avons également prouvé que le paludisme est une maladie bien trop complexe pour être réduite à un seul et même mécanisme. En l'absence d'IL-bêta ou bien d’une inflammasome fonctionnelle, le développement de la maladie est retardée, mais non stoppée. Bien que la découverte de cette relation soit importante, il existe d'autres mécanismes en jeu’. Les chercheurs pensent qu’il serait possible d’utiliser de faibles quantités d’hemozoin pour habituer le système immunitaire et ainsi diminuer la réponse inflammatoire en cas d’infection, selon un principe similaire à celui des vaccins. Le paludisme tue entre 1 million et 3 millions de personnes par an, à travers le monde. Il touche plus de 500 millions d’autres, tous les ans. C’est une maladie infectieuse transmise par un moustique et propagée par des parasites de la famille des plasmodium. Dès qu’il a pénétré l’intérieur du corps, le parasite infecte rapidement les globules rouges où il survit et se reproduit, en se nourrissant du contenu de la cellule. Les cellules finissent par éclater, libérant les parasites ainsi qu’un déchet de leurs processus de reproduction : l’hemozoin.
Abdou Karim Diarra ( Source Walfadjri)