L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE APPELLE À UN ENGAGEMENT ET UN FINANCEMENT ACCRUS POUR LUTTER CONTRE LE VIH/SIDA
En dépit de progrès considérables, la propagation de l’épidémie est plus rapide que les moyens mis en œuvre pour la combattre
Malgré l’engagement pris d’assurer un accès universel à la prévention et au traitement d’ici à 2010, le nombre des nouveaux cas de VIH a été deux fois et demie plus élevé en 2007* que le nombre de personnes recevant une thérapie antirétrovirale.
C’est dans ce contexte que le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, a lancé un appel pour un engagement et un financement accrus en faveur de la lutte contre le VIH/sida, alors que l’Assemblée générale entamait aujourd’hui sa Réunion de haut niveau consacrée aux progrès dans la mise en œuvre de la Déclaration d’engagement de 2001 et la Déclaration politique 2006 sur cette pandémie. Par cette dernière Déclaration, les États Membres s’étaient engagés à parvenir à assurer un accès universel à la prévention et au traitement d’ici à 2010.
Au cours des débats de la journée, auxquels participaient sept chefs d’État et de gouvernement, 57 ministres et 49 vice-ministres, les intervenants ont mis l’accent sur les progrès considérables effectués ces dernières années dans leur pays respectif. Outre l’augmentation du nombre de personnes bénéficiant d’un traitement antirétroviral, ils ont cité des avancées dans la prévention de la transmission de la mère à l’enfant ou dans le dépistage.
Toutefois, la plupart des délégations ont noté que beaucoup restait à faire, notamment en ce qui concerne la sensibilisation et la connaissance du VIH/sida. Il faut gagner la bataille contre l’ignorance, a par exemple déclaré le Président d’El Salvador.
Le Secrétaire général a, quant à lui, exhorté les délégations à lutter contre la discrimination qui frappe les groupes à risque et les personnes vivant avec le VIH/sida, dont les lois discriminatoires, alors que 33,2 millions de personnes sont atteintes du virus à travers le monde. Si un groupe se voit refuser le traitement et les soins dont il a besoin, alors l’épidémie ne sera jamais éradiquée, a insisté Mme Ratri Suksma, de la Coordination pour la recherche sur le sida, elle-même séropositive et qui s’adressait à l’Assemblée générale. Six mille personnes par jour meurent à cause du VIH/sida, principale cause de décès en Afrique et septième cause de décès dans le monde, a pour sa part souligné le Directeur exécutif d’ONUSIDA, M. Peter Piot. Il a indiqué qu’en dépit des progrès réalisés, seule une personne infectée sur cinq pourra recevoir cette année un traitement antirétroviral. Soulignant l’importance de viser l’accès universel à la thérapie, il a estimé qu’il faudrait investir dans les services de santé, intensifier les efforts de prévention, adopter des approches multiples en matière de recherche et augmenter les ressources et moyens affectés à la lutte contre le VIH/sida. Même si les fonds ont considérablement augmenté ces dernières années, a-t-il fait valoir, la réponse au VIH/sida demeure sous-financée.
Par ailleurs, le Secrétaire général a aussi constaté que le VIH/sida avait un impact considérable sur la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) puisque cette pandémie sapait les efforts de lutte contre la pauvreté, contre le paludisme et la tuberculose, ou encore les efforts pour réduire la mortalité infantile par exemple.
Nous ne pouvons pas progresser dans la lutte contre la faim et la pauvreté quand des millions de personnes meurent chaque année du sida, a renchéri le Président de l’Assemblée générale, M. Srgjan Kerim. De même, il a souligné qu’on ne pouvait avancer vers l’objectif d’une éducation universelle quand le nombre d’enseignants qui meurent du sida est plus important que le nombre de personnes formées pour enseigner.
M. Kerim a déclaré qu’en atténuant l’impact de la maladie, il serait possible de progresser dans l’atteinte de nombreux Objectifs du Millénaire pour le développement. Il a, à cet égard, appelé à s’intéresser particulièrement à la région de l’Afrique subsaharienne qui compte 68% des adultes vivant avec le sida et 90% des enfants infectés du monde.
Les intervenants ont par ailleurs mis l’accent sur l’importance de la prévention dans la lutte contre le VIH/sida. M. Anthony S. Fauci, Directeur de l’Institut national sur les allergies et les maladies infectieuses des États-Unis, a ainsi jugé que le changement des comportements, la distribution de préservatifs, la prévention de la transmission de la mère à l’enfant ou la fourniture de seringues propres étaient des mesures qui avaient prouvé leur efficacité.
Aujourd’hui également, l’Assemblée générale a tenu une audition interactive officieuse avec des représentants de la société civile. Celle-ci a mis en évidence les importants obstacles que constituent la discrimination et la stigmatisation afin de parvenir à l’accès universel à la prévention et au traitement du VIH/sida d’ici à 2010.
Parallèlement à son débat de l’après-midi, l’Assemblée a aussi organisé deux tables rondes. La première, sur l’accélération des progrès vers l’accès universel d’ici à 2010, a évalué les résultats obtenus à ce jour et identifié les solutions qui peuvent être adoptées collectivement, que ce soit aux niveaux mondial, régional ou national. La seconde, portant sur les difficultés à mettre en place une direction et un appui politique dans les pays où l’épidémie touche les groupes à risque, en particulier les toxicomanes et les professionnels du sexe.
L’Assemblée générale poursuivra sa réunion de haut niveau demain, mercredi 11 juin, à 10 heures.
* A/62/780
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