L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE APPELLE À UN ENGAGEMENT ET UN FINANCEMENT ACCRUS POUR LUTTER CONTRE LE VIH/SIDA
En dépit de progrès considérables, la propagation de l’épidémie est plus rapide que les moyens mis en œuvre pour la combattre
Malgré l’engagement pris d’assurer un accès universel à la prévention et au traitement d’ici à 2010, le nombre des nouveaux cas de VIH a été deux fois et demie plus élevé en 2007* que le nombre de personnes recevant une thérapie antirétrovirale.
C’est dans ce contexte que le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, a lancé un appel pour un engagement et un financement accrus en faveur de la lutte contre le VIH/sida, alors que l’Assemblée générale entamait aujourd’hui sa Réunion de haut niveau consacrée aux progrès dans la mise en œuvre de la Déclaration d’engagement de 2001 et la Déclaration politique 2006 sur cette pandémie. Par cette dernière Déclaration, les États Membres s’étaient engagés à parvenir à assurer un accès universel à la prévention et au traitement d’ici à 2010.
Au cours des débats de la journée, auxquels participaient sept chefs d’État et de gouvernement, 57 ministres et 49 vice-ministres, les intervenants ont mis l’accent sur les progrès considérables effectués ces dernières années dans leur pays respectif. Outre l’augmentation du nombre de personnes bénéficiant d’un traitement antirétroviral, ils ont cité des avancées dans la prévention de la transmission de la mère à l’enfant ou dans le dépistage.
Toutefois, la plupart des délégations ont noté que beaucoup restait à faire, notamment en ce qui concerne la sensibilisation et la connaissance du VIH/sida. Il faut gagner la bataille contre l’ignorance, a par exemple déclaré le Président d’El Salvador.
Le Secrétaire général a, quant à lui, exhorté les délégations à lutter contre la discrimination qui frappe les groupes à risque et les personnes vivant avec le VIH/sida, dont les lois discriminatoires, alors que 33,2 millions de personnes sont atteintes du virus à travers le monde. Si un groupe se voit refuser le traitement et les soins dont il a besoin, alors l’épidémie ne sera jamais éradiquée, a insisté Mme Ratri Suksma, de la Coordination pour la recherche sur le sida, elle-même séropositive et qui s’adressait à l’Assemblée générale. Six mille personnes par jour meurent à cause du VIH/sida, principale cause de décès en Afrique et septième cause de décès dans le monde, a pour sa part souligné le Directeur exécutif d’ONUSIDA, M. Peter Piot. Il a indiqué qu’en dépit des progrès réalisés, seule une personne infectée sur cinq pourra recevoir cette année un traitement antirétroviral. Soulignant l’importance de viser l’accès universel à la thérapie, il a estimé qu’il faudrait investir dans les services de santé, intensifier les efforts de prévention, adopter des approches multiples en matière de recherche et augmenter les ressources et moyens affectés à la lutte contre le VIH/sida. Même si les fonds ont considérablement augmenté ces dernières années, a-t-il fait valoir, la réponse au VIH/sida demeure sous-financée.
Par ailleurs, le Secrétaire général a aussi constaté que le VIH/sida avait un impact considérable sur la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) puisque cette pandémie sapait les efforts de lutte contre la pauvreté, contre le paludisme et la tuberculose, ou encore les efforts pour réduire la mortalité infantile par exemple.
Nous ne pouvons pas progresser dans la lutte contre la faim et la pauvreté quand des millions de personnes meurent chaque année du sida, a renchéri le Président de l’Assemblée générale, M. Srgjan Kerim. De même, il a souligné qu’on ne pouvait avancer vers l’objectif d’une éducation universelle quand le nombre d’enseignants qui meurent du sida est plus important que le nombre de personnes formées pour enseigner.
M. Kerim a déclaré qu’en atténuant l’impact de la maladie, il serait possible de progresser dans l’atteinte de nombreux Objectifs du Millénaire pour le développement. Il a, à cet égard, appelé à s’intéresser particulièrement à la région de l’Afrique subsaharienne qui compte 68% des adultes vivant avec le sida et 90% des enfants infectés du monde.
Les intervenants ont par ailleurs mis l’accent sur l’importance de la prévention dans la lutte contre le VIH/sida. M. Anthony S. Fauci, Directeur de l’Institut national sur les allergies et les maladies infectieuses des États-Unis, a ainsi jugé que le changement des comportements, la distribution de préservatifs, la prévention de la transmission de la mère à l’enfant ou la fourniture de seringues propres étaient des mesures qui avaient prouvé leur efficacité.
Aujourd’hui également, l’Assemblée générale a tenu une audition interactive officieuse avec des représentants de la société civile. Celle-ci a mis en évidence les importants obstacles que constituent la discrimination et la stigmatisation afin de parvenir à l’accès universel à la prévention et au traitement du VIH/sida d’ici à 2010.
Parallèlement à son débat de l’après-midi, l’Assemblée a aussi organisé deux tables rondes. La première, sur l’accélération des progrès vers l’accès universel d’ici à 2010, a évalué les résultats obtenus à ce jour et identifié les solutions qui peuvent être adoptées collectivement, que ce soit aux niveaux mondial, régional ou national. La seconde, portant sur les difficultés à mettre en place une direction et un appui politique dans les pays où l’épidémie touche les groupes à risque, en particulier les toxicomanes et les professionnels du sexe.
L’Assemblée générale poursuivra sa réunion de haut niveau demain, mercredi 11 juin, à 10 heures.
* A/62/780
RÉUNION DE HAUT NIVEAU CONSACRÉE À UN EXAMEN D’ENSEMBLE DES PROGRÈS ACCOMPLIS DANS LA MISE EN ŒUVRE DE LA DÉCLARATION D’ENGAGEMENT SUR LE VIH/SIDA ET DE LA DÉCLARATION POLITIQUE SUR LE VIH/SIDA
Déclarations liminaires
M. SRGJAN KERIM, Président de la soixante-deuxième session de l’Assemblée générale de l’ONU, a rappelé que la lutte contre le VIH/sida est fondamentale dans la recherche de « la dignité et de la valeur de la personne humaine », reprenant des termes toujours pertinents de la Charte des Nations Unies. Cette réunion nous donne l’occasion de faire le point sur la mise en œuvre de nos engagements et d’évaluer ce que nous n’avons pas encore pu réaliser sur la voie de l’objectif d’accès universel en 2010 et pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Nous avons fait des progrès pour réaliser ces Objectifs, a-t-il noté, mais ils n’ont pas été suffisamment rapides. M. Kerim a souligné que le fait que ces progrès soient insuffisants affecte profondément tous les aspects du développement humain. Nous ne pouvons pas progresser dans la lutte contre la faim et la pauvreté quand des millions de personnes meurent chaque année du sida, a-t-il en effet fait remarquer. De même, on ne peut pas avancer dans l’éducation universelle, quand il y a plus d’enseignants qui meurent du sida que de personnes qui sont formées pour enseigner. On ne peut pas non plus réaliser l’autonomisation des femmes, alors qu’elles sont les plus vulnérables par rapport à la maladie.
Dans le rapport du Secrétaire général, il est précisé que, si on réussit à atténuer l’impact de la pandémie, on pourra progresser dans la lutte contre la pauvreté et la faim, ainsi que dans la réalisation des Objectifs nºs 4 et 5 (améliorer la santé infantile et maternelle). Le Président de l’Assemblée a appelé à continuer de s’intéresser particulièrement à la région de l’Afrique subsaharienne, où on dénombrait, en 2007, 68% des adultes vivant avec le VIH, 90% des enfants infectés et 76% des morts dus au sida dans le monde. Le nombre de personnes qui ont besoin d’être traitées dépasse les moyens disponibles, a-t-il relevé. Il a aussi souligné qu’il est essentiel de s’informer sur la maladie pour lutter contre elle, tout en constatant cependant que les jeunes sont encore trop peu informés. Nous devons donc intensifier nos efforts de prévention. Il a également attiré l’attention sur les catégories de population les plus vulnérables, comme par exemple, les enfants atteints du VIH, qui bénéficient moins souvent de traitement que les adultes. Il y a aussi les femmes, qui représentent 61% des adultes infectés en Afrique, a encore précisé M. Kerim. Le problème du VIH est lié à l’OMD nº 3, dont les efforts de réalisation visent la promotion de l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes. Prévenir la transmission du VIH de la mère à l’enfant reste encore un défi, a-t-il noté, rappelant que les enfants représentaient en 2007 1 infection sur 6. Il a aussi évoqué le problème des orphelins du sida.
Comme les États Membres l’ont conclu en avril dernier lors du débat général thématique sur les OMD, les systèmes de santé nationaux doivent être renforcés, notamment avec de meilleurs outils de diagnostic, a rappelé le Président de l’Assemblée. L’expérience a prouvé qu’une bonne direction donnée aux efforts de prévention contribue à réduire les cas d’infection, a-t-il fait observer. Il faut aussi veiller à ce que les personnes atteintes de la maladie, qui sont vulnérables, soient bien protégées, et que des ressources suffisantes permettent de leur donner les soins appropriés. Le Président a donc appelé à ce qu’un tournant décisif soit pris dans les efforts visant à faire de l’accès universel aux médicaments une réalité.
M. BAN KI-MOON, Secrétaire général des Nations Unies, a rappelé qu’il y a deux ans, les États Membres de l’ONU avaient fait la promesse d’intensifier l’accès universel à la prévention du VIH, à son traitement et aux soins d’ici à 2010. Faisant le point sur les efforts pour respecter cet engagement, il a déclaré que son rapport sur cette question montrait que des réalisations importantes avaient été réalisées. À la fin de l’année dernière, 3 millions de personnes avaient accès au traitement antirétroviral dans les pays à bas et moyen revenus, leur permettant de vivre plus longtemps et d’avoir une meilleure qualité de vie, a-t-il indiqué. Il a également fait observer qu’il y a des tendances encourageantes en ce qui concerne la fourniture de services de santé pour les femmes et les enfants, y compris pour la transmission mère-enfant. Cela montre ce que la volonté politique peut accomplir, a-t-il estimé.
Toutefois, le Secrétaire général a souligné que l’année dernière, il y a eu 2,5 millions de nouvelles infections, plus de 2 millions de décès. Notre défi désormais est de continuer ce que nous avons lancé, combler les lacunes qui existent et accélérer nos efforts dans les années à venir, a-t-il poursuivi. Il faudrait, a-t-il souligné, augmenter les niveaux d’engagement et de financement. Rappelant qu’en septembre prochain, l’Assemblée générale se réunira pour examiner les progrès dans la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement, il a déclaré que la lutte contre le sida avait un impact sur la réalisation de tous ces Objectifs, dont la lutte contre la pauvreté, la réduction de la mortalité infantile et la lutte contre le paludisme et la tuberculose.
En outre, le Secrétaire général a noté que cette année marquait le soixantième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Six décennies après son adoption, il est choquant qu’il existe encore une discrimination envers ceux qui sont à haut risque, comme les hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes ou qu’on stigmatise ceux qui vivent avec le sida, a-t-il dit. Le Secrétaire général s’est dit déterminé à faire des Nations Unies un endroit de travail modèle envers le personnel atteint du VIH/sida. À travers le monde, le Secrétaire général a appelé à un changement des lois qui stigmatisent et discriminent, y compris en ce qui concerne les restrictions de déplacements des gens atteints du VIH/sida. Enfin, il a exprimé sa gratitude à M. Peter Piot, Directeur exécutif d’ONUSIDA, pour son rôle dans la lutte contre le sida.
M. PETER PIOT, Directeur exécutif d’ONUSIDA, a estimé qu’il était toujours bon que l’optimisme triomphe sur le pessimisme, en notant que 3 millions de personnes avaient aujourd’hui accès à un traitement antirétroviral. Mais il a regretté que plus de deux tiers des séropositifs n’y aient pas accès. Il a rappelé que 6 000 personnes meurent par jour dans le monde à cause du VIH/sida qui est la principale cause de décès en Afrique et la septième cause de décès dans le monde. Sur cinq personnes infectées, une seule personne pourra recevoir un traitement antirétroviral cette année, a-t-il fait remarquer. M. Piot a insisté sur l’importance de passer à une nouvelle phase sur la façon de traiter le VIH/sida et de viser l’accès universel au traitement. Il faut investir dans les services de santé et s’assurer que les première, deuxième et troisième lignes de médicaments soient disponibles partout pour toutes les victimes quel que soit leur style de vie. Il a mis l’accent sur l’importance d’intensifier la prévention du VIH/sida. Il n y a pas de solution simple et c’est pourquoi, il faudrait adopter des approches multiples en matière de recherche, a-t-il ajouté, en soulignant l’importance d’intensifier la recherche sur un vaccin du VIH/sida. Il est temps de s’attaquer à la vulnérabilité des femmes, à l’homophobie et à toutes les discriminations qui rendent difficile la gestion de ce problème. Il a souhaité que soient supprimées toutes les restrictions appliquées aux personnes séropositives. Le Directeur d’ONUSIDA a souligné l’importance d’augmenter les ressources et moyens affectés à la lutte contre le VIH/sida. Il a indiqué que même si les fonds ont considérablement augmenté depuis la création du Fonds mondial, la réalité est que la réponse au VIH/sida demeure sous-financée puisqu’il manquait 8 milliards de dollars en 2007. Si nous voulons atteindre l’objectif de traitement universel, le monde devra redoubler d’efforts et les moyens devront être disponibles au moment où nous en avons besoin. Nous avons parcouru un long chemin depuis la session spécialede l’Assemblée générale en 2001 consacrée au VIH/sida, a-t-il conclu, en notant qu’il faudra encore du temps sur la longue route de la lutte contre le VIH/sida.
Mme RATRI SUKSMA, de la Coordination pour la recherche sur le sida et la mobilité (CARAM-Asie), a pris la parole au nom de la société civile. Rappelant l’engagement pris en faveur de la promotion d’un accès universel aux médicaments en 2010, elle a demandé si cet objectif restait d’actualité. Elle s’est interrogée sur les conséquences du fait que l’épidémie touche des catégories particulières de personnes, comme les travailleurs du sexe, les hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes et les toxicomanes. En effet, ces personnes se voient souvent refuser le traitement et le soutien dont ils ont besoin, a-t-elle regretté. Mais, a-t-elle averti, si un groupe se voit refuser les soins dont il a besoin, alors l’épidémie ne sera jamais éradiquée. Ces groupes ont besoin de recevoir des services qui répondent à leurs besoins, mais malheureusement on les pousse dans la clandestinité et ils ne vont donc plus rechercher l’aide qui devrait leur être apportée. Nous devons veiller à revoir les législations qui bloquent l’accès universel, a-t-elle demandé. Elle a proposé de promulguer des lois plus favorables, qui encouragent par exemple l’utilisation de préservatifs par les clients des travailleuses du sexe.
Mme Suksma a aussi invité l’Assemblée à lutter parallèlement contre l’hépatite. Précisant qu’elle-même vivait avec le VIH, elle a fait remarquer que cette déclaration sur la place publique pourrait lui fermer des portes et des frontières. Elle a aussi expliqué comment, en tant que femme, on pouvait l’accuser d’apporter cette maladie dans son propre foyer. Je dois être en mesure de gérer toutes les questions liées à ma santé et à ma sexualité, a-t-elle déclaré. Elle a aussi souhaité recevoir un soutien en sa qualité de mère. Enfin, Mme Suksma a préféré ne pas pointer du doigt ce qui ne va pas, mais elle a exhorté l’Assemblée à faire preuve de volonté et à agir, pour que soient réalisés les engagements qui doivent être concrétisés en 2010.
M. ANTHONY S. FAUCI, Directeur de l’Institut national sur les allergies et les maladies infectieuses des États-Unis, a fait valoir que le sida était devenu un des fléaux les plus dévastateurs de l’histoire humaine. Il a constaté que la plupart des cas apparaissaient dans des pays pauvres, où le VIH/sida vient s’ajouter à d’autres problèmes graves, tels que la pauvreté, l’insécurité alimentaire, le manque d’eau potable et autres maladies graves. Il a aussi noté que le monde développé avait été le premier à profiter des fruits de la recherche sur le sida. Toutefois, il a souligné que, ces dernières années, des programmes comme le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme ainsi que d’autres initiatives de gouvernements, d’ONG ou de philanthropes avaient accompli un travail héroïque pour rendre les traitements accessibles à ceux qui en ont le plus besoin. Tout en notant que 3 millions de personnes dans les pays à bas et moyen revenus recevaient désormais un traitement antirétroviral, il a regretté que cela ne représente que 30% de ceux qui ont besoin d’un traitement. Il faut faire plus et les succès récents doivent nous donner l’élan pour accélérer nos efforts, a-t-il poursuivi.
M. Fauci a avoué que fournir un traitement à vie pour n’importe quelle maladie était une tâche difficile, particulièrement dans les pays pauvres qui sont confrontés à d’autres problèmes économiques, sociaux et de santé. Il a insisté sur l’importance de combler le « fossé de la mise en œuvre », mettant notamment en avant la nécessité de former des professionnels de la santé. « Je suis convaincu que l’objectif d’un accès universel aux services de traitement du VIH/sida est un impératif moral », a-t-il déclaré. Toutefois, M. Fauci a estimé qu’il serait peut-être impossible d’atteindre ce but alors que le nombre de nouvelles infections diminuent la capacité de traiter tous les malades. C’est pourquoi, la prévention est essentielle. Dans ce cadre, le changement des comportements, la distribution des préservatifs, la prévention de la transmission mère-enfant et la fourniture de seringues propres sont nécessaires, a-t-il souligné, regrettant cependant que seul un cinquième des personnes à risque ait accès à ces mesures préventives.
Le Directeur de l’Institut national sur les allergies et les maladies infectieuses des États-Unis a estimé qu’un vaccin contre le sida demeurait le plus grand espoir pour mettre un terme à la propagation du VIH/sida. Notant que cette recherche était difficile en raison de la nature unique du virus, il a admis que cette dernière année avait été décevante en la matière. Toutefois, il a noté que l’élaboration d’un vaccin pouvait prendre des années et a affirmé que cette recherche exigeait une détermination sans faille. M. Fauci s’est déclaré convaincu que de nouvelles mesures et des services efficaces liés au VIH/sida pour tous ceux qui en ont besoin, peu importe où ils vivent, exigeaient la volonté politique, un engagement financier et scientifique à long terme ainsi que la détermination de tous les secteurs de la société.
Déclarations
M. ELIAS ANTONIO SACA, Président d’El Salvador, a déclaré que son pays avait pris toutes les mesures nécessaires pour assurer une distribution gratuite et universelle des traitements antirétroviraux à tous ceux qui en ont besoin. En adoptant une approche holistique à l’égard des personnes vivant avec le VIH/sida, en dotant les hôpitaux de personnel plus qualifié, le Gouvernement d’El Salvador a réduit de 35% le nombre de décès liés au VIH/sida et de 30% les infections combinées liées au VIH/sida et à la tuberculose, a-t-il ajouté. Par ailleurs, le pays a été en mesure de diviser par deux l’impact de la tuberculose en réalisant de fait bien avant 2015 l’Objectif du Millénaire pour le développement relatif à cette question. Il y a cinq ans, a indiqué M. Saca, nous avons détecté 150 enfants atteints du VIH/sida. Ce chiffre est tombé aujourd’hui à 15, soit une réduction de 89% grâce à une augmentation de 90% par an du nombre de femmes enceintes testées.
M. Saca a souligné l’importance de promouvoir le respect de tous les droits de l’homme, et en particulier les libertés fondamentales des migrants. Nous ne pouvons pas accepter les pratiques discriminatoires aux frontières à l’égard des personnes porteuses du VIH/sida, a-t-il dit. Il s’est inquiété de la recrudescence de telles restrictions dans au moins 70 pays en formant le vœu que cette question soit traitée par l’Assemblée générale. Il a souhaité que l’on élimine toutes les restrictions qui limitent les déplacements de toutes les personnes victimes du VIH/sida. Pour ce faire, il faudrait gagner la bataille contre l’ignorance. Il a regretté que la région de l’Amérique latine et des Caraïbes n’obtenait que 8% des moyens de lutte mondiaux de lutte contre le VIH/sida.
M. FAURE ESSOZIMNA GNASSINGBÉ, Président du Togo, a signalé que, dans son pays, la prévalence du VIH avait atteint en 2000 un pic de 6%. Aujourd’hui, elle est estimée à 3,2%, et la tendance générale est à la stabilisation, a-t-il noté, même si ce chiffre reste encore trop élevé. Ces derniers mois, le cofinancement a permis de gérer la réponse au sida, a dit M. Gnassingbé. C’est ainsi, a précisé le Président du Togo, que le budget du plan stratégique national 2007-2010 est financé à hauteur de 13% par le Togo. Il a ajouté que l’élaboration du rapport UNGASS 2008 est financée à hauteur d’environ 50 000 dollars, soit 64% de son financement total. Il a également souligné que le Togo a financé, sans aide extérieure, l’achat des médicaments antirétroviraux. L’État togolais contribue pour environ 20 millions de dollars au plan stratégique national de lutte contre le sida, a-t-il encore indiqué. Les cibles sont les professionnels du sexe, les jeunes, les femmes et le milieu du travail. Pour les jeunes, des stratégies sectorielles seront disponibles en 2010 en milieu scolaire et universitaire, de même qu’en milieu extrascolaire. Le Président du Togo a aussi mentionné l’existence dans son pays d’une loi de protection des droits des personnes vivant avec le VIH.
Le Président Gnassingbé a ensuite donné des précisions sur les progrès accomplis dans la réponse à la pandémie. Il a ainsi indiqué que la prévention de la transmission de la mère à l’enfant se fait aujourd’hui dans 45 sites, mais ne touche encore cependant que 11% de la population cible. Il a aussi signalé que le conseil et le dépistage volontaire du VIH sont proposés dans 54 sites. En 2007, 16% des adultes ont fait le test, ainsi que la moitié des jeunes de 15 à 24 ans et 90% des professionnels du sexe, a précisé le Président togolais. Toutes ces tendances montrent que le Togo est sur la bonne voie vers l’accès universel, a-t-il estimé. Rappelant que son pays a souffert pendant presque deux décennies de la suspension de l’aide internationale, il a souligné que le Togo a quand même pu mener des actions d’envergure pour lutter efficacement contre le sida. Le problème majeur qui demeure est celui de l’approvisionnement régulier en médicaments antirétroviraux. L’aide reçue de nos partenaires a été axée jusqu’à présent sur la prévention, et cette aide dépasse l’apport financier nécessaire pour le traitement, a relevé M. Gnassingbé. Il a donc proposé de trouver un meilleur équilibre, notamment grâce à l’allègement des procédures permettant d’accéder aux ressources du Fonds mondial, pour les pays sortant d’un conflit ou d’une crise, comme le Togo.
M. ARMANDO EMILIO GUEBUZA, Président du Mozambique, a indiqué que son pays avait lancé, en 2006, l’Initiative présidentielle sur le VIH/sida qui avait été lancée afin de tenir des réunions avec des femmes, des dirigeants religieux ou communautaires et des jeunes. Il a précisé que ce modèle avait été reproduit aux niveaux des provinces et des districts. Sans créer de lien direct entre cette Initiative et les changements de comportements, il a constaté que les gens parlaient plus ouvertement de la maladie et que le taux d’infection était passé de 16,2% à 16%. Il a aussi fait valoir que de plus en plus de personnes se présentaient pour des dépistages, ainsi que pour des traitements. En outre, le Président du Mozambique a mis en avant certains progrès réalisés par son pays, notamment pour prévenir la transmission de la mère à l’enfant, pour garantir le traitement et les soins dans tous les districts. Il a précisé que désormais plus de 100 000 personnes avaient accès à un traitement antirétroviral au Mozambique, contre 6 000 seulement en 2004. Par ailleurs, le Président Guebuza a indiqué que la stratégie nationale mettait surtout l’accent sur les mesures de prévention et ciblait les groupes les plus vulnérables. Il a cependant admis que cela restait un grand défi et que malgré les efforts déployés, il n’y avait pas une réduction rapide du taux d’infection. Le Président du Mozambique a ainsi précisé qu’une équipe spéciale avait été créée pour déterminer la manière dont la prévention pourrait être plus efficace. Compte tenu de la relation étroite entre la lutte contre la pandémie et celle contre la tuberculose, il faudrait procéder à une intégration des activités dans ces deux domaines, a-t-il préconisé. Le Président du Mozambique a estimé qu’il faudrait renforcer les systèmes de santé et a affirmé que le pays comptait sur ses partenaires à cet égard.
M. BLAISE COMPAORÉ, Président du Burkina Faso, a indiqué qu’il avait encouragé et soutenu une rencontre des coordonnateurs des comités et conseils nationaux de lutte contre le sida de la zone UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine) et de la Mauritanie, les 8 et 9 mai 2008, qui a abouti à la mise en place d’un cadre de concertation sous-régional. Sur le plan de la gouvernance, M. Compaoré a précisé que le Burkina Faso s’était doté d’une loi portant sur la lutte contre le VIH/sida et la protection des personnes vivant avec le VIH/sida. Pour soutenir les initiatives de recherches de financements pérennes, a-t-il ajouté, le Gouvernement burkinabè a saisi le Parlement d’un projet de loi portant sur la contribution du Burkina Faso à UNITAID. Sur le plan opérationnel, a indiqué M. Compaoré « l’augmentation du nombre de sites de prise en charge, conjuguée avec la baisse du coût du traitement, nous situent à 17 263 personnes sous thérapie antirétrovirale en fin 2007 contre 12 842 en fin 2006 ».
Le Président burkinabè a noté le progrès considérable enregistré par son pays dans le domaine de la prévention de la transmission du VIH/sida de la mère à l’enfant, le nombre de sites étant passé de 211 en 2006 à plus de 400 en 2007. Malgré ces acquis, qui suscitent un légitime espoir d’atteindre le sixième Objectif du Millénaire pour le développement, le Président Compaoré a mis l’accent sur les importants défis qui pourraient compromettre cette dynamique en citant: la féminisation du VIH/sida, l’absence de garantie de financement durable, la faible mobilisation de ressources internes pour le financement de la lutte contre le VIH/sida, ces ressources restant assujetties au financement extérieur à plus de 70%, l’absence de programmes sous-régionaux et régionaux pour le renforcement des efforts nationaux et la lutte contre la tuberculose, cette maladie étant la première cause de décès des personnes infectées par le VIH/sida en Afrique.
M. FRANÇOIS BOZIZÉ, Président de la République centrafricaine, a indiqué que, dans son pays, l’infection par le VIH est de type généralisé. Avec une prévalence de 6,2% pour la tranche active de la population, c’est-à-dire les personnes de 15 à 49 ans, la République centrafricaine détient le triste record de pays le plus affecté dans la sous-région de l’Afrique centrale. Cette situation est essentiellement due à l’ignorance, en dépit des efforts du Gouvernement et des partenaires au développement. Les populations n’ont pas encore atteint une prise de conscience suffisante sur la nature du VIH/sida, ses modes de transmission et les mesures de prévention. Le pays connaît encore des difficultés pour accéder aux médicaments antirétroviraux, au dépistage volontaire et aux modes de prévention. Les personnes vivant avec le VIH sont encore malheureusement victimes de discrimination et de la stigmatisation au sein de la société. Le Président a parlé de la riposte nationale qui a consisté, entre autres, à l’insertion du programme de lutte contre le sida dans le Document de stratégie de réduction de la pauvreté. Il a d’ailleurs salué le rôle joué par les agences du système de l’ONU qui apportent un appui déterminant au Gouvernement dans la mise en œuvre de cette stratégie.
Le Président de la République centrafricaine a ensuite présenté les résultats atteints par le Comité de lutte contre le sida, dans son cadre stratégique 2006-2010. Les grands axes sont l’intensification de la prévention pour réduire la transmission de l’infection, l’amélioration de la prise en charge globale des personnes vivant avec le VIH/sida, ainsi que la promotion d’un environnement favorable à une meilleure gestion des personnes vivant avec le VIH/sida. Citant les autres outils élaborés pour la lutte contre le sida, le Président a expliqué qu’ils permettent à la Coordination nationale du Comité national de lutte contre le VIH et à ses partenaires dans ce domaine de combler le vide dans l’application du principe des « trois un » promu par l’ONUSIDA. M. Bozizé a aussi parlé de la loi qui détermine les droits et obligations des personnes vivant avec le VIH/sida et des progrès dans la prise de conscience chez les personnes ayant des comportements à risque, comme les jeunes. Il a aussi précisé que 8 000 personnes ont actuellement bénéficié des traitements antirétroviraux, alors que ce sont 30 000 patients qui sont éligibles pour ce traitement. Le Président a enfin rappelé les années d’instabilité qu’a connues son pays, qui ont entraîné des viols et des déplacements de populations et accentué la propagation de la pandémie. Il est donc impératif d’accorder une attention particulière aux populations déplacées des zones de postconflit, a-t-il signalé, sollicitant le soutien de la communauté internationale pour consolider la paix, renforcer le tissu social et empêcher la propagation de la pandémie. Le Président Bozizé a, en particulier, demandé à la Banque mondiale de mettre en place un programme MAP, à l’instar des pays de la sous-région de l’Afrique centrale engagés dans la lutte contre le sida.
M. ABSALOM THEMBA DLAMINI, Premier Ministre du Royaume de Swaziland, a rappelé que son pays était un des plus affectés par la pandémie de VIH/sida, et que 26% des personnes de 15 à 49 ans y sont infectées par le virus du VIH. Toutefois, a indiqué M. Themba Dlamini, le Swaziland a fait des progrès considérables pour répondre à la menace de la pandémie du VIH/sida. Il a à cet égard souligné la réduction de la prévalence de la maladie chez les jeunes de moins de 25 ans. Il a indiqué que le dépistage et le conseil demeuraient des éléments essentiels de la réponse nationale swazie. Il a estimé que ceux-ci constituaient le point d’entrée à la prévention, au traitement, aux soins et aux services de soutien et étaient importants pour réduire le niveau de la discrimination associée au VIH/sida. Le Premier Ministre a précisé qu’en décembre 2007, 25% de la population du Swaziland avaient été testés, et il a ajouté que l’objectif du pays était d’atteindre 50% des 15-49 ans d’ici à 2010.
Par ailleurs, a indiqué M. Themba Dlamini, la prévention de la transmission de la mère à l’enfant reste aussi une priorité nationale au Swaziland. Ainsi, il a indiqué que la proportion de centres fournissant ces services était passée de 10% des centres nationaux en 2004 à 71% à la fin 2007 et que 65% des femmes enceintes atteintes du VIH recevaient des traitements antirétroviraux. Il a aussi mis en exergue les avancées accomplies par son pays en matière de soin et de soutien. Ainsi, il a expliqué que le nombre de centres fournissant des traitements antirétroviraux étaient passés d’un seul en 2003 à 51 en 2007, et que le nombre de personnes bénéficiant de ces traitements étaient passées de 383 à 24 535 au cours de la même période. Le Premier Ministre a d’autre part déclaré que le Swaziland était déterminé à renforcer le suivi des patients sous traitement antirétroviraux et a demandé à cet égard l’assistance de la communauté internationale. Il a en outre noté que plus de 40% des orphelins et des enfants vulnérables recevaient de la part du Gouvernement un soutien gratuit apporté à leur famille. La cible du Gouvernement swazi est d’atteindre 61% de ces enfants d’ici 2010, a-t-il poursuivi. Il a conclu en affirmant que la vision d’un Swaziland sans VIH/sida pouvait devenir une réalité avec le soutien technique et financier de la communauté internationale.
Intervenant au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), M. DENZIL L. DOUGLAS, Président de Saint-Kitts-et-Nevis, a souligné les progrès réalisés par les pays des Caraïbes dans la mise en place de stratégies nationale et régionale visant à assurer d’ici à 2010 l’accès universel aux soins pour les personnes touchées par le VIH/sida. Il s’est félicité que 21 pays des Caraïbes avaient soumis leur rapport d’évaluation sur les progrès réalisés dans la mise en œuvre des indicateurs clefs adoptés lors de la session extraordinaire de l’Assemblée générale de 2006. Il a estimé que l’élaboration de ce nombre sans précédent de rapport témoignait des progrès enregistrés aux niveaux national et régional et de la volonté des pays des Caraïbes de tenir leurs engagements internationaux en matière de santé. M. Douglas a notamment souligné les progrès réalisés dans le domaine de la lutte contre la transmission de la mère à l’enfant en saluant tout particulièrement le soutien apporté par ONUSIDA.
Malgré les progrès enregistrés et étant donné la taille des efforts nécessaires pour toucher un maximum des pays des Caraïbes d’ici à 2010, a-t-il indiqué, les pays de la région déploient des efforts pour développer au maximum leurs capacités humaines. « Nous voulons renforcer des systèmes de santé et offrir des services de santé de meilleure qualité pour la région dans le souci d’atteindre l’accès universel aux soins de santé, au traitement et à la prévention du VIH/sida. Si nous sommes conscients de notre responsabilité au niveau national, a-t-il ajouté, nous avons aussi besoin du soutien des institutions techniques et autres organismes internationaux pour nous aider à réaliser cet objectif ». M. Douglas s’est engagé à tout mettre en œuvre pour que la CARICOM reconnaisse que le VIH/sida est non seulement une priorité sur le long terme mais aussi d’une urgence qui nécessite des moyens novateurs.
M. TRUONG VINH TRONG, Vice-Premier Ministre du Viet Nam, a noté que, depuis la session extraordinaire de l’Assemblée générale en 2001 et la Réunion de haut niveau de 2006, les Nations Unies et la communauté internationale ont enregistré de nombreux progrès dans la mise en œuvre de la Déclaration d’engagement et de la Déclaration politique sur le VIH/sida, comme l’augmentation de l’accès aux médicaments antirétroviraux et une meilleure sensibilisation des populations sur la question. Cependant, afin que l’Objectif nº6 des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) soit réalisé, il faut encore redoubler d’efforts et il faut s’assurer que le nombre de nouvelles infections n’excède pas le niveau d’accès aux médicaments antirétroviraux. Il a espéré que la présente Réunion de haut niveau permettra à la communauté internationale de renforcer l’unanimité sur la nécessité d’améliorer la qualité des mesures essentielles.
Au cours des deux dernières années, le Gouvernement du Viet Nam, conscient de l’importance de la prévention, a mobilisé les ministres, les institutions, les organisations sociales et politiques et la société civile. M. Truong a précisé que le pays s’est doté de législations pour la lutte contre l’épidémie et a élaboré une stratégie nationale pour la prévention de la transmission du sida. Un système d’évaluation nationale a été créé et l’accès au traitement a progressé. Ainsi, a précisé le Vice-Premier Ministre, environ 83 000 personnes ont pu en bénéficier ces dernières années. Il a aussi parlé de la distribution de seringues propres et de préservatifs. Cependant, parmi les défis encore à relever, nous devons améliorer l’accès à la prévention, ainsi que l’accès aux soins et aux traitements. Le Vice-Premier Ministre a aussi indiqué que des efforts sont entrepris pour améliorer l’analyse des problèmes. Quant aux ressources financières, elles ne couvrent que 30% des besoins, a-t-il ajouté. M. Truong a donc appelé à une participation de la communauté internationale, notamment pour recevoir une assistance technique et financière. « Nous sommes convaincus que, grâce à une assistance internationale continue, le Viet Nam pourra relever les défis », a-t-il conclu.
Audition interactive officieuse avec la société civile
Le Président de l’Assemblée générale, M. SRGJAN KERIM, et le Secrétaire général des Nations Unies, M. BAN KI-MOON, ont tous deux ouvert l’Audition interactive officieuse avec la société civile sur le thème « Action pour un accès universel d’ici 2010: mythes et réalités ».
Pour M. Kerim, cette double épidémie n’est pas seulement une question importante de santé publique, mais aussi une cause principale de ce que nous appelons maintenant une urgence de développement, qui a un impact direct sur la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement d’ici à 2015. Afin de régler ces questions de façon efficace, au moyen d’un partenariat et d’une coopération concertés, nous devons toujours comprendre la nature interdépendante de ces problèmes, a-t-il dit. Le Président a estimé que les efforts visant à s’attaquer au VIH/sida soulignaient l’importance du partenariat parmi les États Membres, le système des Nations Unies, la communauté scientifique, le secteur privé et la société civile. Il s’est dit convaincu que les progrès réalisés à ce jour n’auraient pas été possibles sans la large collaboration entre les divers secteurs. M. Kerim a déclaré que la participation de la société civile constituait un lien essentiel entre la politique et la mise en œuvre. Le Président a espéré que la réunion d’aujourd’hui permettra de renforcer les efforts pour honorer les engagements et atteindre l’objectif crucial de la réalisation de l’accès universel d’ici à 2010, souligné dans la Déclaration politique de 2006.
Le Secrétaire général des Nations Unies a rappelé, pour sa part, que le rôle des gouvernements était de servir, de protéger et de défendre les droits de tous les citoyens, quels que soient leur âge, leur statut social, leur préférence sexuelle, leur mode de vie. La stigmatisation et la discrimination demeurent un obstacle majeur pour réaliser l’accès universel d’ici à 2010 à la prévention du VIH, au traitement, aux soins, et pour atteindre l’OMD visant à stopper l’épidémie et à la faire reculer. Nous devons faire plus pour éliminer toute discrimination contre les personnes atteintes par le VIH et défendre leurs droits, y compris le droit à la santé, le droit au travail et le droit de voyager, a-t-il dit. Le Secrétaire général a rendu hommage à tous ceux qui avaient mené la lutte au cours des dernières décennies et a salué le nouveau leadership. La prochaine phase, a-t-il souligné, exige une nouvelle approche qui associe la tactique de la crise d’urgence avec une vision stratégique à long terme. Nous devons laisser notre pied sur l’accélérateur et suivre en même temps la feuille de route, a-t-il conclu.
L’audition a débuté avec un message vidéo enregistré de M. MARK HEYWOOD, de l’Afrique du Sud, du Réseau international d’organisations d’entraide et de lutte contre le sida, dans lequel il a affirmé que les pauvres ne pouvaient pas se contenter de propos vides de sens. Il faut que la société civile aide les gouvernements, mais elle ne peut pas entièrement faire confiance à ses derniers, a-t-il dit, citant en particulier les violations des droits de l’homme commises par certains d’entre eux. Il a mis l’accent sur la nécessité pour la société civile de lutter en faveur des droits de l’homme. L’accès universel ne sera réalisé qu’avec la réalisation et les progrès des droits de l’homme, a-t-il assuré.
Ensuite, Mme GULNARA KURMANOVA, du Kirghizistan, de la Coalition internationale pour la santé des femmes, a estimé que les droits de l’homme des travailleurs sexuels devaient être protégés. Les politiques gouvernementales et les programmes de lutte contre le VIH/sida continuent de saper ces droits, a-t-elle assuré. Le travail sexuel est un travail légal et ne devrait pas être criminalisé, a-t-elle dit. M. LEONARDO SANCHEZ, de la République dominicaine, représentant Amigos Siempre Amigos, a mis l’accent, de son côté, sur les droits des minorités sexuelles. Il a appelé les gouvernements, les agences internationales et le système des Nations Unies à engager des ressources financières, à fournir un appui technique et à permettre un dialogue institutionnel soutenu afin de développer et d’autonomiser les communautés sexuelles minoritaires.
M. ALBERT ZARIPOV, de la Fédération de Russie, représentant le Conseil international des organisations de service SIDA, a abordé le cas des consommateurs de drogue. Selon lui, la société civile et les personnes vivant avec le VIH/sida qui utilisent de la drogue doivent participer activement aux politiques mondiales concernant la drogue afin de prendre en compte les questions de santé et des droits de l’homme. Mme WINNIE SSERUMA, du Royaume-Uni, représentant le Conseil mondial des Églises, qui s’est penchée sur le sort des femmes et des filles, a estimé que les gouvernements devraient fournir une éducation détaillée à celles-ci. Il convient également de faire plus pour traiter de la stigmatisation et de la discrimination liées au VIH/sida.
Mme SYLVIA PAULETTE DE RUGAMA PRADO, du Mexique, représentant les Femmes séropositives du monde, a exhorté la communauté mondiale à écouter les voix des enfants et à faire respecter les droits de toutes les femmes et de tous les enfants vivant avec le VIH. Toutes les mères vivant avec le VIH doivent avoir accès à un traitement complet, de même que les enfants et les orphelins également touchés. Si nous n’agissons pas maintenant, l’histoire nous jugera, a-t-elle assuré. Mme STEPHANIE RAPER, de l’Australie, représentant le Réseau mondial des personnes vivant avec le VIH, a apporté son témoignage sur les difficultés que rencontrent les jeunes vivant avec le VIH. Les enfants touchés par le VIH méritent les mêmes soins que tout un chacun, a-t-elle notamment affirmé.
M. LOON GANGTE HEMNINLUN, de l’Inde, représentant le Réseau mondial des personnes vivant avec le VIH, a concentré son intervention sur l’accès au traitement. Il a mis l’accent sur la nécessité d’accélérer la couverture du traitement de toute urgence. Nous n’avons que deux ans pour le faire, a-t-il prévenu. Il a appelé tous les dirigeants du monde à entamer une ère d’action et à affecter les ressources budgétaires adéquates pour réaliser l’accès universel d’ici à 2010 et sauver des millions de vies. Mme GRACIA VIOLETA ROSS QUIROGA, de la Bolivie, représentant le Réseau bolivien des personnes vivant avec le VIH/sida, a mis l’accent sur le problème des restrictions de voyage des personnes atteintes du VIH/sida qui constitue, a-t-elle précisé, une négation des droits de l’homme fondamentaux. Elle a demandé à tous les États Membres d’abolir toutes les restrictions de voyage et de résidence de toutes les personnes atteintes du VIH/sida.
M. GARY COHEN, des États-Unis, représentant BectonDickinson, et M. ROMANO OJIAMBO, de l’Ouganda, représentant le Conseil international des organisations de service SIDA, ont tous deux abordé la question de l’accès universel des travailleurs au traitement. Le VIH/sida affecte les travailleurs, y compris les travailleurs migrants, leurs familles et les entreprises qui les emploient, sapant la capacité de l’économie à préserver des emplois décents et des modes de vie adéquats pour tous. Ils ont notamment plaidé en faveur d’un plus grand investissement public et privé pour les initiatives sur les lieux de travail grâce à des programmes d’éducation, de prévention, de soins et de traitement. Mme ALESSANDRA NILO, du Brésil, représentant GESTOS, s’est intéressée à l’implication de la société civile et à la responsabilité des gouvernements face au VIH/sida. Elle a assuré qu’un partenariat véritable entre les gouvernements, les donateurs et les populations touchées exigeait un équilibre des pouvoirs dans les prises de décision, y compris celle du financement. Selon elle, ONUSIDA ainsi que les autres organisations pertinentes des Nations Unies doivent adopter une position ferme dans les pays pour appuyer des mécanismes inclusifs de contrôle démocratique et social.
Table ronde 1: Comment pouvons-nous partir des résultats obtenus et accélérer les progrès vers l’accès universel d’ici à 2010 – sur la voie d’atteindre les OMD d’ici à 2015?
Présidée par M. NIMAL SIRIPALA DE SILVA, Ministre de la santé et de la nutrition du Sri Lanka, cette table ronde devait constituer un moyen de dresser un bilan des résultats atteints et des lacunes existantes en matière de lutte contre la pandémie de VIH/sida, et d’identifier les solutions qui peuvent être adoptées collectivement, que ce soit aux niveaux régional, mondial ou national par chaque pays.
Il s’agit, a dit M. Siripala De Silva, d’une excellente occasion de s’engager dans une évaluation des résultats obtenus dans la mise en œuvre des engagements pris. Les chiffres au niveau mondial baissent, ce qui prouve, a-t-il dit, qu’avec de la volonté politique il est possible de trouver la bonne solution. Il a estimé urgent d’examiner d’un œil critique le cadre juridique existant pour apporter aux séropositifs la protection qui leur est nécessaire. Il est également temps de créer un mécanisme régional et mondial intégré de négociation de prix des biens liés à la lutte contre le VIH/sida, a estimé le Ministre. Il a en outre mis l’accent sur la nécessité de disposer d’un programme complet de sensibilisation et de plaidoyer pour tenter de dépister les personnes ayant besoin d’un traitement antirétroviral.
Mme NILCÉA FREIRE, Ministre chargée du Secrétariat spécial des politiques pour les femmes du Brésil, a estimé qu’il était crucial d’analyser les rapports nationaux de manière critique. Le Brésil est un des neuf pays en développement qui est parvenu à assurer à sa population 80% de couverture en matière de soins et de traitement, a-t-elle souligné, notant que ce chiffre demeurait encore insuffisant en raison des 20% de séropositifs qui ne sont pas encore couverts par ces mesures. La Ministre a aussi constaté que le mode d’infection changeait, le virus atteignant de plus en plus des petits villages situés dans des zones rurales et touchant de plus en plus de femmes, en particulier les jeunes. Mme Nilcéa Freire s’est félicitée notamment du fait que, dans les rapports de plusieurs pays, les inégalités entre les hommes et les femmes ont été désignées comme un obstacle à l’arrêt de la pandémie. Elle a souligné que des segments spécifiques de la population avaient des besoins spécifiques et variables et devaient bénéficier, à ce titre, de stratégies différentes.
S’il est important de reconnaître le problème, cela ne suffit cependant pas, a-t-elle par ailleurs affirmé, précisant notamment que son secrétariat et le Ministère brésilien de la santé avaient lancé en 2007 un Plan intégré, qui vise à entreprendre des actions aux niveaux fédéral, provincial et municipal pour combattre la pandémie de VIH/sida et d’autres maladies sexuellement transmissibles parmi les femmes et les filles. Pour Mme Freire, il convient, en vue d’obtenir des résultats tangibles, d’élargir l’accès aux soins et à la santé reproductive de qualité, ainsi que l’accès au traitement prénatal et gynécologique. Il faut aussi mieux lutter contre la pauvreté, les inégalités régionales, les inégalités entre les sexes, les races et les ethnies, et améliorer le niveau d’éducation des populations.
Mme LYDIA MUNGHERERA, de l’Organisation d’entraide dans le domaine du sida, a mis l’accent sur l’importance des droits de l’homme. Il est impossible de réaliser un accès universel d’ici à 2010 si les politiques et les programmes de lutte contre le VIH/sida n’intègrent pas les normes des droits de l’homme, a-t-elle assuré. Elle a ainsi souligné la nécessité de créer un environnement dépourvu de stigmatisation pour tous les groupes vulnérables, parmi lesquels les personnes handicapées, les minorités sexuelles, les travailleurs du sexe et les jeunes femmes, pour que ces groupes puissent avoir accès à la prévention, au traitement et aux soins. De même, a déploré Mme Mungherera, les inégalités entre les hommes et les femmes contribuent à accélérer la pandémie. Elle a en outre déclaré qu’un engagement politique fort des dirigeants était nécessaire pour accélérer l’atteinte de l’objectif d’un accès universel aux médicaments et aux soins d’ici à 2010, et atteindre, avant 2015 les Objectifs du Millénaire pour le développement.
Mme MARGARET CHAN, Directrice générale de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a mis l’accent, de son côté, sur la nécessité de se fixer des cibles nationales, ce qui permettra aux pays de placer la barre très haut, de multiplier les programmes et de tirer parti des leçons apprises ailleurs. Mme Chan a cité l’exemple de l’Éthiopie qui, a-t-elle dit, a réussi à tripler la couverture en services de tests en quelques années seulement. De même, les investissements ont été accrus en matière de programmation et de dépistage du VIH/sida, s’est-elle félicitée. La Directrice générale de l’OMS a par ailleurs estimé que le financement de la lutte contre la pandémie devait être durable et prévisible. En outre, la stigmatisation et la discrimination constituent des obstacles considérables au traitement, a-t-elle assuré, précisant que la lutte contre la discrimination était souvent inscrite dans des programmes nationaux. Elle a également souligné l’importance de la prévention et de la prise en charge par les pays de leurs propres programmes. Bien que des progrès aient été réalisés, il nous reste néanmoins beaucoup de pain sur la planche, a-t-elle déclaré. Cette pandémie a une influence considérable sur le programme de développement, a-t-elle conclu.
Parmi les représentants des États Membres qui ont pris part à la discussion, la représentante de la Norvège a mis l’accent sur la nécessité non seulement d’augmenter le nombre des résultats positifs obtenus, mais aussi de rattraper les retards accumulés dans la mise en œuvre de certains programmes. Elle s’est en outre interrogée sur les normes en matière de dépenses. Quelle est la qualité du financement? Quels sont les fonds utilisés? a-t-elle notamment demandé. Tous les pays devraient accroître leur contribution pour renforcer les systèmes de soins de santé et améliorer la prévention, a estimé pour sa part son collègue de l’Espagne. Celui-ci a également plaidé en faveur d’une meilleure représentation des femmes aux postes de décisions liés à la lutte contre le VIH/sida. Pour le représentant du Guyana, il est indispensable de se pencher sur la question du traitement qui serait le plus rapide possible et accessible aux personnes infectées par le VIH/sida.
La représentante des États-Unis a estimé que de nombreuses voix ne se faisaient toujours pas entendre, comme celles des enfants, qui ne sont pas représentés dans les groupes de discussion. Le représentant de Cuba a jugé nécessaire, notamment, que les services de santé soient rapprochés des populations et des personnes affectées par la pandémie, et que celles-ci puissent disposer de niveaux d’éducation et d’alimentation normaux. Le représentant de l’Afghanistan a, lui aussi, souligné l’importance de l’éducation et de la sensibilisation des jeunes si on voulait mener une lutte efficace contre le VIH/sida.
Table ronde 2: Les grandes difficultés de mettre en place une direction et un appui politique dans les pays où l’épidémie est concentrée
Avant d’ouvrir le débat, la Présidente de la table ronde, Mme CAROLINE CHANG, Ministre de la santé de l’Équateur, a d’abord défini le concept d’« épidémie concentrée ». Elle intervient lorsque le VIH s’est propagé rapidement au sein d’au moins une sous-population déterminée, sans qu’il soit pour autant bien installé dans la population générale.
Dans ce cas, la prévalence du VIH demeure de façon constante au-dessus de 5% dans au moins une sous-population déterminée comme telle alors que la prévalence parmi les femmes enceintes des zones urbaines n’atteint pas 1%. Une épidémie de ce type suggère l’existence de réseaux à risque actifs dans la sous-population et entre sous-populations.
La majorité des pays, en a conclu la Présidente, vit des épidémies concentrées à faible intensité dont les groupes à risque sont les travailleurs sexuels, les toxicomanes, les homosexuels et les détenus qui continuent de souffrir d’exclusion sociale et de stigmatisation. Elle a rappelé qu’à ce jour, un tiers des pays n’ont toujours pas de programmes de lutte contre la discrimination alors qu’un grand nombre d’autres interdit carrément l’accès des groupes à risque à la prévention, aux traitements et aux services d’appui.
En Norvège, les efforts de prévention et de soins se fondent sur le principe « suivre le virus ». Elle cible donc en premier lieu les groupes à risque, a indiqué Mme RIGMOR AASRUD, Secrétaire d’État à la santé et aux services de soins de la Norvège. L’expérience a montré, a-t-elle dit, que les toxicomanes sont ceux qui montrent la plus grande capacité de changer leur comportement. À ce stade, la Norvège travaille sur une loi interdisant l’industrie du sexe car la situation des travailleurs de cette industrie, en particulier les étrangers, reste prioritaire.
La Norvège, a promis la Secrétaire d’État, ne pourra prétendre à aucun succès aussi longtemps que l’épidémie continuera de se répandre dans la population homosexuelle, que de nombreux Norvégiens continueront de croire que le baiser est une voie de transmission du virus et que les personnes infectées par le VIH feront régulièrement l’objet de discriminations.
La clef, a-t-elle martelé, réside dans la prévention et le travail avec les groupes cibles dans l’élaboration et la mise en œuvre des mesures prises. La clef réside aussi et surtout dans une approche fondée sur les droits de l’homme et le respect de la dignité et de l’autonomie des personnes. Il est temps, a-t-elle conclu, que nous ayons le courage d’adopter des politiques audacieuses.
Ces politiques, a renchéri Mme SONAL MEHTA de l’Alliance VIH/sida-Inde, doivent corriger la tendance des gouvernements à répondre sur le plan national au lieu de s’adresser aux groupes les plus affectés. Défendant, à son tour, une approche fondée sur les droits, elle a en effet regretté que l’on n’offre pas toujours aux personnes infectées les moyens de se faire entendre. Dans des pays comme l’Inde, a-t-elle insisté, des sous-populations entières doivent entrer dans la clandestinité.
La première leçon à retenir, a-t-elle estimé, est que les programmes de prévention ne suffisent pas. Il faut financer, de manière adéquate, les stratégies visant à « décriminaliser » les travailleurs du sexe et les homosexuels. Elle a aussi jugé important que les pays soient tenus de rendre compte des mesures qu’ils ont prises contre la discrimination. La représentante du Qatar a regretté que, dans tout cela, on ait oublié le rôle de la famille, vecteur de discrimination mais aussi, lorsqu’elle est soutenue, d’information et d’accès aux soins.
Le rôle de la famille est capital, en particulier, lorsqu’il s’agit d’aider les usagers de drogues à se guérir de leur maladie, a reconnu le Directeur exécutif de l’Office des Nations contre la drogue et le crime. M. ANTONIO MARIA COSTA a rappelé que dans les pays à épidémie concentrée, un tiers des malades du sida sont les usagers de drogues alors que moins de 5% de ces usagers reçoivent un traitement contre leur toxicomanie. Dans la région d’Asie-Pacifique, les homosexuels représentent 50% des personnes infectées, a souligné l’Ambassadeur de l’Australie pour le développement qui a, par ailleurs, réclamé l’abolition de toutes lois interdisant la sodomie, au nom de la lutte contre la discrimination.
Le Directeur exécutif a aussi dénoncé la situation dans les centres de détention et dans les prisons qui hébergent 10 millions de personnes et qui effectuent donc au moins 30 millions de roulements, avec le potentiel de contamination que l’on connaît. Dans les prisons, les taux de prévalence sont 20 fois supérieurs aux taux du monde extérieur. Comme solutions, M. Costa a préconisé une réforme des appareils judiciaires qui mènerait à la substitution des peines en peines plus légères, lorsque cela s’avère possible, ou au placement des malades dans des hôpitaux et non en prison. Le Directeur exécutif a aussi pointé le doigt sur les dangers de l’industrie du sexe dans laquelle travaillent des dizaines de milliers de personnes charriant des centaines de millions de clients.
Au titre des succès, le représentant de l’Ukraine a expliqué que le rythme de la propagation de l’épidémie a baissé dans son pays, grâce aux programmes de prévention de la discrimination, élaborés dans le cadre d’une coopération entre le Gouvernement et la société civile, donc les églises et le monde des affaires.
Mais nous devons faire plus, a-t-il reconnu, en révélant que la prévention ne touche que 40% des toxicomanes et 8% des prisonniers. Le pays doit aussi faire plus pour toucher les migrants. En matière de drogues, a encore dit le représentant, nous devons passer d’une politique de châtiment à une politique de prévention. Une bonne politique de la drogue est une bonne politique du sida, a commenté un orateur de la société civile, qui a aussi attiré l’attention sur la situation des migrants.
En revanche, ses propos sur le fait que « ceux qui travaillent à Vienne sur la drogue ne savent pas ce que font ceux qui s’occupent du VIH/sida à Genève », ont été catégoriquement rejetés par le Directeur exécutif de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime.
Suite des déclarations
S’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. JOHN H. MAGINLEY, Ministre de la santé d’Antigua-et-Barbuda, a estimé que les actions prioritaires en matière de lutte contre la pandémie de VIH/sida étaient les suivantes: tout d’abord, promouvoir une sensibilisation accrue aux aspects de prévention par la mise en place de stratégies nationales adaptées. M. Maginley a ensuite estimé qu’il fallait renforcer les systèmes de santé dans les pays en développement, notamment en mettant l’accent sur le lien entre la promotion des soins de santé génésique et les politiques de lutte contre la pandémie. En outre, a-t-il poursuivi, il est absolument nécessaire de renforcer les capacités de ces pays en comblant le manque de personnels médicaux qualifiés dont ils souffrent. Par ailleurs, des traitements antirétroviraux génériques doivent être mis à la disposition des groupes les plus vulnérables, a ajouté le Ministre de la santé d’Antigua-et-Barbuda, et cela doit passer par la suspension des régimes de droits de propriété intellectuelle. Évoquant ensuite les questions de recherche et de développement, M. Maginley a déclaré que le Groupe des 77 et de la Chine était encouragé par les travaux qui sont en cours sur le développement d’une nouvelle génération de microbicides, utile dans le cadre de la prévention de la propagation du virus du VIH. Selon le Ministre, il faut également mobiliser davantage de ressources pour répondre aux besoins, qui se situeront entre 27 et 43 milliards de dollars en 2010, et entre 35 et 49 milliards de dollars en 2015. À cette fin, des sources de financement fiables sont indispensables, et les pays les plus en difficulté doivent être soulagés du poids de la dette extérieure qui les accable. Quant aux pays développés, ils doivent respecter les engagements qu’ils ont pris en matière d’aide publique au développement, a conclu M. Maginley.
S’exprimant au nom du Groupe de Rio, M. JOSE ANGEL CORDOVA VILLALOBOS, Ministre de la santé du Mexique, a souligné le lien entre développement et VIH/sida, indiquant que la lutte contre la pandémie répondait non seulement à l’un des Objectifs du Millénaire pour le développement, mais contribuait à la réalisation de plusieurs autres de ces Objectifs. Il a ensuite indiqué que si, en Amérique latine, le taux de prévalence était relativement stable, celui des Caraïbes n’en était pas moins en hausse. Depuis que l’Assemblée générale s’est saisie de la question du VIH/sida, le Groupe de Rio n’a pas cessé de plaider pour un accès universel au traitement, a rappelé M. Villalobos. Certes des progrès ont été accomplis dans cette direction, mais des mécanismes de coopération innovants sont plus que jamais nécessaires pour réduire le prix des médicaments antirétroviraux, a fait observer le Ministre. Selon lui, l’accent devrait être également mis sur la sensibilisation aux dangers de la pandémie et les stratégies de prévention. Celles-ci devraient s’appuyer sur des faits indiscutables et être centrées sur les groupes vulnérables. Dans ce contexte, elles devraient prendre en compte l’impact psychologique de la maladie, afin de veiller à ce que, d’ici à 2010, 95% des jeunes du monde entier soient en possession de toutes les informations nécessaires concernant le VIH.
Dans de nombreux cas, a rappelé M. Villalobos, les stigmates, la discrimination et l’homophobie ont empêché une discussion franche à ce sujet, façonnant une culture de la dissimulation, du silence et de la honte. Il faut briser ce cycle, a-t-il exhorté, grâce à des campagnes d’information claires et à une législation promouvant l’égalité. La prévention doit aussi se faire dans le respect des droits de l’homme pour tous, qu’il s’agisse de femmes, d’enfants, de jeunes, d’homosexuels, de travailleurs du sexe, de migrants, de réfugiés ou de personnes déplacées, a ajouté le Ministre. S’exprimant dans un second temps en sa qualité de représentant du Mexique, M. Villalobos a indiqué que son pays, en l’espace de cinq ans, avait décuplé ses ressources pour répondre au fléau de la pandémie: il a notamment accru de 390% la disponibilité de traitements antirétroviraux pour les personnes privées d’assurance médicale et dépensé 350 millions de dollars par an pour lutter contre le VIH/sida.
M. BRIAN CHITUWO (Zambie), qui s’exprimait au nom de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), a indiqué que cette région, qui compte 4% de la population mondiale, concentre 36% de la population mondiale vivant avec le VIH et le sida. C’est donc la région la plus touchée par l’épidémie. Les chefs d’État et de gouvernement des pays de la SADC se sont engagés à renverser l’épidémie et à réduire l’impact du VIH/sida dans plusieurs documents. Il a notamment cité la Déclaration d’Abuja et celle de la session extraordinaire de l’ONU, de 2001, ainsi que la Déclaration de Maseru de 2003 et celle de Brazzaville de 2006. Aux termes de la Déclaration de Maseru sur le VIH/sida, cinq domaines d’intervention prioritaire ont été identifiés: la prévention et la mobilisation sociale; l’amélioration des services de soins, d’accès de conseil et de dépistages; l’accélération du développement et atténuation de l’impact du VIH et du sida; l’intensification de la mobilisation des ressources; et le renforcement du contrôle institutionnel et des mécanismes d’évaluation.
Grâce à ces engagements, des progrès importants ont été réalisés dans ces domaines, a indiqué M. Chituwo. Il a signalé que de plus en plus de ressources sont mobilisées aux niveaux régional et national, comme par l’intermédiaire du Fonds régional créé par la SADC. La réponse au problème du VIH et du sida a aussi reçu des contributions généreuses de la part des partenaires internationaux de coopération et de donateurs. M. Chituwo a fait remarquer que les pays de l’Afrique australe étaient encore confrontés à des défis importants comme les systèmes de santé surchargés, le sous-développement et la pauvreté, le contrôle et les systèmes d’évaluation insuffisants, le manque d’harmonisation des ressources consacrées à la lutte contre le sida, ainsi que le coût prohibitif des médicaments. En tant que région, a conclu le représentant de la SADC, nous devons explorer plus avant les possibilités de partenariat avec les institutions financières et de développement.
S’exprimant en sa qualité de Ministre de la santé de la Zambie, M. Chituwo a déclaré que le Gouvernement zambien avait pris des mesures audacieuses pour lutter contre le VIH/sida, notamment en lançant un Programme de prévention de la transmission du virus de la mère à l’enfant, dont bénéficient 40% des mères concernées. Par ailleurs, plus de 50% de nos citoyens qui ont besoin d’un traitement y ont accès gratuitement, s’est félicité le Ministre. En outre, a-t-il poursuivi, nous avons mis sur pied un Conseil chargé de coordonner la réponse multisectorielle à apporter à la pandémie. Cet organe a permis d’initier un Cadre national de lutte contre le VIH/sida et de faciliter une action décentralisée dans tout le pays, a poursuivi M. Chituwo. Enfin, a conclu le Ministre, des politiques de prévention et de soins ont été adoptées en faveur des communautés les plus vulnérables.
Mme AMENTA MATTHEW, Ministre de la santé des Îles Marshall, qui parlait au nom des petits États insulaires en développement du Pacifique, a reconnu que même si la prévalence du VIH reste faible dans la plupart de ces pays, le VIH/sida continue à poser un problème majeur dans la région. Nos pays présentent des risques élevés du fait de la grande proportion de jeunes dans la population, a-t-elle relevé, et aussi à cause du taux de changement social qui évolue rapidement et de la grande mobilité de nos populations. Le Ministre a aussi parlé du grave problème de la tuberculose dans la région du Pacifique, où le taux d’infection dans certains pays est parmi les plus élevés du monde, sachant en plus que cette maladie est particulièrement mortelle pour les personnes atteintes du sida. Il faut aussi noter que la situation géographique isolée des îles de la région constitue un obstacle pour la fourniture des soins préventifs Les principaux facteurs dans la transmission du sida sont le manque de ressources, la réticence des communautés à traiter de la question taboue du sida et des autres maladies sexuellement transmissibles, les faibles capacités à fournir des soins et traitements adéquats, le défaut de coordination entre les gouvernements nationaux et régionaux et les inégalités homme-femme.
La Ministre a assuré que les gouvernements des pays de la région s’engageaient à travailler ensemble pour mettre fin à la propagation de l’épidémie, citant la stratégie régionale adoptée dans les années 1990. Elle a mentionné la création d’un comité conjoint à Kiribati sur le sida et la tuberculose, celle du Conseil national de la Papouasie-Nouvelle-Guinée et l’engagement des dirigeants de Fidji au plus haut niveau. Il y a aussi les aides fournies par le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, et l’Initiative franco-australienne, a-t-elle ajouté. La Stratégie régionale du Pacifique a été en outre étendue à la période 2009-2013. La Ministre a ensuite attiré l’attention sur les effets des changements climatiques sur les petits États insulaires, comme les déplacements de population qui constituent une source de propagation de la maladie, en particulier chez les groupes les plus vulnérables, c’est-à-dire les femmes et les enfants. Elle a donc appelé à intégrer les préoccupations en matière de santé dans les stratégies de lutte contre les conséquences des changements climatiques.
Intervenant ensuite en sa capacité nationale, la Ministre de la santé des Îles Marshall a indiqué que son pays, malgré sa petite taille et sa situation géographique, n’échappe pas à l’épidémie du VIH/sida, ayant recensé, depuis la fin des années 1980, 12 cas de VIH et deux cas de sida. Mais les Îles Marshall ont accompli de grands progrès dans la promotion de l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes. « Nous avons restructuré nos systèmes de services de santé et amélioré la coordination entre le VIH/sida et la santé reproductive », a précisé la Ministre. Avant de conclure, elle a invité la communauté internationale à participer au financement de la recherche et du développement dans son pays, les fonds nécessaires ayant été évalués à 11,4 milliards de dollars pour renverser la tendance de l’épidémie d’ici à 2015.
Mme CAROLINE CHANG, Ministre de la santé publique de l’Équateur, a déclaré que son pays considérait que la pandémie du VIH/sida ne peut être jugulée si une prévention durable n’est pas établie à l’échelle mondiale. Elle a ainsi estimé que les politiques de lutte contre la maladie ne doivent pas être gérées dans l’urgence mais sur le long terme, en s’appuyant sur des ressources adéquates. La Ministre a ensuite indiqué que les programmes éducatifs équatoriens comportaient, à des fins de prévention, un volet consacré à l’éducation sexuelle et au VIH/sida. Elle a précisé que près de 13 000 personnes vivent en Équateur avec le virus du sida depuis 1984, et que les différents services sanitaires spécialisés permettent au pays de fournir des traitements à 80% des individus contaminés. L’Équateur compte sur le soutien de la Banque mondiale pour répondre à ses besoins en matière de traitements antirétroviraux, a dit la Ministre de la santé, ajoutant qu’un réseau national de centres de soins couvrait le pays jusqu’à ses zones rurales les plus reculées.
Mme Chang a également signalé que la Constitution de l’Équateur interdisait la discrimination contre les personnes vivant avec le virus du VIH, y compris celles qui ont une orientation sexuelle différente. Elle a déclaré qu’en 2006, le budget alloué à la lutte contre le sida avait pratiquement atteint les 3 millions de dollars, ce qui représente une augmentation de 600 000 dollars par rapport à l’exercice 2005. En conclusion, Mme Caroline Chang a notamment estimé qu’il fallait accroître l’accès à la prévention en faveur des groupes les plus exposés: les travailleurs du sexe, les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes, les utilisateurs de drogues injectables, les prisonniers et les franges des plus exclues de la population.
M. DANIEL K. KWELAGOBE, Ministre des affaires présidentielles et de l’administration du Botswana, s’est déclaré particulièrement préoccupé par la progression de la pandémie en Afrique subsaharienne. Depuis plus de deux décennies, le Botswana a mis en place une réponse nationale agressive sous la houlette de l’ancien Président du pays, M. Festus G. Mogae, qui est aussi à la tête d’un Conseil national sur le VIH/sida. « Grâce à nos efforts de prévention dans le cadre d’un Programme de transmission de la mère à l’enfant, 96% des enfants nés au Botswana ne sont plus atteints du VIH/sida, alors qu’ils étaient encore à 60% en 1999 », a assuré M. Kwelagobe. En outre, le Gouvernement a introduit un test de dépistage routinier du VIH dans tous ses locaux, afin de pouvoir mieux cibler les personnes qui nécessitent un traitement. Depuis 2006, le Botswana enregistre un déclin de la prévalence parmi ceux qui ont été soumis à un test pour la première fois, a affirmé le Ministre. De manière plus générale, nous observons un ralentissement, sinon un déclin, de la pandémie, qui suggère une espérance de vie plus importante des personnes en traitement, a-t-il conclu.
M. AMAR TOU, Ministre de la santé, de la population et de la réforme hospitalière de l’Algérie, a déclaré que, comme le montre le rapport du Secrétaire général de l’ONU, la prévalence mondiale du VIH s’est stabilisée, mais les progrès restent inégaux, certains pays africains demeurant lourdement affectés. Il a ajouté que cette situation n’était pas sans relation avec le niveau de pauvreté, les conflits et le non-développement. Le Ministre algérien de la santé a ensuite évoqué l’état de la pandémie dans son pays, indiquant que la prévalence du VIH en Algérie n’est que de 0,14%. M. Tou a expliqué que malgré le faible taux de cette prévalence, l’engagement de son pays dans la lutte contre la maladie restait total et résolu. L’adhésion de l’Algérie à tous les engagements internationaux de lutte contre cette pandémie témoigne de sa volonté de s’intégrer à la riposte mondiale. Au plan interne, a poursuivi M. Tou, cet engagement se traduit par la mise en œuvre d’une politique globale qui s’appuie sur un large réseau de prise en charge visant l’accès universel à la prévention, aux traitements, aux soins et au soutien psychosocial ainsi qu’à la lutte contre la stigmatisation. Après avoir été le premier pays dans le monde arabe et musulman à voir la naissance d’une association de personnes vivant avec le VIH, témoin significatif de son partenariat stratégique avec la société civile, notre politique nationale s’est concrétisée par la mise en place d’un dispositif national destiné à faciliter l’accès pour tous sans exclusion et constitué d’un réseau de 60 centres de dépistage volontaire, de 12 centres de traitement et d’un laboratoire national de référence. Outre les ressources nationales, M. Tou a précisé que l’appui de l’ONUSIDA et du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme ont contribué au déploiement de ce dispositif.
Mme ULLA SCHMIDT, Ministre fédérale de la santé de l’Allemagne, a exprimé sa préoccupation à la lecture de certains messages contenus dans le rapport du Secrétaire général, notamment en ce qui concerne l’accès universel au traitement d’ici à 2015. Elle a indiqué que le G-8, l’année dernière, a débloqué 60 milliards d’euros pour lutter contre le VIH/sida et le paludisme. « Nous allons nous-mêmes doubler notre aide financière allouée à la lutte contre le VIH/sida, en versant 600 millions d’euros pour 2010 », a-t-elle ajouté. Mais sans l’amélioration des services de santé, tout effort restera vain, a-t-elle fait remarquer. La Ministre a demandé aux dirigeants de lutter contre la discrimination et la stigmatisation, et d’éviter par exemple des mesures limitant l’accès sur le territoire national aux séropositifs. « Conscient de ces défis, a-t-elle poursuivi, nous avons lancé dans la cadre de notre présidence de l’Union européenne, une nouvelle initiative décrite dans la Déclaration de Brême. Cette stratégie est axée sur l’éducation des jeunes et des femmes, les soins de santé, la prévention, la transmission femme-enfant, l’accès au dépistage anonyme, l’accès universel aux traitements et soins. Cette stratégie ne sera couronnée de succès que si la société civile s’y associe, a-t-elle aussi estimé, notant que chaque pays a commencé à identifier les domaines d’action à creuser.
Mme GHALIA BINT MOHAMMAD BIN HAMAD AL-THANI, Présidente de l’Autorité nationale de la santé du Qatar, a indiqué que même si le taux de prévalence du VIH reste très faible dans sa région, son pays reconnaît le devoir d’appuyer les efforts que déploie la communauté internationale pour aider les pays les plus affectés. S’agissant de son pays, elle a indiqué que l’Autorité nationale a signé un accord avec le PNUD pour l’élaboration d’une stratégie nationale, le lancement de programmes et de politiques conformes aux principes et valeurs de la société qatarienne et l’offre d’un appui global aux personnes vivant avec le VIH et leurs familles. Détaillant les mesures de mise en œuvre de la stratégie, elle a indiqué qu’une loi est à l’étude pour renforcer le respect des droits des personnes vivant avec le VIH. Une telle loi sera la première du monde arabe, a-t-elle dit, en exprimant sa détermination à faire accepter ses dispositions par les autres États de la région.
M. NIMAL SIRIPALA DE SILVA, Ministre de la santé et de la nutrition du Sri Lanka, a indiqué que son pays fournissait gratuitement à qui en a besoin un traitement antirétroviral, grâce notamment à l’appui financier de la Banque mondiale et de la Fondation Clinton. Il a ajouté que la Stratégie nationale de lutte contre la pandémie de VIH/sida établie par son pays ciblait les groupes les plus vulnérables. À cet égard, le Ministre sri-lankais a rendu hommage aux efforts de la société civile, très active, a-t-il dit, dans la mise en œuvre de programmes de prévention destinés à toutes les catégories de personnes exposées, y compris les rares utilisateurs de drogues injectables. M. de Silva a ensuite attiré l’attention sur la situation des migrants sri-lankais, dont de nombreuses femmes peu qualifiées, qui contractent souvent le virus du sida lors de leurs séjours professionnels à l’étranger. Le Gouvernement du Sri Lanka fournit l’aide médicale à ces personnes, en vue notamment de réduire le risque de transmission de la femme à l’enfant. Évoquant la situation des quelque 30 000 prisonniers incarcérés dans les prisons d’État, M. de Silva a déclaré que ces derniers pouvaient suivre des programmes de prévention et recevoir des conseils dispensés par des conseillers médicaux. Enfin, le Ministre sri-lankais de la santé et de la nutrition a fait savoir qu’une campagne de sensibilisation aux risques sera bientôt lancée à travers tout le pays en vue de changer les perceptions à l’égard du VIH/sida et des personnes contaminées.
Mme ANDREA KDOLSKY, Ministre de la santé de l’Autriche, a déclaré que le Gouvernement autrichien avait obtenu des résultats remarquables en adoptant des mesures législatives et lancé des campagnes de sensibilisation aux dangers du VIH/sida, qui tiennent compte des questions de genre et de discrimination. Alors qu’un accès excellent aux traitements antirétroviraux est offert aux malades dans le monde industrialisé, le VIH/sida demeure un grave problème en Afrique subsaharienne, a fait observer la Ministre. L’Autriche est tout particulièrement préoccupée par la féminisation de la pandémie sur ce continent. Elle s’inquiète de l’impact de la pandémie, qui affecte de manière déséquilibrée les hommes et les femmes d’Afrique, qui représentent 61% des malades. Mme Kdolsky a indiqué que son gouvernement œuvrait à la mise en place de stratégies et de programmes centrés sur l’Afrique subsaharienne. Dans ce contexte, le Ministère du développement et de la coopération de l’Autriche travaille étroitement avec ONUSIDA, a-t-elle indiqué. Cependant, pour plus d’efficacité, une approche multisectorielle est nécessaire, a souligné la Ministre, qui a expliqué que des investissements devaient êtres réalisés pour renforcer les infrastructures de santé et améliorer la formation des personnels soignants.
M. EVGUENII JELEV, Ministre de la santé publique de la Bulgarie, a estimé que la réponse nationale effective au VIH/sida devient une réalité quand la forte volonté politique et le leadership national sont doublés d’actions communes et de ressources financières conséquentes, comme cela a été le cas dans son pays. Depuis 1996, il existe un Comité national de prévention du sida et, en 2001, la Bulgarie a élaboré une stratégie nationale de lutte contre le VIH/sida, a-t-il précisé. En outre, le montant annuel des ressources allouées au budget du Ministère de la santé pour la lutte contre le sida a augmenté de presque six fois en 8 ans. Cela fait 10 ans que le pays offre un traitement antirétroviral gratuit, a-t-il ajouté. À ce jour, la Bulgarie suit une approche intégrée qui comprend la prévention, le traitement et les soins assortis d’un soutien aux personnes atteintes de la maladie. Le Ministre bulgare de la santé publique a aussi expliqué que certains centres sociaux sont basés au sien des communautés roms, afin de renforcer l’accès aux services. Mais la Bulgarie doit encore trouver les moyens d’assurer la viabilité des mesures en place et d’augmenter les ressources financières. Il lui faut aussi étendre les services de prévention et assurer un accès équitable à l’éducation à la santé pour tous les jeunes.
Mme CHRISTINE NEBOUT ADJOBI, Ministre de la lutte contre le sida, de la Côte d’Ivoire, a déclaré que de 2005 à 2007, les dépenses réalisées par l’État ivoirien et ses partenaires financiers pour la lutte antisida étaient d’environ 80 millions de dollars. En matière de sécurité transfusionnelle, 100% des unités de sang à transfuser font l’objet de dépistage systématique du VIH/sida. Le nombre de personnes sous antirétroviraux est en outre passé de 36 000 en 2006 à environ 50 000 aujourd’hui, a ajouté Mme Nebout Adjobi. Elle a poursuivi son intervention en signalant que depuis 2004 une attention particulière était accordée aux patients tuberculeux qui sont aussi infectés par le VIH: 90% d’entre eux sont placés sous clotrimoxazole et 26% sous antirétroviraux. Elle s’est de plus félicitée de ce que les jeunes commencent à changer leur comportement, en retardant par exemple leurs premiers rapports sexuels. Évoquant les défis à relever, Mme Nebout Adjobi a noté la faible utilisation de préservatifs lors des rapports à risque ainsi que le faible niveau de dépistage, qui est estimé à 3% de la population générale. Elle a conclu en soulignant les effets positifs de l’Accord politique de Ouagadougou de mars 2007, dans le prolongement duquel doit être lancé le plan d’intensification de la prévention contre le VIH/sida, et finalisé l’accord de financement du projet d’urgence multisectoriel de lutte contre le sida.
Son Altesse Royale, la Princesse Mme NORODOM MARIE RANARIDDH, Ministre et Présidente de l’Autorité nationale sur le sida du Cambodge, a annoncé que le taux de prévalence du sida dans son pays a cessé d’augmenter et on note même une faible réduction, selon les données figurant au rapport 2008 sur la mise en œuvre de la Déclaration d’engagement de l’ONU sur le VIH/sida. Le Cambodge a donc atteint l’Objectif du Millénaire pour le développement concernant la lutte contre le VIH/sida, en assurant le traitement aux 25 000 personnes concernées. La Ministre a précisé que la prévalence chez les adultes âgés de 15 à 49 ans est passée de 1,2% en 2003 à 0,9% en 2006. Ce renversement de tendance est dû à une approche pragmatique adoptée dans le domaine de la prévention, qui comprend des services de conseils et de dépistage, et dans l’accès aux médicaments antirétroviraux. Elle a cité aussi la détermination des dirigeants politiques à tous les niveaux qui a permis aux individus, aux communautés et à la société civile de s’approprier les efforts. En outre, a-t-elle indiqué, les institutions ont développé la capacité nationale d’investissement et les personnes marginalisées ont été placées au centre de la stratégie nationale. La Ministre a aussi expliqué le succès de la lutte contre le sida du Cambodge par la bonne gouvernance et par moins de discrimination.
Pour illustrer ces propos, la Ministre a cité comme exemples l’utilisation cohérente de préservatifs chez les personnes ayant des comportements à risque, ou le dépistage volontaire. Elle a aussi évoqué l’existence de plans d’action visant en particulier les toxicomanes, les hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes, ainsi que les mères pouvant transmettre le sida à leur enfant. Le Cambodge demeure cependant confronté à de nombreux défis, comme le renversement des tendances alarmantes de l’industrie du sexe, la lutte contre les inégalités homme-femme, la lutte contre la pauvreté ou encore l’amélioration de l’éducation et les soins aux enfants vulnérables ou orphelins. La Ministre a ensuite partagé l’expérience positive du Cambodge qui a recueilli les fruits de ses investissements dans le domaine de la santé, notamment pour les enfants. Pour compléter la stratégie de lutte contre le sida, il faut encore investir dans le secteur social, en s’intéressant en particulier aux femmes et aux enfants, a-t-elle indiqué. C’est pourquoi, elle a appelé la communauté internationale à continuer à soutenir, par une aide financière, les efforts de son pays.
Mme ELSA PALOU, Ministre de la santé du Honduras, a déclaré que la propagation de la pandémie de VIH/sida reflétait de manière saisissante toutes les discriminations qui se produisent au sein de nos sociétés. Cela est tout particulièrement vrai des femmes vivant avec le virus du VIH, qui ne subissent pas seulement les symptômes de la maladie, mais aussi les préjugés qui l’accompagnent. La Ministre a donc affirmé qu’il fallait relever le défi de la féminisation de la pandémie de manière intégrale et s’attaquer à ses causes profondes, qu’il s’agisse du machisme, de la violence ou de la pauvreté. Au niveau national, le Honduras a lancé des stratégies axées sur l’accès universel à la prévention et aux traitements, a dit Mme Palou. Depuis 2006, nous avons traité 57% des personnes qui en avaient besoin grâce au soutien du Fonds mondial de lutte contre le VIH/sida, le paludisme et la tuberculose, a-t-elle précisé. L’une des stratégies qui a été couronnée de succès a été la prévention de la transmission du virus de la mère à l’enfant, qui bénéficie aujourd’hui à 80% des femmes concernées, a ajouté la Ministre.
M. KHUMBO KACHALI, Ministre de la santé du Malawi, a indiqué que la lutte contre le sida est une des six priorités inscrites dans la Stratégie pour le développement et la croissance du pays. Le taux de prévalence chez les adultes a baissé entre 2005 et 2007, passant de 14,4% à 12%. Le Ministre malawite a aussi noté des changements positifs dans les comportements des individus et le niveau des connaissances qu’ils ont sur la maladie. Il a parlé de l’utilisation des préservatifs qui a nettement augmenté. On a aussi constaté des améliorations dans l’accès aux traitements et aux services, comme le dépistage, le traitement aux antirétroviraux et l’aide aux orphelins et aux enfants rendus vulnérables par le sida, a indiqué M. Kachali. En ce qui concerne les droits fondamentaux et les droits de l’homme permettant de réduire la vulnérabilité au sida, le Ministre de la santé du Malawi a assuré que les politiques adoptées au niveau national fournissent à cet égard un cadre législatif et administratif clair. Parmi les défis que le Malawi doit encore relever, il a cité le problème du renforcement des capacités en termes de ressources humaines, celui de l’inadéquation des infrastructures et celui des procédures à suivre pour mieux utiliser les fonds des donateurs. Enfin, il a mis l’accent sur l’importance de la coopération internationale dans la lutte collective contre le VIH/sida.
Mme NAOMI SHBAN, Députée du Kenya, a indiqué que le taux d’infection du VIH avait décliné dans son pays, passant de 2001 à 2006 de 14% à 5,1%. La députée a imputé cette baisse aux efforts entrepris par les autorités kényennes dans le domaine de la prévention et des soins. Elle a ainsi expliqué que le nombre de patients soumis à des antirétroviraux étaient actuellement de 190 000, contre 65 000 il y a deux ans. Les sites de conseils et de dépistage ont été largement diffusés entre 2000 à 2007, passant de 3 à 1 000 durant cette période. Toutefois, a poursuivi la députée, la pandémie de VIH/sida demeure une source majeure de préoccupation pour le Kenya, 1,1 million d’adultes et 100 000 enfants vivent actuellement avec le virus. Elle a estimé que le nerf de la guerre était l’allocation de davantage de ressources financières. À ce sujet, Mme Shban a expliqué que l’essentiel des fonds consacrés à la lutte antisida provenait pour l’heure de la communauté des donateurs, qui a contribué de 2005 à 2007 à hauteur de 300 millions de dollars à cet effort. Elle a préconisé d’explorer d’autres voies de financement pour compléter l’apport des donateurs. Mme Shban a précisé qu’un investissement de 50 millions de dollars par an pendant cinq ans était nécessaire pour former un personnel de santé capable de délivrer des soins adaptés à l’ampleur du fléau. Par ailleurs, elle a déclaré que miser sur des organisations communautaires dirigées par des femmes était une stratégie potentiellement efficace pour mettre fin à la discrimination.
M. VICTOR MAKWENGE KAPUT, Ministre de la santé publique et Président du Conseil national multisectoriel de lutte contre le sida, de la République démocratique du Congo (RDC), a déclaré que son pays connaissait une pandémie de type généralisé, qui se féminise, touche de plus en plus les zones rurales et affecte de plus en plus les jeunes. Avec 168 530 nouvelles infections, 347 490 personnes vivant avec le VIH qui ont besoin de traitements, mais dont seulement 10% y ont accès, et 104 900 décès dus au sida en 2007, la RDC a besoin de beaucoup plus de ressources pour promouvoir une réponse à grande échelle à la pandémie, a dit le Ministre. Le Gouvernement congolais ne ménage aucun effort dans la mobilisation des ressources pour endiguer ce fléau, a-t-il précisé. La question du VIH/sida est traitée dans une perspective de développement à cause de son caractère multisectoriel. Et c’est pour cela que la lutte contre le VIH/sida figure en bonne place dans le Document de stratégie pour la croissance et pour la réduction de la pauvreté, ainsi que dans le Plan d’actions prioritaires 2007-2008, a indiqué le Ministre de la santé. Cependant, a-t-il précisé, les ressources actuelles couvrent à peine le tiers des besoins nationaux en matière de lutte contre le VIH/sida. Certes, la RDC bénéficie du soutien de la communauté internationale, mais au regard de l’ampleur de la pandémie, qui s’inscrit dans un cadre postconflit, les moyens reçus sont insuffisants pour inverser la tendance actuelle, a-t-il déploré. Si des dispositions urgentes ne sont pas prises pour combler ce besoin en ressources, la RDC, a prévenu le Ministre, risque de devenir une bombe à retardement capable d’anéantir les efforts fournis par les pays voisins et pourquoi pas, par toute la région.
M. LESLIE RAMSAMMY, Ministre de la santé du Guyana, a annoncé que le Guyana était sur la bonne voie pour atteindre l’objectif d’accès universel dans la prévention, le traitement et les soins en matière de VIH. Le pays doit cependant faire face à la migration de son personnel de santé qualifié vers d’autres États, a-t-il déploré. Il a donc demandé que les pays vers lesquels ce personnel émigre aident les pays en développement à renforcer leurs capacités en matière de formation. Le Guyana a intégré le problème de la double infection par le sida et la tuberculose, a-t-il ajouté, et des progrès ont été accomplis pour rendre plus abordables les médicaments permettant de faire face au VIH. Le Ministre de la santé a mis l’accent sur l’importance du traitement et de la prévention, en lien avec la santé maternelle et infantile, la vaccination, la santé mentale et les maladies chroniques. Il a regretté que les partenaires n’aient pas été convaincus d’utiliser les fonds consacrés au VIH pour des programmes comme la vaccination contre le cancer du col de l’utérus. Nous avons besoin des Nations Unies pour lutter contre le VIH dans de nombreux pays, a-t-il dit, mentionnant notamment le problème des travailleurs du sexe. M. Ramsammy a aussi appelé l’ONU à prendre la tête des activités de lutte contre la discrimination et la stigmatisation des personnes affectées par la pandémie. Il a apprécié la contribution des donateurs qui participent au financement des actions de lutte contre le VIH, mais a demandé que soient revus les critères permettant de bénéficier de l’aide.
M. GUDLAUGUR THOR, Ministre de la santé de l’Islande, s’est dit encouragé par les progrès constatés depuis 2006 dans la lutte contre l’épidémie du VIH/sida, ceci dans presque toutes les régions du monde. Il a cependant noté, comme précisé dans le rapport du Secrétaire général, que cette tendance n’est pas uniforme et que de nombreux défis demeurent. Il y a une augmentation des nouveaux cas d’infection dans plusieurs pays, et la prévention, le traitement et les soins restent insuffisants dans beaucoup de régions du monde. Le représentant s’est aussi beaucoup inquiété de la propagation de la pandémie chez les femmes, les enfants et les groupes vulnérables. Ces groupes devraient toujours être impliqués dans les actions prises contre la propagation du VIH, a-t-il estimé. Si la communauté internationale ne prend pas immédiatement des mesures pour faire suite aux promesses qui ont été faites concernant la mise en œuvre d’une réponse exceptionnelle au VIH, les conséquences humanitaires et économiques de la pandémie continueront de s’aggraver, a-t-il averti. Il a aussi appelé à réduire encore le prix des médicaments antirétroviraux et précisé qu’une loi islandaise a été adoptée pour rendre obligatoire le dépôt des brevets et rendre abordables ces médicaments. Il a aussi annoncé que le Gouvernement islandais allait annuellement contribuer au Fonds mondial de lutte contre le sida à hauteur d’un million de dollars au cours des trois prochaines années.
M. DAVID HOMELI MWAKYSUA, Député de la République-Unie de Tanzanie, a déclaré que la législation sur le sida de son pays avait pour but de protéger les populations vulnérables, en renforçant le respect des droits de l’homme et les libertés fondamentales des malades. En ce qui concerne la prévention, il a noté que de nombreuses organisations travaillent avec le Gouvernement tanzanien en fournissant divers services de conseil et de dépistage. M. Mwakysua a ajouté qu’en juillet 2007 avait été lancée une campagne de dépistage gratuit, dont plus de 4 millions de personnes ont bénéficié au cours des six premiers mois. Il a ensuite évoqué les plans d’aide aux personnes vivant avec le virus, précisant que près de 150 000 individus sont actuellement sous traitement antirétroviral. M. Mwakysua a ensuite attiré l’attention sur la nécessité d’intensifier le financement de la lutte contre le sida dans son pays, en vue notamment de former rapidement du personnel de santé compétent. Il a lancé un appel en direction de l’ONUSIDA et du Fonds mondial pour que ces organismes aident la Tanzanie à atteindre l’objectif d’accès universel à la prévention et aux traitements. Le député a en outre souhaité que davantage d’efforts soient entrepris pour mettre un terme aux discriminations frappant les personnes vivant avec le virus.
Mme SITI FATILAH SUPARIS, Ministre de la santé de l’Indonésie, a déclaré que son gouvernement avait pris des dispositions pour freiner les avancées de la pandémie et prêter assistance au groupe le plus touché, dont l’âge est compris entre 15 et 49 ans. Le plan national d’action indonésien contre le VIH/sida pour 2007-2010 vise à mettre en place un cadre pour le Gouvernement et ses partenaires, a-t-elle expliqué. Cela a permis de définir des objectifs précis pour la réalisation progressive des engagements pris en vertu de la Déclaration de 2001, qui a été réaffirmée par l’Indonésie en 2006. Depuis, a dit Mme Suparis, l’Indonésie a fait d’importantes avancées, comme par exemple l’adoption d’un décret ministériel qui garantit la gratuité des traitements antirétroviraux pour toutes les personnes vivant avec le VIH/sida.
Mme MANTO TSHABALALA-MSIMANG, Ministre de la santé de l’Afrique du Sud, a indiqué que son pays a intensifié les efforts déployés dans la réponse apportée au VIH/sida. Elle a notamment cité la révision du Plan stratégique national, la restructuration du Conseil national sur le sida, et l’augmentation des budgets consacrés au sida. La jeunesse a bien appliqué le message qui lui a été donné et activement participé aux programmes sur les styles de vie sains, a-t-elle aussi indiqué. Malgré les progrès constatés aux niveaux national et mondial, la Ministre a noté avec inquiétude le taux des nouveaux cas d’infection. Elle a appelé à prendre en compte les défis actuels en matière de développement, qui ont des conséquences sur le continent africain et toute la communauté mondiale. Il s’agit des problèmes de pénurie alimentaire, du coût élevé de l’alimentation, de la crise énergétique et des changements climatiques, a-t-elle précisé. Pour apporter une réponse durable à ces questions, nous avons besoin de nous appuyer sur un bon système de santé, a ajouté Mme Tshabalala-Msimang. La Ministre sud-africaine a appelé à examiner les problèmes posés par le manque de connaissances dans les domaines de la science, ainsi que les conséquences que pourraient avoir sur le développement des vaccins contre le VIH et les microbicides. Elle a aussi proposé d’allouer de nouvelles ressources à la recherche pour trouver des solutions abordables, comme celles qui sont offertes par la médecine traditionnelle.
Mme ANA JORGE, Ministre de la santé du Portugal, a souligné le rôle clef des Nations Unies dans la lutte contre le VIH/sida, en rassemblant tous les acteurs pertinents. Notant que la propagation de l’épidémie était plus rapide que la capacité des services nationaux de santé, elle a insisté sur la nécessité de mettre l’accent sur les mesures de prévention. Ainsi, elle a souhaité que plus d’attention soit accordée aux domaines de la transmission de la mère à l’enfant, de la sensibilisation des jeunes ou encore de la promotion d’un diagnostic précoce. De l’avis de la Ministre portugaise de la santé, les mesures de prévention doivent être accompagnées d’efforts pour améliorer la qualité de vie des gens vivant avec le VIH/sida et leur accès à des soins complets. En outre, elle a souligné l’importance de connaître et d’évaluer l’ampleur de l’épidémie et de récolter les données adéquates. Mme Jorge a déclaré que le Portugal avait fait des progrès importants dans la lutte contre l’infection, en accordant la priorité au sida dans son Plan national de santé. Elle a également fait remarquer que lors de sa présidence de l’Union européenne, le Portugal avait organisé la première Réunion des coordonnateurs nationaux sur le sida des 27 États membres de l’Union européenne et des pays voisins. Elle a annoncé qu’au cours des deux prochaines années, le Portugal sera à la tête de la Communauté des pays lusophones, qui regroupe huit États. Sa délégation s’attacherait à faire progresser ce groupe vers l’accès universel à la prévention, le traitement et les soins.
M. HUMAID MOHAMMED AL-QUTAMI, Ministre de la santé des Émirats arabes unis, a expliqué que l’engagement de son pays en faveur de la mise en œuvre de la Déclaration politique de 2001 sur le VIH/sida s’était traduit par des efforts redoublés pour mobiliser des ressources pour financer l’accès des pays en développement aux traitements antirétroviraux. Bien que le VIH/sida ne représente pas un problème de santé publique aux Émirats arabes unis, ceux-ci n’ont pas hésité à adopter, dès 1985, une stratégie nationale de lutte contre ce fléau, a dit M. Al-Qutami. Cette stratégie inclut un soutien moral, social, médical et financier aux personnes infectées par le VIH, ainsi que pour leurs familles. Le même programme prévoit de nombreuses mesures de prévention, notamment dans la conduite des tests de dépistage. À ce jour, aucun cas de transmission par transfusion de sang contaminé n’a été enregistré aux Émirats, s’est félicité en conclusion le Ministre.
Mme SAFIATOU THIAM, Ministre de la santé et de la prévention du Sénégal, a rendu hommage à ONUSIDA, au Fonds mondial et à tous les partenaires au développement pour leur appui dans la lutte contre le sida. Elle a expliqué que ces efforts venaient s’ajouter à ceux fournis par les pays en développement à partir de leur propre budget ainsi qu’à ceux du secteur privé et des ONG. Elle a toutefois constaté que ces efforts restaient insuffisants par rapport à l’ampleur des défis qui se posent et a estimé qu’il fallait mener des actions plus soutenues. S’agissant particulièrement de l’Afrique, elle a dit que ce continent avait besoin d’une plus grande solidarité internationale pour parvenir à l’objectif de l’accès universel à la prévention, au traitement, et aux soins. En ce qui concerne le Sénégal, la Ministre a fait part de progrès considérables ces 20 dernières années, mais a affirmé que l’accélération des programmes et la qualité des interventions devaient être renforcées. Rappelant que le Sénégal avait été le premier pays à décider de la gratuité des antirétroviraux en 2003, elle a indiqué que la réponse de son pays au VIH/sida était de plus en plus ambitieuse, basée sur la prévention et le maintien de la prévalence à moins de 1% de la population. Mme Thiam a noté que les résultats de la réponse au VIH de son pays lui avaient valu d’être honorée par ONUSIDA en 1997 et récemment par la Banque mondiale. Elle a enfin déclaré que l’Afrique, continent le plus touché par le VIH, devait renforcer la mobilisation de toutes les ressources internes et externes pour parvenir à l’accès universel à la prévention, au traitement et aux soins.
M. FAISAL BIN YAQOOB AL-HAMR, Ministre de la santé du Royaume de Bahreïn, a déclaré que son pays, peu touché par la pandémie du VIH/sida, se faisait fort de participer à l’effort mondial de lutte contre la maladie. Le Gouvernement et les dirigeants religieux de Bahreïn accordent une attention particulière au problème, en ciblant la prévention sur l’éducation des jeunes, invités à participer à diverses activités de sensibilisation aux risques associés à la maladie, a dit M. Al-Hamr. Il a salué l’action des organisations de la société civile et s’est félicité de l’efficacité des stratégies menées conjointement avec les autres pays du Golfe pour maintenir des taux de prévalence qui soient les plus bas possible. L’éducation religieuse est importante dans le cadre de la prévention de la pandémie, a encore dit le Ministre de la santé de Bahreïn, ainsi que pour mettre fin à la discrimination frappant les personnes vivant avec le virus. Une vision réaliste guidant la lutte antisida doit mettre l’accent sur les groupes à risque, a en outre dit M. Al-Hamr, ajoutant que le combat contre la pauvreté doit être à la base du renforcement de la promotion d’une « santé préventive pour tous ».
Mme SANGARE MAIMOUNA BAH, Ministre de la santé publique de la Guinée, a rappelé que son gouvernement avait, dès 2002, opté pour la multisectorialité de la lutte contre l’épidémie de VIH/sida. Conformément à cette vision, le pays s’est lancé dans le processus de planification qui a abouti à l’élaboration du premier cadre stratégique national 2003-2007. Ce cadre, a expliqué la Ministre, décrit les grandes orientations stratégiques dans les domaines de la prévention de la transmission du VIH, de la prise en charge médicale et psychosociale, de la réduction des impacts socioéconomiques, ainsi que du Cadre institutionnel et de la Gouvernance de la riposte nationale. Sa mise en œuvre a consisté essentiellement en la création d’une Chaire VIH/sida à la Faculté de médecine de l’Université de Conakry; en l’introduction de l’enseignement du VIH/sida dans les cursus scolaires et universitaires; en la promulgation d’une loi relative à la prévention, la prise en charge et le contrôle du VIH et en la gratuité des traitements antirétroviraux et du suivi biologique depuis 2007, a énuméré la Ministre. En outre, pour corriger les insuffisances et consolider les acquis, le Gouvernement guinéen a élaboré le nouveau cadre stratégique 2008-2012 qui renforce le partenariat, la coordination et les principes directeurs des « Three Ones », a ajouté Mme Bah.
M. SALEH MEKI, Ministre de la santé de l’Érythrée, a estimé que 8 ans après la Déclaration d’engagement de 2001, des progrès considérables avaient été enregistrés, particulièrement en ce qui concerne les traitements antirétroviraux. Il a estimé que beaucoup avait été fait en dépit des obstacles. En ce qui concerne l’action à venir, M. Meki a souligné la nécessité de mettre l’accent sur la continuité des facteurs qui avaient permis cette réussite -dont le rôle des partenaires-, et le positionnement central de la société civile. Il a indiqué que le taux d’infection dans son pays était de 1,3% et que le gouvernement s’y attaquait avec par la mise en place d’une politique nationale sur le sida et en mobilisant toutes les ressources pour contrôler la maladie. Le Ministre érythréen de la santé a déclaré que la réponse du pays se basait sur une approche multisectorielle, prenant en compte les effets de la maladie sur les secteurs économiques et sociaux. Il a aussi noté que cette approche incluait toutes les parties prenantes, des ministères, aux personnes séropositives, en passant par la société civile et les partenaires au développement. Par ailleurs, M. Meki a souligné que la réponse de son pays ciblait les groupes à risque, en affinant sa récolte de données et en surveillant les modifications des tendances de l’épidémie. Le Ministre a ainsi souligné que l’Érythrée était en bonne voie pour parvenir à l’objectif de réduire de moitié le taux de VIH/sida, du paludisme et de la tuberculose. Enfin, M. Meki a déclaré que les déclarations et décisions de l’Assemblée générale devaient être suivies d’action concertée pour contrôler le VIH/sida.
M. WALTER T. GWENIGALE, Député du Libéria, a rappelé qu’en réponse à la découverte du premier cas de VIH/sida recensé dans son pays en 1986, le Libéria avait créé un Programme national de contrôle de la pandémie. Il a expliqué que par le biais de ce mécanisme et de la Commission nationale sur le sida, la collecte de données sur l’ampleur du fléau s’était intensifiée. Ajoutant qu’aujourd’hui la prévalence du VIH au Libéria s’établit autour de 5%, le député libérien a rappelé que dans des nations comme la sienne il convient de miser sur la lutte contre la pauvreté pour enrayer le fléau du sida. Il a ainsi signalé que le Gouvernement libérien avait intégré la lutte antisida à l’agenda général de développement socioéconomique du pays, approuvé en avril dernier. M. Gwenigale a ensuite précisé que grâce à l’appui du Fonds mondial, 2 000 personnes vivant avec le virus du VIH avaient été placées sous antirétroviraux. Il a conclu en lançant que, seul, le Libéria ne pourrait pas vaincre la pandémie de VIH/sida. Nous avons besoin d’un partenariat solide sur la base duquel faire fructifier les gains qui commencent à se faire sentir, a-t-il dit.
Mme MARET MARIPUU, Ministre des affaires sociales de l’Estonie, a déclaré que l’Estonie a œuvré à la mise en place d’une stratégie de réduction durable de la pandémie de VIH/sida, avec des objectifs clairs à atteindre en 2015. Cette stratégie, qui s’aligne sur les engagements de la Déclaration de 2001, est complètement en phase avec les efforts déployés à tous les niveaux au plan national, a-t-elle indiqué. Une étude récente de l’OMS et de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) a mis en évidence que l’Estonie est parvenue à ralentir la progression de la pandémie au sein de son principal groupe à risque, en particulier les hommes qui sont la période de leur vie la productive. Il reste cependant beaucoup à faire, a reconnu la Ministre, qui a dit que la réponse de son gouvernement à la pandémie portait sur la sensibilisation des jeunes aux dangers du VIH/sida. « Notre objectif est de mettre tous les services de santé et les traitements antirétroviraux nécessaires à la disposition des individus touchés par la pandémie et de garantir que ces prestations sont à la hauteur des besoins », a conclu Mme Maripuu.
M. OUMAR IBRAHIMA TOURÉ, Ministre de la santé du Mali, a estimé que le VIH/sida était non seulement un obstacle majeur au développement mais aussi une des plus grandes menaces à la survie de l’espèce humaine et à la sécurité globale dans le monde. Il a affirmé que la situation en Afrique devait interpeller les responsables africains et également la communauté internationale pour des raisons de solidarité et d’interdépendance. Notant que son pays connaissait un taux de prévalence de 1,3%, il a toutefois indiqué qu’il restait préoccupé par cette pandémie. Il a expliqué que pour tenir les engagements pris, le Mali avait entrepris un vaste programme de réforme multisectorielle qui fait obligation à tous les secteurs, notamment public, privé et société civile, de mieux gérer les activités de lutte contre le sida. Il a précisé que la lutte contre la pandémie était organisée autour d’un organe unique présidé par le chef de l’État malien. Cet organe, a-t-il ajouté, nous a permis d’obtenir d’importants résultats, dont l’adoption d’une Déclaration de politique nationale rendant le traitement gratuit, l’adoption d’une loi de 2006 sur la prévention, la prise en charge et le contrôle du VIH/sida, ou encore, la mise sous traitement antirétroviral de 60% des malades recensés. Enfin, le Ministre a indiqué que l’atteinte des OMD imposait une accélération des activités, le développement de la recherche et le renforcement du rôle de la société civile, des personnes vivant avec le VIH/sida et du secteur privé. Il a argué que le renforcement du partenariat était inévitable pour la mobilisation des ressources additionnelles nécessaires à la lutte contre le VIH/sida.
M. RICHARD NCHABI KAMWI, Député de la Namibie, a déclaré que son pays avait réalisé des progrès importants dans la lutte contre le sida depuis 2001. La Politique nationale sur le VIH/sida, a-t-il dit, sert de cadre aux efforts cohérents et durables guidant la lutte contre le sida. Sur les quelque 200 000 personnes vivant avec le virus, près de 50 000 reçoivent un traitement antirétroviral, a ajouté M. Kamwi, avant de souligner que la Namibie restait fermement engagée à réaliser l’objectif d’accès universel. En termes de prévalence, des enquêtes récentes montrent que la pandémie est stabilisée, a ensuite noté le député namibien, qui s’est félicité de ce que 93% des nourrissons nés d’une mère séropositive bénéficient d’un traitement antirétroviral. M. Kamwi a enfin noté que la Namibie, forte de ces progrès, axait désormais ses efforts sur la prévention, l’objectif étant de réduire l’incidence du VIH en sensibilisant les jeunes et en mettant fin à la discrimination.
Mme NILCEA FREIRE, Ministre chargée du Secrétariat spécial des politiques pour les femmes du Brésil, a indiqué qu’une des actions entreprises par son gouvernement afin d’assurer un accès universel aux traitements antirétroviraux avait été l’octroi d’une licence obligatoire pour acheter un médicament générique. En effet, le coût des traitements antirétroviraux demeure un défi pour les pays en développement. Pour y faire face, le Brésil et la France, conjointement avec le Chili, la Norvège et le Royaume-Uni ont lancé, en septembre 2006, UNITAID, un mécanisme qui a permis de réunir plus de 300 millions de dollars pour permettre à des pays en développement de se procurer des traitements contre le VIH/sida, le paludisme et la tuberculose. En ce qui concerne la prévention du VIH/sida, le Brésil a mis l’accent sur la distribution de préservatifs au sein des groupes vulnérables, dont les homosexuels. En outre, le gouvernement, dans un souci de protéger les droits fondamentaux de ces populations à risque, dont les homosexuels font partie, a adopté une loi sanctionnant l’homophobie. Des mesures juridiques semblables ont été prises pour protéger les femmes et les filles, alors que la pandémie « se féminise » de plus en plus, a conclu la Ministre.
M. JEAN-JACQUES CAMPANA, Conseiller de Gouvernement pour les affaires sociales et de la santé de la Principauté de Monaco, a déclaré que la lutte contre la pandémie de VIH/sida et le soutien aux personnes vivant avec le virus étaient au cœur de la politique de santé publique de ce pays. Il a rappelé que la Princesse Stéphanie de Monaco était Représentante spéciale d’ONUSIDA et menait sur le terrain le combat de l’accès au traitement, de la prévention et de l’accompagnement des personnes vivant avec le VIH/sida. M. Campana a noté les progrès accomplis au cours des dernières années, et particulièrement depuis 2006 dans le domaine de l’accès aux soins, de la distribution de traitements antirétroviraux et du financement des programmes liés au VIH/sida. Même si ces progrès sont insuffisants et inégaux, ils démontrent qu’une mobilisation soutenue et durable constitue la seule réponse appropriée, a-t-il assuré. M. Campana a en outre affirmé que la prévention demeurait la condition préalable à toute politique efficace et fiable pour lutter contre la pandémie. Il a aussi dit que Monaco travaillait en étroite collaboration avec le milieu associatif et portait une attention particulière aux populations les plus vulnérables. M. Campana a souligné que la lutte mondiale contre le VIH/sida passait plus que jamais par le financement de programmes dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. Il a souligné que Monaco participait au financement d’ONUSIDA depuis sa création et avait, au cours de ces dernières années, accru ses engagements financiers. Seule la solidarité internationale peut contribuer à combler l’écart entre les ressources disponibles et les besoins réels, a-t-il insisté. Enfin, il a mis l’accent sur la nécessité de lutter contre toute forme de discrimination et de stigmatisation.
M. ISSA LAMINE, Ministre de la santé publique du Niger, a déclaré que le taux de prévalence du VIH/sida dans son pays était en 2006 de 0,7%, ce résultat montrant selon lui une tendance à la stabilisation de la pandémie, avec cependant une disparité entre le milieu rural et les zones urbaines. Il a ajouté qu’au sein de certains groupes comme les travailleuses du sexe et les forces de défense et de sécurité, la situation demeurait préoccupante, avec des taux élevés. Il s’est ensuite félicité de l’augmentation du taux d’utilisation de préservatifs, qui est passé chez les hommes de 9% en 2002 à 45% en 2006. Cette situation, a-t-il dit, est le reflet de l’amélioration du niveau de connaissance des différents groupes cibles sur la maladie, ainsi que du degré de la prise de conscience du risque que représente le VIH pour l’ensemble de la population. Le Ministre nigérien a poursuivi son intervention en indiquant que la gratuité des antirétroviraux, le dépistage volontaire et la prise en charge des infections opportunistes depuis 2004 étaient devenus une réalité. Il a ajouté que des résultats encourageants avaient été également enregistrés dans le domaine de la prévention de la transmission mère-enfant, qui s’appuie sur 129 sites opérationnels à travers tout le pays. M. Lamine a conclu en soulignant la nécessité pour le Niger de renforcer, grâce notamment à la participation accrue de la société civile, la chaîne d’approvisionnement en médicaments.
Mme MPHU RAMATLAPENG, Ministre de la santé et de la sécurité sociale du Lesotho, a souligné qu’avec un taux de prévalence de 23,2%, son pays était un des États les plus affectés par le VIH/sida au monde. Elle a constaté que la limitation des ressources dont disposent les pays en développement était une entrave à la réponse possible à la pandémie. Toutefois, elle a fait état des progrès considérables enregistrés par le Lesotho depuis 2005, grâce à un fort leadership au niveau politique le plus élevé. Elle a expliqué que son pays avait lancé un programme accéléré pour parvenir à l’accès universel en matière de prévention, de traitement, de soins et d’appui, d’abord en augmentant les ressources budgétaires allouées à cet objectif. En outre, elle a souligné la mise en œuvre renforcée d’une campagne de sensibilisation, l’augmentation du nombre de centres offrant des services de dépistage et de conseil, et le renforcement de la prévention de la transmission mère-enfant. S’agissant des soins et traitements, la Ministre de la santé du Lesotho a indiqué que la couverture antirétrovirale était passée de 10% à 25% au cours des deux dernières années. De plus, elle a fait observer que le nombre d’enfants qui bénéficient d’un traitement augmentait constamment et que le Lesotho avait adopté une politique nationale sur les orphelins et les enfants vulnérables afin de leur offrir de plus nombreux services. Toutefois, elle a admis que le Lesotho faisait encore face à de nombreux défis, dont le manque de ressources humaines dans le secteur de la santé, les progrès trop lents en ce qui concerne le changement des comportements, des lacunes dans la récolte de données et des défis de coordination entre toutes les parties prenantes. Mme Ramatlapeng a fait part de la détermination du Lesotho à intensifier ses efforts, notamment pour cibler les populations à risque et informer les jeunes. Elle a enfin indiqué qu’avec un taux de co-infection au VIH et à la tuberculose de 80%, les services à mettre à la disposition de la population dans ce domaine seraient renforcés.
M. CHRISTOS G. PATSALIDES, Ministre de la santé de Chypre, a indiqué que dans son pays, le taux de prévalence était extrêmement bas, puisqu’il est de 0,1% du total de la population. Depuis 1986 en effet, le Gouvernement chypriote a fait de la lutte contre la pandémie une de ses priorités. Des plans d’actions ont été lancés sans interruption depuis cette année là et sont régulièrement mis à jour en fonction des nouvelles connaissances acquises sur la nature de la maladie et sur les avancées technologiques mises au point pour la combattre, a-t-il expliqué. Un Comité national sur le VIH/sida a été mis en place conjointement avec la société civile et le secteur privé, afin de surveiller la situation et de venir en aide aux populations à risque. Par ailleurs, un Plan stratégique pour 2004-2008 contre le VIH/sida a permis de définir des objectifs qui engagent tous les secteurs de la société et du Gouvernement chypriotes, a poursuivi le Ministre. Enfin, l’élaboration de stratégies et d’actions nationales et leur mise en œuvre s’appuie sur la coopération du Ministère de la santé avec les principales organisations gouvernementales et non gouvernementales du pays, a conclu M. Patsalides.
M. SOCCOH KABIA, Ministre de la santé et de l’assainissement de la Sierra Leone, a indiqué qu’avec un taux de prévalence de 1,5%, la priorité de son pays est de maintenir cette tendance grâce à des programmes de sensibilisation et de prévention destinés principalement aux groupes vulnérables et à haut risque dont les jeunes gens de 15 à 24 ans. La Sierra Leone s’emploie aussi à faire baisser la transmission de la mère à l’enfant et à promouvoir la sécurité des transfusions sanguines. Mais la prévention ne suffit pas, a reconnu le Ministre, en attirant l’attention sur les efforts nationaux visant à ouvrir l’accès de toutes les personnes infectées à la thérapie antirétrovirale, grâce à un partenariat public-privé.
Dans ce domaine, a-t-il dit, les efforts sont compromis par la honte et la peur qui retiennent les personnes de réclamer d’accéder aux soins. C’est la raison pour laquelle, le Gouvernement a initié une loi sur la prévention et le contrôle du VIH/sida qui traite spécifiquement de la discrimination. Après l’adoption de la Déclaration politique, en 2006, la Sierra Leone a élaboré un plan stratégique national qui tient compte de la nature changeante de l’épidémie et tente de répondre aux besoins en matière de diagnostic, de conseils, de traitement et de contrôle de la maladie. Les plus grands alliés du VIH/sida, a conclu le Ministre, sont la pauvreté, l’ignorance et le manque d’éducation alors que ses plus grands ennemis sont l’information, la communication, l’éducation et le changement de comportement.
M. HUBERT A. MINNIS, Ministre de la santé et du développement social des Bahamas, a déclaré que 25 ans après la détection du premier cas de sida dans son pays, la prévalence du VIH/sida était passée de 18,4% à 8,8%. Il a noté qu’une des réussites les plus importantes du pays, dans la lutte contre le VIH/sida, avait été de réduire considérablement la transmission de la mère à l’enfant. Depuis 2003, aucune transmission n’a eu lieu chez les femmes qui ont reçu des traitements conformes au protocole, a-t-il ajouté. Il a aussi mis l’accent sur les tendances encourageantes en ce qui concerne la réduction des taux d’infection. Toutefois, il a constaté que les nouvelles infections étaient en augmentation chez les femmes entre 15 et 24 ans. Par ailleurs, il a admis qu’en dépit des avancées pour améliorer la qualité de vie des personnes infectées et malades, il existait encore des lacunes dans les programmes. Ainsi, le Ministre a souligné que la surveillance devait constituer une priorité tout comme l’augmentation du nombre de personnel de la santé qualifié. M. Minnis a dit qu’il faudrait trouver des moyens originaux pour assurer le financement adéquat et durable des programmes de lutte contre le VIH/sida, notamment en ce qui concerne le renforcement des filets de sécurité et le soutien aux enfants et aux familles. Enfin, il a rappelé qu’aucun pays ne pouvait combattre seul cette épidémie et a appelé la communauté internationale à s’unir et à partager les meilleures pratiques. Il a aussi estimé qu’il faudrait davantage de coopération technique entre pays développés et pays en développement, y compris le partage de l’expertise et le transfert des connaissances.
M. VASYL KNYAZEVICH, Ministre de la santé de l’Ukraine, a déclaré que le rapport national de l’Ukraine mettait en évidence les progrès accomplis par son pays dans la lutte contre le VIH/sida. Cela est tout particulièrement vrai des services de prévention mis en place au sein des populations à risque, a-t-il fait observer. Cependant, des préoccupations demeurent devant l’ampleur de la pandémie qui progresse rapidement, puisqu’elle touche déjà 1,63% de la population ukrainienne adulte, a dit le Ministre. Aussi, un Conseil de coordination sur le VIH/sida, le paludisme et la tuberculose a été mis en place, sous la supervision personnelle du Président ukrainien. Ce Conseil aura pour tâche de conduire la réponse nationale à l’épidémie, a annoncé le Ministre.
M. EUSEBIO DEL CID PERALTA, Ministre de la santé publique et de l’assistance sociale du Guatemala, a déclaré que son pays s’était engagé à prendre les mesures nécessaires pour intensifier la réponse face au VIH/sida. Il a indiqué que toutes les parties prenantes du pays s’étaient unies pour renforcer leurs efforts et réagir à cette pandémie. Il a notamment souligné le partenariat du Gouvernement avec le secteur privé, en particulier les laboratoires. Il a aussi fait état des efforts de son pays pour améliorer la sensibilisation du public et l’éducation des jeunes en matière de VIH/sida. Le Ministre guatémaltèque de la santé publique a par ailleurs aussi passé en revue les lois en vigueur au Guatemala qui constituent le cadre des actions du pays contre le VIH/sida. Il a précisé que cette série de lois garantissait les droits humains des personnes vivant avec le VIH/sida notamment, encourageant l’information, ou encore assurant la protection des populations les plus vulnérables. Le Guatemala estime qu’il faut adopter une approche fondée sur les droits de l’Homme, a-t-il insisté. M. Peralta a enfin souligné que l’appui technique et financier de tous était nécessaire pour lutter efficacement contre le VIH/sida. Ce n’est qu’unis, avec un fort leadership politique, que l’on pourra éliminer cette pandémie, a-t-il conclu.
M. KESSILE S. TCHALA, Ministre de la santé du Bénin, a fait remarquer que son pays était passé d’une prévalence de 4,1% en 2001 à 2,1% en 2006. Soulignant le fort leadership politique, au plus au niveau, déployé dans la lutte contre le VIH/sida, il a affirmé que le Bénin avait développé une approche multidimensionnelle avec, entre autres, la création d’unités focales dans tous les ministères et institutions, l’accroissement des ressources budgétaires pour la lutte contre la pandémie et l’adoption de lois relatives à la protection des personnes vivant avec le VIH/sida. Il a souligné que la lutte contre la pandémie était devenue un vecteur de promotion de la santé et du développement sous tous les plans et avait permis une meilleure prise en charge de toutes les maladies au Bénin. Le Ministre a constaté que son pays était ainsi passé d’un taux de traitement de moins de 10% de personnes vivant avec le VIH/sida en 2002 à 60% en 2007, avec la gratuité de cette prise en charge depuis 2002. Toutefois, il a estimé que le Bénin n’était pas à l’abri d’une explosion de la pandémie si la réponse nationale n’était pas intensifiée. Dans cette optique, a-t-il expliqué, le Bénin s’est doté d’un nouveau cadre stratégique 2007-2011 axé sur la prévention. Il a précisé que le pays avait besoin d’un budget de 300 millions de dollars pour mettre en œuvre ce cadre. Il a déclaré qu’au plan international, la mobilisation des ressources devait être renforcée pour élargir les réponses nationales, notamment en Afrique subsaharienne.
M. RUDYARD SPENCER, Ministre de la santé et de l’environnement de la Jamaïque, s’est rallié à la déclaration faite par le Ministre de la santé d’Antigua-et-Barbuda au nom du Groupe des 77. Il a déclaré que son gouvernement a coordonné une réponse globale à la pandémie de VIH/sida au cours des deux dernières décennies en dépit de nombreux obstacles. Le taux de prévalence a diminué, la stigmatisation dont ont été victimes les groupes marginalisés est moindre et le taux de mortalité liée du sida a commencé à décliner. Le Ministre a déclaré que les défis auxquels son pays continu d’être confronté sont liés essentiellement à des comportements à risque qu’il est difficile de changer. Le risque résultant des maladies sexuellement transmissibles a été aggravé par l’accès à des messages au contenu explicitement sexuel. Le Ministre a fait remarquer qu’à ce jour, il y a encore peu de messages visant à sensibiliser l’opinion publique à une sexualité saine. Pour faire face à ce défi, la Jamaïque encourage les responsables locaux et nationaux à jouer des rôles modèles. La Jamaïque a également établi des plans visant à assurer l’accès universel aux soins et à des traitements appropriés au cours des quatre prochaines années et procède actuellement à la réforme de sa législation pour assurer la protection des droits de tous les Jamaïcains, quel que soit leur état de santé. À la lumière des restrictions budgétaires actuelles, notamment l’augmentation des prix des denrées alimentaires et de l’énergie, la Jamaïque se félicite de l’assistance internationale continue qui lui permet de mettre en œuvre ses programmes de lutte contre le VIH/sida, tout en cherchant à intégrer la réponse au VIH/sida dans ses programmes de développement social et économique, visant notamment à éliminer la pauvreté.
M. DARKO ZIBERNA, Ministre de la santé de la Slovénie, qui intervenait au nom de l’Union européenne, a noté les progrès accomplis ces dernières années. Mais ces progrès sont inégaux à la fois entre les différents pays et au sein même des pays, a-t-il nuancé. Il a souligné que l’Union européenne demeurait pleinement engagée à l’égard de la réalisation des OMD, et notamment l’Objectif nº6 sur le VIH/sida. La réaction au VIH/sida est une priorité pour nous, au niveau intérieur comme à l’extérieur, a-t-il insisté. Le Ministre slovène de la santé a estimé que seule une approche globale pouvait permettre de renforcer la lutte contre le VIH/sida, comprenant l’accélération des efforts visant l’accès universel d’ici à 2010. Il a souligné que la prévention restait la pierre angulaire de toutes activités pour une approche globale. Sans la promotion des mesures de prévention et d’interventions ciblées pour les groupes vulnérables, l’accès universel à la prévention, au traitement, aux soins et à l’appui ne sera pas réalisé, a-t-il dit. Le Ministre a particulièrement insisté sur les groupes les plus à risque, dont les hommes ayant des relations avec d’autres hommes et les toxicomanes. Il a mis en avant la nécessité de promouvoir des pratiques telles que l’usage du préservatif et des mesures comme les programmes luttant contre la dépendance. Il s’est aussi inquiété de la féminisation de la pandémie et a reconnu que les inégalités entre les sexes ainsi que la violence contre les femmes augmentaient leur vulnérabilité face au VIH/sida. Par ailleurs, M. Ziberna s’est dit préoccupé par le nombre de nouvelles infections parmi les jeunes et a estimé qu’il fallait mieux les informer. Le Ministre s’est félicité que le taux de couverture antirétrovirale ait augmenté de 42% en 2007. Toutefois, il a estimé qu’il faudrait accélérer les efforts de couverture en ce qui concerne les gens infectés à la fois par le VIH et la tuberculose. Il a enfin indiqué que l’Union européenne était déterminée à renforcer les mécanismes financiers existant, dont le Fonds mondial, pour fournir des ressources prévisibles et durables à la lutte contre le VIH/sida.
Source : www.un.org