Déclarations
M. ELIAS ANTONIO SACA, Président d’El Salvador, a déclaré que son pays avait pris toutes les mesures nécessaires pour assurer une distribution gratuite et universelle des traitements antirétroviraux à tous ceux qui en ont besoin. En adoptant une approche holistique à l’égard des personnes vivant avec le VIH/sida, en dotant les hôpitaux de personnel plus qualifié, le Gouvernement d’El Salvador a réduit de 35% le nombre de décès liés au VIH/sida et de 30% les infections combinées liées au VIH/sida et à la tuberculose, a-t-il ajouté. Par ailleurs, le pays a été en mesure de diviser par deux l’impact de la tuberculose en réalisant de fait bien avant 2015 l’Objectif du Millénaire pour le développement relatif à cette question. Il y a cinq ans, a indiqué M. Saca, nous avons détecté 150 enfants atteints du VIH/sida. Ce chiffre est tombé aujourd’hui à 15, soit une réduction de 89% grâce à une augmentation de 90% par an du nombre de femmes enceintes testées.
M. Saca a souligné l’importance de promouvoir le respect de tous les droits de l’homme, et en particulier les libertés fondamentales des migrants. Nous ne pouvons pas accepter les pratiques discriminatoires aux frontières à l’égard des personnes porteuses du VIH/sida, a-t-il dit. Il s’est inquiété de la recrudescence de telles restrictions dans au moins 70 pays en formant le vœu que cette question soit traitée par l’Assemblée générale. Il a souhaité que l’on élimine toutes les restrictions qui limitent les déplacements de toutes les personnes victimes du VIH/sida. Pour ce faire, il faudrait gagner la bataille contre l’ignorance. Il a regretté que la région de l’Amérique latine et des Caraïbes n’obtenait que 8% des moyens de lutte mondiaux de lutte contre le VIH/sida.
M. FAURE ESSOZIMNA GNASSINGBÉ, Président du Togo, a signalé que, dans son pays, la prévalence du VIH avait atteint en 2000 un pic de 6%. Aujourd’hui, elle est estimée à 3,2%, et la tendance générale est à la stabilisation, a-t-il noté, même si ce chiffre reste encore trop élevé. Ces derniers mois, le cofinancement a permis de gérer la réponse au sida, a dit M. Gnassingbé. C’est ainsi, a précisé le Président du Togo, que le budget du plan stratégique national 2007-2010 est financé à hauteur de 13% par le Togo. Il a ajouté que l’élaboration du rapport UNGASS 2008 est financée à hauteur d’environ 50 000 dollars, soit 64% de son financement total. Il a également souligné que le Togo a financé, sans aide extérieure, l’achat des médicaments antirétroviraux. L’État togolais contribue pour environ 20 millions de dollars au plan stratégique national de lutte contre le sida, a-t-il encore indiqué. Les cibles sont les professionnels du sexe, les jeunes, les femmes et le milieu du travail. Pour les jeunes, des stratégies sectorielles seront disponibles en 2010 en milieu scolaire et universitaire, de même qu’en milieu extrascolaire. Le Président du Togo a aussi mentionné l’existence dans son pays d’une loi de protection des droits des personnes vivant avec le VIH.
Le Président Gnassingbé a ensuite donné des précisions sur les progrès accomplis dans la réponse à la pandémie. Il a ainsi indiqué que la prévention de la transmission de la mère à l’enfant se fait aujourd’hui dans 45 sites, mais ne touche encore cependant que 11% de la population cible. Il a aussi signalé que le conseil et le dépistage volontaire du VIH sont proposés dans 54 sites. En 2007, 16% des adultes ont fait le test, ainsi que la moitié des jeunes de 15 à 24 ans et 90% des professionnels du sexe, a précisé le Président togolais. Toutes ces tendances montrent que le Togo est sur la bonne voie vers l’accès universel, a-t-il estimé. Rappelant que son pays a souffert pendant presque deux décennies de la suspension de l’aide internationale, il a souligné que le Togo a quand même pu mener des actions d’envergure pour lutter efficacement contre le sida. Le problème majeur qui demeure est celui de l’approvisionnement régulier en médicaments antirétroviraux. L’aide reçue de nos partenaires a été axée jusqu’à présent sur la prévention, et cette aide dépasse l’apport financier nécessaire pour le traitement, a relevé M. Gnassingbé. Il a donc proposé de trouver un meilleur équilibre, notamment grâce à l’allègement des procédures permettant d’accéder aux ressources du Fonds mondial, pour les pays sortant d’un conflit ou d’une crise, comme le Togo.
M. ARMANDO EMILIO GUEBUZA, Président du Mozambique, a indiqué que son pays avait lancé, en 2006, l’Initiative présidentielle sur le VIH/sida qui avait été lancée afin de tenir des réunions avec des femmes, des dirigeants religieux ou communautaires et des jeunes. Il a précisé que ce modèle avait été reproduit aux niveaux des provinces et des districts. Sans créer de lien direct entre cette Initiative et les changements de comportements, il a constaté que les gens parlaient plus ouvertement de la maladie et que le taux d’infection était passé de 16,2% à 16%. Il a aussi fait valoir que de plus en plus de personnes se présentaient pour des dépistages, ainsi que pour des traitements. En outre, le Président du Mozambique a mis en avant certains progrès réalisés par son pays, notamment pour prévenir la transmission de la mère à l’enfant, pour garantir le traitement et les soins dans tous les districts. Il a précisé que désormais plus de 100 000 personnes avaient accès à un traitement antirétroviral au Mozambique, contre 6 000 seulement en 2004. Par ailleurs, le Président Guebuza a indiqué que la stratégie nationale mettait surtout l’accent sur les mesures de prévention et ciblait les groupes les plus vulnérables. Il a cependant admis que cela restait un grand défi et que malgré les efforts déployés, il n’y avait pas une réduction rapide du taux d’infection. Le Président du Mozambique a ainsi précisé qu’une équipe spéciale avait été créée pour déterminer la manière dont la prévention pourrait être plus efficace. Compte tenu de la relation étroite entre la lutte contre la pandémie et celle contre la tuberculose, il faudrait procéder à une intégration des activités dans ces deux domaines, a-t-il préconisé. Le Président du Mozambique a estimé qu’il faudrait renforcer les systèmes de santé et a affirmé que le pays comptait sur ses partenaires à cet égard.
M. BLAISE COMPAORÉ, Président du Burkina Faso, a indiqué qu’il avait encouragé et soutenu une rencontre des coordonnateurs des comités et conseils nationaux de lutte contre le sida de la zone UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine) et de la Mauritanie, les 8 et 9 mai 2008, qui a abouti à la mise en place d’un cadre de concertation sous-régional. Sur le plan de la gouvernance, M. Compaoré a précisé que le Burkina Faso s’était doté d’une loi portant sur la lutte contre le VIH/sida et la protection des personnes vivant avec le VIH/sida. Pour soutenir les initiatives de recherches de financements pérennes, a-t-il ajouté, le Gouvernement burkinabè a saisi le Parlement d’un projet de loi portant sur la contribution du Burkina Faso à UNITAID. Sur le plan opérationnel, a indiqué M. Compaoré « l’augmentation du nombre de sites de prise en charge, conjuguée avec la baisse du coût du traitement, nous situent à 17 263 personnes sous thérapie antirétrovirale en fin 2007 contre 12 842 en fin 2006 ».
Le Président burkinabè a noté le progrès considérable enregistré par son pays dans le domaine de la prévention de la transmission du VIH/sida de la mère à l’enfant, le nombre de sites étant passé de 211 en 2006 à plus de 400 en 2007. Malgré ces acquis, qui suscitent un légitime espoir d’atteindre le sixième Objectif du Millénaire pour le développement, le Président Compaoré a mis l’accent sur les importants défis qui pourraient compromettre cette dynamique en citant: la féminisation du VIH/sida, l’absence de garantie de financement durable, la faible mobilisation de ressources internes pour le financement de la lutte contre le VIH/sida, ces ressources restant assujetties au financement extérieur à plus de 70%, l’absence de programmes sous-régionaux et régionaux pour le renforcement des efforts nationaux et la lutte contre la tuberculose, cette maladie étant la première cause de décès des personnes infectées par le VIH/sida en Afrique.
M. FRANÇOIS BOZIZÉ, Président de la République centrafricaine, a indiqué que, dans son pays, l’infection par le VIH est de type généralisé. Avec une prévalence de 6,2% pour la tranche active de la population, c’est-à-dire les personnes de 15 à 49 ans, la République centrafricaine détient le triste record de pays le plus affecté dans la sous-région de l’Afrique centrale. Cette situation est essentiellement due à l’ignorance, en dépit des efforts du Gouvernement et des partenaires au développement. Les populations n’ont pas encore atteint une prise de conscience suffisante sur la nature du VIH/sida, ses modes de transmission et les mesures de prévention. Le pays connaît encore des difficultés pour accéder aux médicaments antirétroviraux, au dépistage volontaire et aux modes de prévention. Les personnes vivant avec le VIH sont encore malheureusement victimes de discrimination et de la stigmatisation au sein de la société. Le Président a parlé de la riposte nationale qui a consisté, entre autres, à l’insertion du programme de lutte contre le sida dans le Document de stratégie de réduction de la pauvreté. Il a d’ailleurs salué le rôle joué par les agences du système de l’ONU qui apportent un appui déterminant au Gouvernement dans la mise en œuvre de cette stratégie.
Le Président de la République centrafricaine a ensuite présenté les résultats atteints par le Comité de lutte contre le sida, dans son cadre stratégique 2006-2010. Les grands axes sont l’intensification de la prévention pour réduire la transmission de l’infection, l’amélioration de la prise en charge globale des personnes vivant avec le VIH/sida, ainsi que la promotion d’un environnement favorable à une meilleure gestion des personnes vivant avec le VIH/sida. Citant les autres outils élaborés pour la lutte contre le sida, le Président a expliqué qu’ils permettent à la Coordination nationale du Comité national de lutte contre le VIH et à ses partenaires dans ce domaine de combler le vide dans l’application du principe des « trois un » promu par l’ONUSIDA. M. Bozizé a aussi parlé de la loi qui détermine les droits et obligations des personnes vivant avec le VIH/sida et des progrès dans la prise de conscience chez les personnes ayant des comportements à risque, comme les jeunes. Il a aussi précisé que 8 000 personnes ont actuellement bénéficié des traitements antirétroviraux, alors que ce sont 30 000 patients qui sont éligibles pour ce traitement. Le Président a enfin rappelé les années d’instabilité qu’a connues son pays, qui ont entraîné des viols et des déplacements de populations et accentué la propagation de la pandémie. Il est donc impératif d’accorder une attention particulière aux populations déplacées des zones de postconflit, a-t-il signalé, sollicitant le soutien de la communauté internationale pour consolider la paix, renforcer le tissu social et empêcher la propagation de la pandémie. Le Président Bozizé a, en particulier, demandé à la Banque mondiale de mettre en place un programme MAP, à l’instar des pays de la sous-région de l’Afrique centrale engagés dans la lutte contre le sida.
M. ABSALOM THEMBA DLAMINI, Premier Ministre du Royaume de Swaziland, a rappelé que son pays était un des plus affectés par la pandémie de VIH/sida, et que 26% des personnes de 15 à 49 ans y sont infectées par le virus du VIH. Toutefois, a indiqué M. Themba Dlamini, le Swaziland a fait des progrès considérables pour répondre à la menace de la pandémie du VIH/sida. Il a à cet égard souligné la réduction de la prévalence de la maladie chez les jeunes de moins de 25 ans. Il a indiqué que le dépistage et le conseil demeuraient des éléments essentiels de la réponse nationale swazie. Il a estimé que ceux-ci constituaient le point d’entrée à la prévention, au traitement, aux soins et aux services de soutien et étaient importants pour réduire le niveau de la discrimination associée au VIH/sida. Le Premier Ministre a précisé qu’en décembre 2007, 25% de la population du Swaziland avaient été testés, et il a ajouté que l’objectif du pays était d’atteindre 50% des 15-49 ans d’ici à 2010.
Par ailleurs, a indiqué M. Themba Dlamini, la prévention de la transmission de la mère à l’enfant reste aussi une priorité nationale au Swaziland. Ainsi, il a indiqué que la proportion de centres fournissant ces services était passée de 10% des centres nationaux en 2004 à 71% à la fin 2007 et que 65% des femmes enceintes atteintes du VIH recevaient des traitements antirétroviraux. Il a aussi mis en exergue les avancées accomplies par son pays en matière de soin et de soutien. Ainsi, il a expliqué que le nombre de centres fournissant des traitements antirétroviraux étaient passés d’un seul en 2003 à 51 en 2007, et que le nombre de personnes bénéficiant de ces traitements étaient passées de 383 à 24 535 au cours de la même période. Le Premier Ministre a d’autre part déclaré que le Swaziland était déterminé à renforcer le suivi des patients sous traitement antirétroviraux et a demandé à cet égard l’assistance de la communauté internationale. Il a en outre noté que plus de 40% des orphelins et des enfants vulnérables recevaient de la part du Gouvernement un soutien gratuit apporté à leur famille. La cible du Gouvernement swazi est d’atteindre 61% de ces enfants d’ici 2010, a-t-il poursuivi. Il a conclu en affirmant que la vision d’un Swaziland sans VIH/sida pouvait devenir une réalité avec le soutien technique et financier de la communauté internationale.
Intervenant au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), M. DENZIL L. DOUGLAS, Président de Saint-Kitts-et-Nevis, a souligné les progrès réalisés par les pays des Caraïbes dans la mise en place de stratégies nationale et régionale visant à assurer d’ici à 2010 l’accès universel aux soins pour les personnes touchées par le VIH/sida. Il s’est félicité que 21 pays des Caraïbes avaient soumis leur rapport d’évaluation sur les progrès réalisés dans la mise en œuvre des indicateurs clefs adoptés lors de la session extraordinaire de l’Assemblée générale de 2006. Il a estimé que l’élaboration de ce nombre sans précédent de rapport témoignait des progrès enregistrés aux niveaux national et régional et de la volonté des pays des Caraïbes de tenir leurs engagements internationaux en matière de santé. M. Douglas a notamment souligné les progrès réalisés dans le domaine de la lutte contre la transmission de la mère à l’enfant en saluant tout particulièrement le soutien apporté par ONUSIDA.
Malgré les progrès enregistrés et étant donné la taille des efforts nécessaires pour toucher un maximum des pays des Caraïbes d’ici à 2010, a-t-il indiqué, les pays de la région déploient des efforts pour développer au maximum leurs capacités humaines. « Nous voulons renforcer des systèmes de santé et offrir des services de santé de meilleure qualité pour la région dans le souci d’atteindre l’accès universel aux soins de santé, au traitement et à la prévention du VIH/sida. Si nous sommes conscients de notre responsabilité au niveau national, a-t-il ajouté, nous avons aussi besoin du soutien des institutions techniques et autres organismes internationaux pour nous aider à réaliser cet objectif ». M. Douglas s’est engagé à tout mettre en œuvre pour que la CARICOM reconnaisse que le VIH/sida est non seulement une priorité sur le long terme mais aussi d’une urgence qui nécessite des moyens novateurs.
M. TRUONG VINH TRONG, Vice-Premier Ministre du Viet Nam, a noté que, depuis la session extraordinaire de l’Assemblée générale en 2001 et la Réunion de haut niveau de 2006, les Nations Unies et la communauté internationale ont enregistré de nombreux progrès dans la mise en œuvre de la Déclaration d’engagement et de la Déclaration politique sur le VIH/sida, comme l’augmentation de l’accès aux médicaments antirétroviraux et une meilleure sensibilisation des populations sur la question. Cependant, afin que l’Objectif nº6 des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) soit réalisé, il faut encore redoubler d’efforts et il faut s’assurer que le nombre de nouvelles infections n’excède pas le niveau d’accès aux médicaments antirétroviraux. Il a espéré que la présente Réunion de haut niveau permettra à la communauté internationale de renforcer l’unanimité sur la nécessité d’améliorer la qualité des mesures essentielles.
Au cours des deux dernières années, le Gouvernement du Viet Nam, conscient de l’importance de la prévention, a mobilisé les ministres, les institutions, les organisations sociales et politiques et la société civile. M. Truong a précisé que le pays s’est doté de législations pour la lutte contre l’épidémie et a élaboré une stratégie nationale pour la prévention de la transmission du sida. Un système d’évaluation nationale a été créé et l’accès au traitement a progressé. Ainsi, a précisé le Vice-Premier Ministre, environ 83 000 personnes ont pu en bénéficier ces dernières années. Il a aussi parlé de la distribution de seringues propres et de préservatifs. Cependant, parmi les défis encore à relever, nous devons améliorer l’accès à la prévention, ainsi que l’accès aux soins et aux traitements. Le Vice-Premier Ministre a aussi indiqué que des efforts sont entrepris pour améliorer l’analyse des problèmes. Quant aux ressources financières, elles ne couvrent que 30% des besoins, a-t-il ajouté. M. Truong a donc appelé à une participation de la communauté internationale, notamment pour recevoir une assistance technique et financière. « Nous sommes convaincus que, grâce à une assistance internationale continue, le Viet Nam pourra relever les défis », a-t-il conclu.