Audition interactive officieuse avec la société civile
Le Président de l’Assemblée générale, M. SRGJAN KERIM, et le Secrétaire général des Nations Unies, M. BAN KI-MOON, ont tous deux ouvert l’Audition interactive officieuse avec la société civile sur le thème « Action pour un accès universel d’ici 2010: mythes et réalités ».
Pour M. Kerim, cette double épidémie n’est pas seulement une question importante de santé publique, mais aussi une cause principale de ce que nous appelons maintenant une urgence de développement, qui a un impact direct sur la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement d’ici à 2015. Afin de régler ces questions de façon efficace, au moyen d’un partenariat et d’une coopération concertés, nous devons toujours comprendre la nature interdépendante de ces problèmes, a-t-il dit. Le Président a estimé que les efforts visant à s’attaquer au VIH/sida soulignaient l’importance du partenariat parmi les États Membres, le système des Nations Unies, la communauté scientifique, le secteur privé et la société civile. Il s’est dit convaincu que les progrès réalisés à ce jour n’auraient pas été possibles sans la large collaboration entre les divers secteurs. M. Kerim a déclaré que la participation de la société civile constituait un lien essentiel entre la politique et la mise en œuvre. Le Président a espéré que la réunion d’aujourd’hui permettra de renforcer les efforts pour honorer les engagements et atteindre l’objectif crucial de la réalisation de l’accès universel d’ici à 2010, souligné dans la Déclaration politique de 2006.
Le Secrétaire général des Nations Unies a rappelé, pour sa part, que le rôle des gouvernements était de servir, de protéger et de défendre les droits de tous les citoyens, quels que soient leur âge, leur statut social, leur préférence sexuelle, leur mode de vie. La stigmatisation et la discrimination demeurent un obstacle majeur pour réaliser l’accès universel d’ici à 2010 à la prévention du VIH, au traitement, aux soins, et pour atteindre l’OMD visant à stopper l’épidémie et à la faire reculer. Nous devons faire plus pour éliminer toute discrimination contre les personnes atteintes par le VIH et défendre leurs droits, y compris le droit à la santé, le droit au travail et le droit de voyager, a-t-il dit. Le Secrétaire général a rendu hommage à tous ceux qui avaient mené la lutte au cours des dernières décennies et a salué le nouveau leadership. La prochaine phase, a-t-il souligné, exige une nouvelle approche qui associe la tactique de la crise d’urgence avec une vision stratégique à long terme. Nous devons laisser notre pied sur l’accélérateur et suivre en même temps la feuille de route, a-t-il conclu.
L’audition a débuté avec un message vidéo enregistré de M. MARK HEYWOOD, de l’Afrique du Sud, du Réseau international d’organisations d’entraide et de lutte contre le sida, dans lequel il a affirmé que les pauvres ne pouvaient pas se contenter de propos vides de sens. Il faut que la société civile aide les gouvernements, mais elle ne peut pas entièrement faire confiance à ses derniers, a-t-il dit, citant en particulier les violations des droits de l’homme commises par certains d’entre eux. Il a mis l’accent sur la nécessité pour la société civile de lutter en faveur des droits de l’homme. L’accès universel ne sera réalisé qu’avec la réalisation et les progrès des droits de l’homme, a-t-il assuré.
Ensuite, Mme GULNARA KURMANOVA, du Kirghizistan, de la Coalition internationale pour la santé des femmes, a estimé que les droits de l’homme des travailleurs sexuels devaient être protégés. Les politiques gouvernementales et les programmes de lutte contre le VIH/sida continuent de saper ces droits, a-t-elle assuré. Le travail sexuel est un travail légal et ne devrait pas être criminalisé, a-t-elle dit. M. LEONARDO SANCHEZ, de la République dominicaine, représentant Amigos Siempre Amigos, a mis l’accent, de son côté, sur les droits des minorités sexuelles. Il a appelé les gouvernements, les agences internationales et le système des Nations Unies à engager des ressources financières, à fournir un appui technique et à permettre un dialogue institutionnel soutenu afin de développer et d’autonomiser les communautés sexuelles minoritaires.
M. ALBERT ZARIPOV, de la Fédération de Russie, représentant le Conseil international des organisations de service SIDA, a abordé le cas des consommateurs de drogue. Selon lui, la société civile et les personnes vivant avec le VIH/sida qui utilisent de la drogue doivent participer activement aux politiques mondiales concernant la drogue afin de prendre en compte les questions de santé et des droits de l’homme. Mme WINNIE SSERUMA, du Royaume-Uni, représentant le Conseil mondial des Églises, qui s’est penchée sur le sort des femmes et des filles, a estimé que les gouvernements devraient fournir une éducation détaillée à celles-ci. Il convient également de faire plus pour traiter de la stigmatisation et de la discrimination liées au VIH/sida.
Mme SYLVIA PAULETTE DE RUGAMA PRADO, du Mexique, représentant les Femmes séropositives du monde, a exhorté la communauté mondiale à écouter les voix des enfants et à faire respecter les droits de toutes les femmes et de tous les enfants vivant avec le VIH. Toutes les mères vivant avec le VIH doivent avoir accès à un traitement complet, de même que les enfants et les orphelins également touchés. Si nous n’agissons pas maintenant, l’histoire nous jugera, a-t-elle assuré. Mme STEPHANIE RAPER, de l’Australie, représentant le Réseau mondial des personnes vivant avec le VIH, a apporté son témoignage sur les difficultés que rencontrent les jeunes vivant avec le VIH. Les enfants touchés par le VIH méritent les mêmes soins que tout un chacun, a-t-elle notamment affirmé.
M. LOON GANGTE HEMNINLUN, de l’Inde, représentant le Réseau mondial des personnes vivant avec le VIH, a concentré son intervention sur l’accès au traitement. Il a mis l’accent sur la nécessité d’accélérer la couverture du traitement de toute urgence. Nous n’avons que deux ans pour le faire, a-t-il prévenu. Il a appelé tous les dirigeants du monde à entamer une ère d’action et à affecter les ressources budgétaires adéquates pour réaliser l’accès universel d’ici à 2010 et sauver des millions de vies. Mme GRACIA VIOLETA ROSS QUIROGA, de la Bolivie, représentant le Réseau bolivien des personnes vivant avec le VIH/sida, a mis l’accent sur le problème des restrictions de voyage des personnes atteintes du VIH/sida qui constitue, a-t-elle précisé, une négation des droits de l’homme fondamentaux. Elle a demandé à tous les États Membres d’abolir toutes les restrictions de voyage et de résidence de toutes les personnes atteintes du VIH/sida.
M. GARY COHEN, des États-Unis, représentant BectonDickinson, et M. ROMANO OJIAMBO, de l’Ouganda, représentant le Conseil international des organisations de service SIDA, ont tous deux abordé la question de l’accès universel des travailleurs au traitement. Le VIH/sida affecte les travailleurs, y compris les travailleurs migrants, leurs familles et les entreprises qui les emploient, sapant la capacité de l’économie à préserver des emplois décents et des modes de vie adéquats pour tous. Ils ont notamment plaidé en faveur d’un plus grand investissement public et privé pour les initiatives sur les lieux de travail grâce à des programmes d’éducation, de prévention, de soins et de traitement. Mme ALESSANDRA NILO, du Brésil, représentant GESTOS, s’est intéressée à l’implication de la société civile et à la responsabilité des gouvernements face au VIH/sida. Elle a assuré qu’un partenariat véritable entre les gouvernements, les donateurs et les populations touchées exigeait un équilibre des pouvoirs dans les prises de décision, y compris celle du financement. Selon elle, ONUSIDA ainsi que les autres organisations pertinentes des Nations Unies doivent adopter une position ferme dans les pays pour appuyer des mécanismes inclusifs de contrôle démocratique et social.