Table ronde 1: Comment pouvons-nous partir des résultats obtenus et accélérer les progrès vers l’accès universel d’ici à 2010 – sur la voie d’atteindre les OMD d’ici à 2015?
Présidée par M. NIMAL SIRIPALA DE SILVA, Ministre de la santé et de la nutrition du Sri Lanka, cette table ronde devait constituer un moyen de dresser un bilan des résultats atteints et des lacunes existantes en matière de lutte contre la pandémie de VIH/sida, et d’identifier les solutions qui peuvent être adoptées collectivement, que ce soit aux niveaux régional, mondial ou national par chaque pays.
Il s’agit, a dit M. Siripala De Silva, d’une excellente occasion de s’engager dans une évaluation des résultats obtenus dans la mise en œuvre des engagements pris. Les chiffres au niveau mondial baissent, ce qui prouve, a-t-il dit, qu’avec de la volonté politique il est possible de trouver la bonne solution. Il a estimé urgent d’examiner d’un œil critique le cadre juridique existant pour apporter aux séropositifs la protection qui leur est nécessaire. Il est également temps de créer un mécanisme régional et mondial intégré de négociation de prix des biens liés à la lutte contre le VIH/sida, a estimé le Ministre. Il a en outre mis l’accent sur la nécessité de disposer d’un programme complet de sensibilisation et de plaidoyer pour tenter de dépister les personnes ayant besoin d’un traitement antirétroviral.
Mme NILCÉA FREIRE, Ministre chargée du Secrétariat spécial des politiques pour les femmes du Brésil, a estimé qu’il était crucial d’analyser les rapports nationaux de manière critique. Le Brésil est un des neuf pays en développement qui est parvenu à assurer à sa population 80% de couverture en matière de soins et de traitement, a-t-elle souligné, notant que ce chiffre demeurait encore insuffisant en raison des 20% de séropositifs qui ne sont pas encore couverts par ces mesures. La Ministre a aussi constaté que le mode d’infection changeait, le virus atteignant de plus en plus des petits villages situés dans des zones rurales et touchant de plus en plus de femmes, en particulier les jeunes. Mme Nilcéa Freire s’est félicitée notamment du fait que, dans les rapports de plusieurs pays, les inégalités entre les hommes et les femmes ont été désignées comme un obstacle à l’arrêt de la pandémie. Elle a souligné que des segments spécifiques de la population avaient des besoins spécifiques et variables et devaient bénéficier, à ce titre, de stratégies différentes.
S’il est important de reconnaître le problème, cela ne suffit cependant pas, a-t-elle par ailleurs affirmé, précisant notamment que son secrétariat et le Ministère brésilien de la santé avaient lancé en 2007 un Plan intégré, qui vise à entreprendre des actions aux niveaux fédéral, provincial et municipal pour combattre la pandémie de VIH/sida et d’autres maladies sexuellement transmissibles parmi les femmes et les filles. Pour Mme Freire, il convient, en vue d’obtenir des résultats tangibles, d’élargir l’accès aux soins et à la santé reproductive de qualité, ainsi que l’accès au traitement prénatal et gynécologique. Il faut aussi mieux lutter contre la pauvreté, les inégalités régionales, les inégalités entre les sexes, les races et les ethnies, et améliorer le niveau d’éducation des populations.
Mme LYDIA MUNGHERERA, de l’Organisation d’entraide dans le domaine du sida, a mis l’accent sur l’importance des droits de l’homme. Il est impossible de réaliser un accès universel d’ici à 2010 si les politiques et les programmes de lutte contre le VIH/sida n’intègrent pas les normes des droits de l’homme, a-t-elle assuré. Elle a ainsi souligné la nécessité de créer un environnement dépourvu de stigmatisation pour tous les groupes vulnérables, parmi lesquels les personnes handicapées, les minorités sexuelles, les travailleurs du sexe et les jeunes femmes, pour que ces groupes puissent avoir accès à la prévention, au traitement et aux soins. De même, a déploré Mme Mungherera, les inégalités entre les hommes et les femmes contribuent à accélérer la pandémie. Elle a en outre déclaré qu’un engagement politique fort des dirigeants était nécessaire pour accélérer l’atteinte de l’objectif d’un accès universel aux médicaments et aux soins d’ici à 2010, et atteindre, avant 2015 les Objectifs du Millénaire pour le développement.
Mme MARGARET CHAN, Directrice générale de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a mis l’accent, de son côté, sur la nécessité de se fixer des cibles nationales, ce qui permettra aux pays de placer la barre très haut, de multiplier les programmes et de tirer parti des leçons apprises ailleurs. Mme Chan a cité l’exemple de l’Éthiopie qui, a-t-elle dit, a réussi à tripler la couverture en services de tests en quelques années seulement. De même, les investissements ont été accrus en matière de programmation et de dépistage du VIH/sida, s’est-elle félicitée. La Directrice générale de l’OMS a par ailleurs estimé que le financement de la lutte contre la pandémie devait être durable et prévisible. En outre, la stigmatisation et la discrimination constituent des obstacles considérables au traitement, a-t-elle assuré, précisant que la lutte contre la discrimination était souvent inscrite dans des programmes nationaux. Elle a également souligné l’importance de la prévention et de la prise en charge par les pays de leurs propres programmes. Bien que des progrès aient été réalisés, il nous reste néanmoins beaucoup de pain sur la planche, a-t-elle déclaré. Cette pandémie a une influence considérable sur le programme de développement, a-t-elle conclu.
Parmi les représentants des États Membres qui ont pris part à la discussion, la représentante de la Norvège a mis l’accent sur la nécessité non seulement d’augmenter le nombre des résultats positifs obtenus, mais aussi de rattraper les retards accumulés dans la mise en œuvre de certains programmes. Elle s’est en outre interrogée sur les normes en matière de dépenses. Quelle est la qualité du financement? Quels sont les fonds utilisés? a-t-elle notamment demandé. Tous les pays devraient accroître leur contribution pour renforcer les systèmes de soins de santé et améliorer la prévention, a estimé pour sa part son collègue de l’Espagne. Celui-ci a également plaidé en faveur d’une meilleure représentation des femmes aux postes de décisions liés à la lutte contre le VIH/sida. Pour le représentant du Guyana, il est indispensable de se pencher sur la question du traitement qui serait le plus rapide possible et accessible aux personnes infectées par le VIH/sida.
La représentante des États-Unis a estimé que de nombreuses voix ne se faisaient toujours pas entendre, comme celles des enfants, qui ne sont pas représentés dans les groupes de discussion. Le représentant de Cuba a jugé nécessaire, notamment, que les services de santé soient rapprochés des populations et des personnes affectées par la pandémie, et que celles-ci puissent disposer de niveaux d’éducation et d’alimentation normaux. Le représentant de l’Afghanistan a, lui aussi, souligné l’importance de l’éducation et de la sensibilisation des jeunes si on voulait mener une lutte efficace contre le VIH/sida.