Suite des déclarations
S’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. JOHN H. MAGINLEY, Ministre de la santé d’Antigua-et-Barbuda, a estimé que les actions prioritaires en matière de lutte contre la pandémie de VIH/sida étaient les suivantes: tout d’abord, promouvoir une sensibilisation accrue aux aspects de prévention par la mise en place de stratégies nationales adaptées. M. Maginley a ensuite estimé qu’il fallait renforcer les systèmes de santé dans les pays en développement, notamment en mettant l’accent sur le lien entre la promotion des soins de santé génésique et les politiques de lutte contre la pandémie. En outre, a-t-il poursuivi, il est absolument nécessaire de renforcer les capacités de ces pays en comblant le manque de personnels médicaux qualifiés dont ils souffrent. Par ailleurs, des traitements antirétroviraux génériques doivent être mis à la disposition des groupes les plus vulnérables, a ajouté le Ministre de la santé d’Antigua-et-Barbuda, et cela doit passer par la suspension des régimes de droits de propriété intellectuelle. Évoquant ensuite les questions de recherche et de développement, M. Maginley a déclaré que le Groupe des 77 et de la Chine était encouragé par les travaux qui sont en cours sur le développement d’une nouvelle génération de microbicides, utile dans le cadre de la prévention de la propagation du virus du VIH. Selon le Ministre, il faut également mobiliser davantage de ressources pour répondre aux besoins, qui se situeront entre 27 et 43 milliards de dollars en 2010, et entre 35 et 49 milliards de dollars en 2015. À cette fin, des sources de financement fiables sont indispensables, et les pays les plus en difficulté doivent être soulagés du poids de la dette extérieure qui les accable. Quant aux pays développés, ils doivent respecter les engagements qu’ils ont pris en matière d’aide publique au développement, a conclu M. Maginley.
S’exprimant au nom du Groupe de Rio, M. JOSE ANGEL CORDOVA VILLALOBOS, Ministre de la santé du Mexique, a souligné le lien entre développement et VIH/sida, indiquant que la lutte contre la pandémie répondait non seulement à l’un des Objectifs du Millénaire pour le développement, mais contribuait à la réalisation de plusieurs autres de ces Objectifs. Il a ensuite indiqué que si, en Amérique latine, le taux de prévalence était relativement stable, celui des Caraïbes n’en était pas moins en hausse. Depuis que l’Assemblée générale s’est saisie de la question du VIH/sida, le Groupe de Rio n’a pas cessé de plaider pour un accès universel au traitement, a rappelé M. Villalobos. Certes des progrès ont été accomplis dans cette direction, mais des mécanismes de coopération innovants sont plus que jamais nécessaires pour réduire le prix des médicaments antirétroviraux, a fait observer le Ministre. Selon lui, l’accent devrait être également mis sur la sensibilisation aux dangers de la pandémie et les stratégies de prévention. Celles-ci devraient s’appuyer sur des faits indiscutables et être centrées sur les groupes vulnérables. Dans ce contexte, elles devraient prendre en compte l’impact psychologique de la maladie, afin de veiller à ce que, d’ici à 2010, 95% des jeunes du monde entier soient en possession de toutes les informations nécessaires concernant le VIH.
Dans de nombreux cas, a rappelé M. Villalobos, les stigmates, la discrimination et l’homophobie ont empêché une discussion franche à ce sujet, façonnant une culture de la dissimulation, du silence et de la honte. Il faut briser ce cycle, a-t-il exhorté, grâce à des campagnes d’information claires et à une législation promouvant l’égalité. La prévention doit aussi se faire dans le respect des droits de l’homme pour tous, qu’il s’agisse de femmes, d’enfants, de jeunes, d’homosexuels, de travailleurs du sexe, de migrants, de réfugiés ou de personnes déplacées, a ajouté le Ministre. S’exprimant dans un second temps en sa qualité de représentant du Mexique, M. Villalobos a indiqué que son pays, en l’espace de cinq ans, avait décuplé ses ressources pour répondre au fléau de la pandémie: il a notamment accru de 390% la disponibilité de traitements antirétroviraux pour les personnes privées d’assurance médicale et dépensé 350 millions de dollars par an pour lutter contre le VIH/sida.
M. BRIAN CHITUWO (Zambie), qui s’exprimait au nom de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), a indiqué que cette région, qui compte 4% de la population mondiale, concentre 36% de la population mondiale vivant avec le VIH et le sida. C’est donc la région la plus touchée par l’épidémie. Les chefs d’État et de gouvernement des pays de la SADC se sont engagés à renverser l’épidémie et à réduire l’impact du VIH/sida dans plusieurs documents. Il a notamment cité la Déclaration d’Abuja et celle de la session extraordinaire de l’ONU, de 2001, ainsi que la Déclaration de Maseru de 2003 et celle de Brazzaville de 2006. Aux termes de la Déclaration de Maseru sur le VIH/sida, cinq domaines d’intervention prioritaire ont été identifiés: la prévention et la mobilisation sociale; l’amélioration des services de soins, d’accès de conseil et de dépistages; l’accélération du développement et atténuation de l’impact du VIH et du sida; l’intensification de la mobilisation des ressources; et le renforcement du contrôle institutionnel et des mécanismes d’évaluation.
Grâce à ces engagements, des progrès importants ont été réalisés dans ces domaines, a indiqué M. Chituwo. Il a signalé que de plus en plus de ressources sont mobilisées aux niveaux régional et national, comme par l’intermédiaire du Fonds régional créé par la SADC. La réponse au problème du VIH et du sida a aussi reçu des contributions généreuses de la part des partenaires internationaux de coopération et de donateurs. M. Chituwo a fait remarquer que les pays de l’Afrique australe étaient encore confrontés à des défis importants comme les systèmes de santé surchargés, le sous-développement et la pauvreté, le contrôle et les systèmes d’évaluation insuffisants, le manque d’harmonisation des ressources consacrées à la lutte contre le sida, ainsi que le coût prohibitif des médicaments. En tant que région, a conclu le représentant de la SADC, nous devons explorer plus avant les possibilités de partenariat avec les institutions financières et de développement.
S’exprimant en sa qualité de Ministre de la santé de la Zambie, M. Chituwo a déclaré que le Gouvernement zambien avait pris des mesures audacieuses pour lutter contre le VIH/sida, notamment en lançant un Programme de prévention de la transmission du virus de la mère à l’enfant, dont bénéficient 40% des mères concernées. Par ailleurs, plus de 50% de nos citoyens qui ont besoin d’un traitement y ont accès gratuitement, s’est félicité le Ministre. En outre, a-t-il poursuivi, nous avons mis sur pied un Conseil chargé de coordonner la réponse multisectorielle à apporter à la pandémie. Cet organe a permis d’initier un Cadre national de lutte contre le VIH/sida et de faciliter une action décentralisée dans tout le pays, a poursuivi M. Chituwo. Enfin, a conclu le Ministre, des politiques de prévention et de soins ont été adoptées en faveur des communautés les plus vulnérables.
Mme AMENTA MATTHEW, Ministre de la santé des Îles Marshall, qui parlait au nom des petits États insulaires en développement du Pacifique, a reconnu que même si la prévalence du VIH reste faible dans la plupart de ces pays, le VIH/sida continue à poser un problème majeur dans la région. Nos pays présentent des risques élevés du fait de la grande proportion de jeunes dans la population, a-t-elle relevé, et aussi à cause du taux de changement social qui évolue rapidement et de la grande mobilité de nos populations. Le Ministre a aussi parlé du grave problème de la tuberculose dans la région du Pacifique, où le taux d’infection dans certains pays est parmi les plus élevés du monde, sachant en plus que cette maladie est particulièrement mortelle pour les personnes atteintes du sida. Il faut aussi noter que la situation géographique isolée des îles de la région constitue un obstacle pour la fourniture des soins préventifs Les principaux facteurs dans la transmission du sida sont le manque de ressources, la réticence des communautés à traiter de la question taboue du sida et des autres maladies sexuellement transmissibles, les faibles capacités à fournir des soins et traitements adéquats, le défaut de coordination entre les gouvernements nationaux et régionaux et les inégalités homme-femme.
La Ministre a assuré que les gouvernements des pays de la région s’engageaient à travailler ensemble pour mettre fin à la propagation de l’épidémie, citant la stratégie régionale adoptée dans les années 1990. Elle a mentionné la création d’un comité conjoint à Kiribati sur le sida et la tuberculose, celle du Conseil national de la Papouasie-Nouvelle-Guinée et l’engagement des dirigeants de Fidji au plus haut niveau. Il y a aussi les aides fournies par le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, et l’Initiative franco-australienne, a-t-elle ajouté. La Stratégie régionale du Pacifique a été en outre étendue à la période 2009-2013. La Ministre a ensuite attiré l’attention sur les effets des changements climatiques sur les petits États insulaires, comme les déplacements de population qui constituent une source de propagation de la maladie, en particulier chez les groupes les plus vulnérables, c’est-à-dire les femmes et les enfants. Elle a donc appelé à intégrer les préoccupations en matière de santé dans les stratégies de lutte contre les conséquences des changements climatiques.
Intervenant ensuite en sa capacité nationale, la Ministre de la santé des Îles Marshall a indiqué que son pays, malgré sa petite taille et sa situation géographique, n’échappe pas à l’épidémie du VIH/sida, ayant recensé, depuis la fin des années 1980, 12 cas de VIH et deux cas de sida. Mais les Îles Marshall ont accompli de grands progrès dans la promotion de l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes. « Nous avons restructuré nos systèmes de services de santé et amélioré la coordination entre le VIH/sida et la santé reproductive », a précisé la Ministre. Avant de conclure, elle a invité la communauté internationale à participer au financement de la recherche et du développement dans son pays, les fonds nécessaires ayant été évalués à 11,4 milliards de dollars pour renverser la tendance de l’épidémie d’ici à 2015.
Mme CAROLINE CHANG, Ministre de la santé publique de l’Équateur, a déclaré que son pays considérait que la pandémie du VIH/sida ne peut être jugulée si une prévention durable n’est pas établie à l’échelle mondiale. Elle a ainsi estimé que les politiques de lutte contre la maladie ne doivent pas être gérées dans l’urgence mais sur le long terme, en s’appuyant sur des ressources adéquates. La Ministre a ensuite indiqué que les programmes éducatifs équatoriens comportaient, à des fins de prévention, un volet consacré à l’éducation sexuelle et au VIH/sida. Elle a précisé que près de 13 000 personnes vivent en Équateur avec le virus du sida depuis 1984, et que les différents services sanitaires spécialisés permettent au pays de fournir des traitements à 80% des individus contaminés. L’Équateur compte sur le soutien de la Banque mondiale pour répondre à ses besoins en matière de traitements antirétroviraux, a dit la Ministre de la santé, ajoutant qu’un réseau national de centres de soins couvrait le pays jusqu’à ses zones rurales les plus reculées.
Mme Chang a également signalé que la Constitution de l’Équateur interdisait la discrimination contre les personnes vivant avec le virus du VIH, y compris celles qui ont une orientation sexuelle différente. Elle a déclaré qu’en 2006, le budget alloué à la lutte contre le sida avait pratiquement atteint les 3 millions de dollars, ce qui représente une augmentation de 600 000 dollars par rapport à l’exercice 2005. En conclusion, Mme Caroline Chang a notamment estimé qu’il fallait accroître l’accès à la prévention en faveur des groupes les plus exposés: les travailleurs du sexe, les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes, les utilisateurs de drogues injectables, les prisonniers et les franges des plus exclues de la population.
M. DANIEL K. KWELAGOBE, Ministre des affaires présidentielles et de l’administration du Botswana, s’est déclaré particulièrement préoccupé par la progression de la pandémie en Afrique subsaharienne. Depuis plus de deux décennies, le Botswana a mis en place une réponse nationale agressive sous la houlette de l’ancien Président du pays, M. Festus G. Mogae, qui est aussi à la tête d’un Conseil national sur le VIH/sida. « Grâce à nos efforts de prévention dans le cadre d’un Programme de transmission de la mère à l’enfant, 96% des enfants nés au Botswana ne sont plus atteints du VIH/sida, alors qu’ils étaient encore à 60% en 1999 », a assuré M. Kwelagobe. En outre, le Gouvernement a introduit un test de dépistage routinier du VIH dans tous ses locaux, afin de pouvoir mieux cibler les personnes qui nécessitent un traitement. Depuis 2006, le Botswana enregistre un déclin de la prévalence parmi ceux qui ont été soumis à un test pour la première fois, a affirmé le Ministre. De manière plus générale, nous observons un ralentissement, sinon un déclin, de la pandémie, qui suggère une espérance de vie plus importante des personnes en traitement, a-t-il conclu.
M. AMAR TOU, Ministre de la santé, de la population et de la réforme hospitalière de l’Algérie, a déclaré que, comme le montre le rapport du Secrétaire général de l’ONU, la prévalence mondiale du VIH s’est stabilisée, mais les progrès restent inégaux, certains pays africains demeurant lourdement affectés. Il a ajouté que cette situation n’était pas sans relation avec le niveau de pauvreté, les conflits et le non-développement. Le Ministre algérien de la santé a ensuite évoqué l’état de la pandémie dans son pays, indiquant que la prévalence du VIH en Algérie n’est que de 0,14%. M. Tou a expliqué que malgré le faible taux de cette prévalence, l’engagement de son pays dans la lutte contre la maladie restait total et résolu. L’adhésion de l’Algérie à tous les engagements internationaux de lutte contre cette pandémie témoigne de sa volonté de s’intégrer à la riposte mondiale. Au plan interne, a poursuivi M. Tou, cet engagement se traduit par la mise en œuvre d’une politique globale qui s’appuie sur un large réseau de prise en charge visant l’accès universel à la prévention, aux traitements, aux soins et au soutien psychosocial ainsi qu’à la lutte contre la stigmatisation. Après avoir été le premier pays dans le monde arabe et musulman à voir la naissance d’une association de personnes vivant avec le VIH, témoin significatif de son partenariat stratégique avec la société civile, notre politique nationale s’est concrétisée par la mise en place d’un dispositif national destiné à faciliter l’accès pour tous sans exclusion et constitué d’un réseau de 60 centres de dépistage volontaire, de 12 centres de traitement et d’un laboratoire national de référence. Outre les ressources nationales, M. Tou a précisé que l’appui de l’ONUSIDA et du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme ont contribué au déploiement de ce dispositif.