Dans les traditions africaines en général et mauritaniennes en particulier, la femme a toujours été considérée comme un être inférieur devant toujours obéir à l’autorité de l’homme. Dans les prises décisions familiales, tribales et communautaires, elle n’a jamais son mot à dire : elle devrait toujours se contenter de ce que les hommes décident. Jusqu'à ce jour, en République mauritanienne, nous ne constatons aucune amélioration positive (ou objective) pouvant laisser penser à une participation effective, réelle des femmes dans vie publique de la société mauritanienne. Or aucune société ne pourra valablement progresser si elle n’accorde pas à ses femmes une place on ne peut plus importante dans les affaires sociales et politiques.
Aujourd’hui, en Mauritanie, nous sommes en train de traverser une situation politique, sociale et économique qui exige, il est vrai, la participation inconditionnelle de toutes les citoyennes et de tous les citoyens dans le combat social et politique pour plus de justice sociale et de démocratique.
Le pays traverse, depuis le coup d'État militaire du 06 août dernier, une crise « démocratique » de nature sérieuse. Les femmes, au même titre sans doute que les hommes, doivent, selon leur capacité, apporter leur pierre à l’édifice de la nouvelle Mauritanie démocratique naissante. Et pour que ces femmes mauritaniennes puissent réellement jouer leur rôle dans l’émergence de cette Mauritanie nouvelle que nous voulons mettre en place, elles doivent, incontestablement, bénéficier d’une attention particulière et inconditionnelle.
Pour cela, de fait, un certain nombre des mesures doivent être pris, au préalable. Ces mesures doivent, dans un premier temps, concerner la lutte contre le faible taux de scolarisation des jeunes filles. Chaque année, dans ce pays en effet, le nombre des filles inscrites à l’école est, de très loin, inférieur à celui de leurs frères. Or ce sont les jeunes filles d'aujourd'hui qui seront, en principe, les femmes devant assumer des responsabilités sociopolitiques demain. Il urge donc de combattre rigoureusement l'analphabétisme et l'illettrisme dont celles -ci sont victimes aujourd'hui. Les filles, comme les garçons, doivent avoir droit à l’éducation et la formation professionnelle pouvant leur permettre d’être utiles à leur nation. Si, dès le départ, nous négligeons d’envoyer nos filles à l’école, il va sans dire que la Mauritanie de demain sera faite sans leur contribution. La scolarisation massive des jeunes filles doit donc être une nécessité de première heure qui ne doit souffrir d’aucune négligence de la part de notre État et des parents. Car, dans tous les cas, l'État et les parents ont des responsabilités respectives à jouer dans la lutte contre l’analphabétisme des filles. Et, dans un second temps, une fois que les filles sont envoyées à l’école, elles doivent être suivies, encouragées et aidées afin de leur permettre d’avoir, au terme de leur cursus, des diplômes leur permettant d’entrer dans le monde professionnel.
Car il est aujourd’hui regrettable de voir la plupart des filles quitter l’école sans aucun diplôme à cause des considérations ou coutumes sociales, comme le mariage, parfois précoce, et les travaux ménagers. Si nous voulons vraiment réussir notre intégration dans le monde « moderne », nous devons revoir ces méthodes. Nous ne sommes pas, par contre, opposé au mariage des filles poursuivant des études universitaires ou autres. Mais ce que nous voulons, c’est ce que le mari dont l’épouse « fait des études » essaie de s’adapter à cette réalité et, ensemble, les deux époux doivent discuter des modalités d’organisation pouvant permettre à la femme de continuer ses études sans déranger le train de vie familial ou conjugal. Mais, également, la société doit jouer un rôle capital dans cette négociation. Car tout, dans cette « affaire », est question de mentalité. Il faut que les gens apprennent à s’adapter à cette réalité. L’image que l’on a de la femme dans la société mauritanienne doit être changée ou corrigée si nous voulons aller de l’avant. Et notre avancée ne saura se faire si nos femmes ne participent pas au combat social et politique. Et leur participation à ce combat sera fonction de leur scolarisation et de leur formation.
SOUMARE Zakaria Demba