Le moment est grave par l’envahissement des toxines dans le vivier de l’apartheid financier mondial, il l’est aussi par la victoire de la démocratie sur l’obscurantisme. Le quatre novembre restera gravé dans les annales de la lutte des peuples pour la liberté, l’égalité et la démocratie au sens noble des termes. Mais en face ce chiffre en sept fois nous mène à l’aube de la souveraineté nationale, à l’indépendance de notre République Islamique, avènement au comble de la frénésie, des espoirs. Mais événement que nous attendions chaque année avec fierté a été terni par cet autre quatre fois sept, cette fois macabre de vingt huit soldats sacrifiés sur l’autel d’un nationalisme enivré. On efface l’homme pour sanctifier le nombre ! Par cet ostracisme, certains, imbus de valeurs tronquées de toute moralité, ont érigé des barricades étanches entre les filles et les fils de cette réalité nationale structurant un même ensemble. Est-on capable de regarder notre vingt huit novembre avec courage, avec les mêmes émotions ?
La matière première de notre pays, l’homme mauritanien, est mis à rude épreuve de façon constante, à chaque épisode pour des raisons qui échappent aux codes de bonne conduite, de civilité, de démocratie, comme l’atteste la présente situation. Peut-on créer les conditions de regard sur ce passé afin de réduire la distance entre les bourreaux et les victimes, de favoriser le triomphe du droit sur l’impunité, d’assainir le présent assombri par l’emballement, le chaos ? Comment peut on affronter tous ces défis présents et à venir dans un contexte de déchirement national à tous les niveaux? Aux grands maux les grands remèdes ! Les hommes pour la sortie de crise ne font-ils pas défaut?
Le 4 novembre, est à l’inverse du 11 septembre dans l’Amérique où cinquante étoiles ont accepté de défier la discrimination pigmentaire des origines. La communion, l’émotion portent désormais sur l’espoir pour un dessein politique qui ramènera la confiance malgré un contexte très difficile, car le retour de la vague de l’apartheid financier risque de durer longtemps. La symbolique actée consume les stigmatisations et émousse les aspérités psychologiques, c’est le choc des consciences. Le droit et la démocratie peuvent bien contenir la force déraisonnée, mais pour y arriver il faut çà… Nous autres, sommes nous outillés pour ce choc des consciences ? C’est là notre problème, notre handicap majeur.
Thierno Tandia