Le Sénégal aurait pu réduire son gap de 7 974 sages-femmes pour répondre à la norme de l’Oms qui est de six sages-femmes pour mille naissances, s’il pouvait recruter les 1 217 sages-femmes actuellement en chômage.
Bien que disposant d'un effectif actuel de 990 sages-femmes, y compris les sages-femmes infirmières, le Sénégal traîne un déficit de personnel évalué à 7 974 sages-femmes. Selon l’analyse de la situation des ressources humaines, réalisée par le Plan national de développement de la santé entre 2006 et 2010, ‘bien que l’Oms recommande six sages-femmes pour mille naissances, nous notons la persistance d’un déficit en sages-femmes, aggravé par une répartition inégale et inefficace de celles-ci’. Le document rendu public hier par la vice-présidente de l’Association nationale des sages-femmes d’Etat du Sénégal (Ansfes), Mme Bigué Bâ Mbodj, souligne un besoin supplémentaire de 1 556 sages-femmes à Dakar, 1 028 à Thiès et 709 à Kolda. En outre, la feuille de route multisectorielle pour accélérer la réduction de la mortalité maternelle estimait à 250 le nombre de sages-femmes à recruter pour l’atteinte des Omd 4 et 5.
Pour préserver le droit des femmes à donner la vie en restant en vie, le gouvernement a soutenu le relèvement du niveau de recrutement des sages-femmes au baccalauréat et opéré en 2010 au recrutement de 800 agents de santé, dont 111 sages-femmes. ‘Malgré ces acquis, le gap est encore loin d’être comblé’, souligne pour le déplorer Mme Mbodj selon qui la ressource humaine est, pourtant, disponible au Sénégal. En effet, d’après la vice-présidente de l’Ansfes, ‘1 217 sages-femmes en chômage sont actuellement sur le marché du travail, prêtes à aller là où on a besoin d’elles pour contribuer à la réduction de la mortalité, à la morbidité maternelle et infantile’.
D’après le rapport publié hier sur l’état de la pratique de la sage-femme dans le monde, le Sénégal compte, à côté des 990 sages-femmes, 126 obstétriciens, 14 généralistes, 60 autres soignants, 1 603 travailleurs de santé communautaire, tous ayant des compétences de sages-femmes. Le registre à jour de sages-femmes diplômées n’a cependant pas été révélé.
Ainsi, pour que plus jamais une femme ne meurt en donnant la vie, l’Ansfes estime que des mesures audacieuses devront être prises à plusieurs niveaux. Parmi celles-ci et à charge au gouvernement, le recrutement, le renforcement de la disponibilité et l’accessibilité des soins obstétricaux d’urgence, la répartition efficace des sages-femmes, l’adoption d’une loi sur l’Ordre des sages-femmes, l’accréditation des écoles et des programmes de formation aussi bien dans le privé que dans le public. Des écoles de formation, l’Ansfes exige le respect des normes standard nationales, internationales en matière de formation, le recrutement de personnel enseignant qualifié. Quant aux organismes, les sages-femmes d’Etat du Sénégal attendent d’eux la promotion des services de sage-femme, l’appui dans le renforcement des capacités de l’Ansfes, la protection du titre professionnel de ‘sage-femme’. ‘L’application de toutes ces mesures sans délai permettra sans nul doute au Sénégal d’être au rendez-vous de 2015. Les sages-femmes sont un personnel incontournable pour l’atteinte des Omd 4 et 5’, conclut Mme Mbodj.
Walfadjri