Les autorités sénégalaises doivent avoir une oreille attentive sur les routes transsahariennes qui servent aussi de lieux de passage à l'émigration clandestine, ont confié des Sénégalais établis au Ghana, à l'envoyé spécial de l'APS à Accra.
''Nous avons l'impression que nos autorités n'ont d'yeux et d'oreilles que pour l'émigration clandestine à travers l'océan atlantique. Or, il y a plusieurs centaines de compatriotes qui tentent de passer par le désert pour atteindre la Libye et ensuite passer l'Italie'', a indiqué Serigne Fallou Mbacké, vice-président de l'Association des Sénégalais vivant au Ghana.
M. Mbacké, qui a passé plusieurs années en Libye avant de revenir à Accra, souligne que ‘'les routes transsahariennes sont pavées de tombeaux de ces jeunes anonymes qui tentent l'aventure''.
‘'Personnellement, je suis passé à côté d'un village en plein désert. Il y a plusieurs jeunes sénégalais installés dans ce no man's land sans aucune possibilité de poursuivre leur route et qui n'ont pas de moyens pour rebrousser chemin'', a expliqué cet enseignant dans le privé à Accra.
Pour l'ancien étudiant du département de Philosophie de l'Université Cheikh Anta Diop, ‘'ces voies sahariennes font de véritables hécatombes''.
‘'Le problème est plus ancien que les jeunes bravant l'océan atlantique à la recherche de l'Eldorado européen'', a-t-il insisté, appelant ‘'les médias à s'impliquer davantage pour dissuader les jeunes qui se font tout simplement hara-kiri''.
Serigne Fallou Mbacké, qui avait tenté l'aventure en Libye avant de venir s'installer au Ghana, est d'avis que ‘'les gens se focalisent sur les jeunes empruntant les pirogues alors qu'il y a un autre drame dans le désert saharien''.
‘'Beaucoup de ces jeunes passent par le Mali'', a ajouté Mamadou Diop qui a fait pratiquement tous les pays de la sous-région ouest-africaine avant de s'installer depuis cinq années au Ghana ‘'où on peut travailler librement si on respecte toutes les lois de ce pays''.
‘'Dans un passé récent, les gens pensaient qu'il était facile d'aller en Italie en passant par la Libye. S'il y a des émigrés qui l'ont réussi, la majorité d'entre eux se trouve coincée une fois dans le désert'', a-t-il dit, précisant qu'ils sont souvent la proie des passeurs indélicats.
Pour lui, comme pour son compatriote, Serigne Fallou Mbacké, ‘'les médias doivent pousser la sensibilisation en expliquant aux jeunes que les routes sahariennes ne mènent qu'à la mort''.
Source : Salif Diallo, APS