La tension a été très vive hier au palais. Précisément en Conseil des ministres. C’est en pleine séance que les informations sur les manifestations, qui se sont signalées dans plusieurs quartiers de Dakar, sont tombées. Et, à ce moment précis, les autorités n’avaient pas toutes les informations sur les raisons des manifestations. D’après des sources basées au palais présidentiel, la panique s’est installée au palais. Lorsque les premières informations ont commencé à tomber, la réunion du Conseil des ministres a failli être interrompue.
Mais les choses importantes se passeront en début de soirée avec une impressionnante ronde de ministres. Me Wade va convoquer une réunion de crise avec Samuel Sarr, ministre de l’ Energie et le ministre délégué, chargé du Budget pour leur demander de régler la situation dans les plus brefs délais. Le Palais craignait une rebelote des violentes manifestations des marchands ambulants, que les forces de l’ordre avaient eu du mal à canaliser.
Depuis ces évènements du 21 novembre 2007, on surveille tous les quartiers chauds de Dakar. Comme de l’huile sur le feu. Aussitôt après l’éclatement des manifestations, des mesures ont été prises du côté des Services de sécurité où des dispositions particulières, privilégiant la souplesse dans les interventions alors que la Police sénégalaise avait habitué les citoyens aux coups de matraques...électriques. Si cette option a été choisie, c’est qu’on mesure bien l’intensité de la colère des populations dont le panier de la ménagère ne cesse d’être agressé par la conjoncture économique très hostile. En vérité, les services de renseignement de l’Etat ont, depuis belle lurette, briefé le pouvoir sur la montée de la tension dans beaucoup de quartiers populaires du Sénégal.
Et, d’après les bulletins qu’ils ont livrés, tous les ingrédients sont réunis à Dakar pour que la violence s’invite dans les rues de Dakar. Arguments de force , les inondations qui ont privé une bonne partie des habitants de la banlieue dakaroise de leurs habitations. Mais surtout, à l’index, la hausse du coût de la vie dans un contexte de raréfaction des ressources. Dans ce contexte, les coupures d’électricité sont mal venues, surtout que les doubles factures d’électricité se sont invitées dans la partie. Les rapports se sont fait plus tranchants avec le match Sénégal–Gambie, samedi prochain. Comme nous l’évoquions dans notre édition de mardi dernier, des dispositions particulières ont été prises sur l’ ensemble du territoire national qui mobilise à la fois les forces de l’ordre et de la Gendarmerie. On craint fort ce choc. Car, avance-t-on, si les délestages se signalent dans certains quartiers en plein match, cela pourrait avoir des «effets non désirés». Et le pire, ce serait que le Sénégal perde. Tout pour dire que le contexte n’a jamais été aussi électrique que par ces temps qui courent.
Source : L'Observateur