Sa contribution au développement de l’éducation non formelle a été unanime. L’ancienne directrice de l’Ong Ared, Sonja Fagerberg Diallo, décédée le 5 mars dernier, laisse en héritage une série de publications en langues nationales.
C’est une assemblée éplorée qui a rendu hier un vibrant hommage à l’ancienne directrice de l’Ong Associates in research and éducation for development (Ared), Sonja Fagerberg Diallo. Elle est décédée le 5 mars dernier à Seattle, aux Etats-Unis, à la suite d’une courte maladie. Amis, collègues, acteurs de l’alphabétisation, tous ont été unanimes sur le rôle qu’elle a joué dans le développement des langues nationales au Sénégal. Surtout, retiennent certains, dans l’essor de l’éducation non formelle. La défunte directrice de l’Ong Ared était une américaine qui a adopté la langue pulaar dès son arrivée au Sénégal en 1976, au moment où les actions d’alphabétisation étaient intenses. Face à l’absence de matériel didactique qui devait accompagner le vaste mouvement d’alphabétisation qui était en place, elle se lance alors dans l’édition. Son objectif était de pérenniser les actes pour qu’ils servent aux alphabétisés.
Sonja Fagerberg Diallo a commencé d’abord par publier deux livres qu’elle a écrits. Car, rappelle la responsable de l’édition à Ared, Mme Awa Ka Dia, ‘elle a écrit un ouvrage d’initiation en pulaar pour les Anglophones qui viennent au Sénégal’. Linguiste de formation, l’ancienne directrice d’Ared a aussi publié un ouvrage en grammaire pulaar. ‘Ceci, témoigne Mme Dia, entrait dans le cadre de ses investigations pour le développement de cette langue’.
L’héritage que laisse la disparue est évalué à plus de 150 titres, publiés dans six langues nationales. L’Ong Ared qu’elle a créée en 1977 a aussi traduit en français quinze de ses publications et distribué plus de 800 000 exemplaires. ‘A l’heure actuelle, nous avons en stock plus de 100 000 ouvrages qui touchent à des domaines variés’, renseigne la responsable de l’édition.
Les publications de l’Ong Ared contiennent des manuels pour programmes d’alphabétisation, des romans, des essais, des livres de contes, des ouvrages sur le droit, et même sur la religion. Elles sont généralement éditées en pulaar. Les autres langues ne sont pas en reste car, il y a des livres en wolof, mandingue, soninké, sérère, diola, bambara et en français. Parmi les romans traduits qui ont eu plus de succès, figure en bonne place L’aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane. D’une portée littéraire intéressante, l’œuvre devait alors être traduite en pulaar. ‘Notre souci était de la ramener au niveau des alphabétisés’, explique-t-on à Ared.
La publication de mille exemplaires écoulés sur le marché à pousser à la réédition de l’œuvre. Parmi les best-sellers, on retrouve en deuxième place le roman écrit par feu Yéro Dooro Diallo, Ndikkiri Joom Moolo, l’aîné au violon en pulaar. Un essai sociologique édité par l’Ong Ared a aussi représenté l’Afrique à la foire du livre de Francfort : il s’agit du livre intitulé La femme Peuhl d’hier à aujourd’hui de Dieynaba Boubou Sow. Cet essai fait la comparaison sur le plan vestimentaire, et l’utilisation des ustensiles par les femmes d’hier et celles d’aujourd’hui. Outre cette littérature abondante, Ared a produit des ouvrages sur la citoyenneté. Des collaborations ont été aussi nouées avec les pays de la sous-région, au Mali et au Burkina Faso. ‘Aujourd’hui le devoir, souligne la responsable de l’édition Awa Ka Dia, nous dicte de continuer l’œuvre de Sonja, car elle a fait le plus difficile.’.
Fatou K. SENE, WalFadjri