Que pouvons-nous retenir des discussions que vous avez eues avec l'entraîneur des Lions, Lamine Ndiaye ?
J'avais quelques questions à lui poser par rapport à ce qui s'est passé antérieurement. Il est venu, il s'est présenté. Il a répondu aux questions que je lui ai posées. C'est la première fois qu'on se voyait, mais on s'est parlé au téléphone à trois reprises. Même si cela n'a jamais duré plus de cinq ou dix minutes. La première rencontre s'est bien déroulée, j'avais tenu à ce qu'un ami assiste à la rencontre. Il s'agit de Sadio Bâ qui avait joué à Bruges. Il connaissait l'entraîneur. C'est d'ailleurs lui qui est allé le prendre à la gare pour le conduire jusqu'à mon lieu d'entraînement. Qui se situe à 40 minutes de la gare. Ce jour-là j'avais deux séances à faire. Il s'est déplacé jusqu'à l'entraînement pour me voir et on a discuté.
Est-ce qu'à l'issue de ces discussions, on peut envisager votre retour en sélection ?
Cela fait longtemps que je me suis mis à la disposition de l'équipe nationale. Lors d'une conférence de presse à Canal Production à Dakar, on m'avait posé la question et j'avais clairement répondu avec le cœur. J'avais dit que si c'était le peuple qui désirait me voir jouer en sélection, je me serais même mis à vélo pour rejoindre la Tanière. Maintenant dans la tête de l'entraîneur, il en était autrement. Il a pensé qu'il n'avait pas besoin de moi jusqu'au match contre la Libye. Je ne pouvais pas y aller parce que j'avais deux matches de suite en championnat qui venait de débuter. Il m'avait signifié qu'il comprenait ma position. Et je lui avais fait savoir que je restais à sa disposition pour la suite. C'est-à-dire pour le match contre l'Algérie. On s'était arrêté à ça. Il n'a pas fait appel à moi contre l'Algérie. Je lui ai demandé les raisons. Il m'a répondu. Mais, je n'ai pas à discuter sur les choix d'un sélectionneur national. Ce n'est pas mon rôle. Il avait pensé qu'il n'avait pas besoin de ma présence en Algérie, alors que moi je pensais être appelé. Cela n'a pas été le cas. Je me suis alors concentré sur mon club pour faire ce que j'avais à faire.
Quel est le discours que l'entraîneur vous a tenu ?
Lors de notre première rencontre, il m'a fait comprendre qu'il était venu pour avoir un premier contact avec moi. Il m'a signifié qu'il ne me connaissait pas très bien. Selon ses propres termes, je suis un potentiel sélectionnable.
Quelle a été votre réponse ?
J'ai surtout écouté ce qu'il avait à me dire. J'étais fortement blessé par ma non-sélection, je lui ai dit ce que je ressentais. Il m'a donné quelques explications. Mieux, il s'est même excusé, si cela était un manque de respect de sa part vis-à-vis de ma personne. Il m'a expliqué qu'on va essayer d'avancer un petit peu. Il pensait que j'étais moins grand. Il y a des détails qu'il voulait voir et comprendre qui j'étais. Parce que je suis un potentiel sélectionnable.
Quels sont les arguments qui plaident en votre faveur pour un retour en sélection ?
Depuis décembre dernier, ça roule bien pour moi. On (La Gantoise) avait terminé cinquième du championnat. On a joué la finale de la coupe de Belgique. Des amis sont venus me voir devant 45 000 spectateurs. J'ai été élu homme du match, même si on avait perdu par 3 à 2. Il y a plein de choses qui se sont passées. Mais le sélectionneur en avait décidé autrement. Je lui ai demandé les raisons de ma non-sélection. Je n'entrerais pas dans les détails. Mais, un adulte qui fait le déplacement jusqu'en Belgique et qui présente des excuses par rapport à certaines choses… Il faut savoir mettre de temps à temps certaines choses de côté pour le bien de tout le monde.
Donc vous êtes prêt à relever le défi…
La vie est un éternel défi. Quand on va sur le terrain, on veut toujours relever le défi qui est de battre l'équipe adverse de faire en sorte que les supporteurs qui viennent au stade puissent retourner chez eux heureux. Le défi se situe là. Tous les samedis c'est ce défi que j'essaie de relever avec mon club. Je viendrai avec la même envie, avec le même état d'esprit. Je dirai même plus fortement que ce qu'il y a en club parce que l'équipe nationale, c'est un peuple, c'est une nation. C'est plus valorisant et plus fort. Il faut se donner à fond. Moi je donnerai de ma personne en espérant que Dieu m'aidera dans l'accomplissement des choses que je voudrais faire.
Mais aussi retrouver l'ambiance du stade Léopold Sédar Senghor…
Ce sera quelque chose d'exceptionnel de rejouer pour l'équipe nationale, c'est exceptionnel. S'il faut le faire devant les Sénégalais au stade Léopold Sédar Senghor, c'est plus qu'extraordinaire. J'ai toujours été à la disposition des sélectionneurs. Mais je n'étais pas dans leurs plans. Cependant, cela ne veut pas dire que je serai forcément sélectionné pour le prochain match contre la Gambie. Il m'a dit que je suis un potentiel sélectionnable. Maintenant, je fais mon travail dans mon club et je reste à la disposition du Sénégal.
Que vous inspirent les résultats des Lions ?
J'ai toujours un pincement au coeur quand le Sénégal joue. Maintenant, si on se rend compte que l'équipe a perdu, on a forcément mal. Par la force des choses, des internationaux deviennent des amis très proches. Je n'ai pas suivi un match des Lions depuis longtemps. Il me sera difficile de dire ce qui manque pour qu'elle tourne comme avant. Il y a des bruits. Je ne suis pas sur place. Je ne porte pas de jugements si je ne vois pas comment les choses fonctionnent.
Comment vous et votre club vous comportez en ce début de championnat ?
Les débuts sont mitigés. On a fait match nul contre une équipe qui joue la coupe d'Europe, on a raté le coche devant une équipe soi-disant reléguable. On fait un nul chez nous. Et puis il y a eu un troisième match qu'on a perdu. Mais là on a gagné trois à zéro chez nous. On a connu un départ mitigé, mais c'est cela aussi le football. Au début, les gens sont euphoriques. C'est dans le temps qu'on connaît ceux qui sont solides et ceux qui peuvent tenir. Confirmation. Je ne suis plus dans cet état d'esprit. J'essaie d'être dans une continuité avec l'aide du bon Dieu, de n'avoir pas de blessure. Le football, il est là et il sera là jusqu'à la fin de ma vie. Je continue de prendre plaisir. C'est un plaisir quotidien et j'espère qu'il n'y aura pas quelque chose qui se mettra en travers de mon chemin pour m'empêcher de le vivre.
Source: L'observateur