Après Issiar Dia, Moussa Sow, Henri Saivet et récemment Kalidou Koulibaly, un international espoir français d’origine sénégalaise, Younousse Sankharé de l’En Avant Guingamp (L1), a poussé les portes de la «Tanière». Des techniciens dressent le portrait de ce joueur (26 ans) pétri de talent.
Younousse Sankharé a choisi de devenir «Lion». Il aurait pu être «Mourabitoune» (surnom donné aux joueurs de la sélection mauritanienne, en référence à l’ancienne dynastie des Almoravides). Sa mère est Sénégalaise, son père Mauritanien. Mais le milieu de terrain de Guingamp (26 ans) est resté insensible aux différentes propositions de la Fédération mauritanienne de football. L’ex-sélectionneur des «Mourabitounes» qui le voulait dans ses rangs, en février 2014, pour donner de l’épaisseur à son effectif, s’était heurté à un mur. Patrice Neveu avait fini par jeter l’éponge et déclarait, au début du mois de mars 2014 sur le site mauritaniefootball.com, ceci : «Il faut oublier Younousse Sankharé.
Le joueur (milieu de terrain) déclare être Sénégalais et non Mauritanien.» Ses propos ont été confirmés à «L’Observateur» par Bafodé Diakhaby, le défenseur de Paris Fc, formé au prestigieux club de la capitale française, aujourd’hui repris par les Qataris. «Quand on était ensemble au Psg (2007-2011), on parlait, tout le temps, de l’Equipe nationale du Sénégal. Ça a toujours été son objectif. Younousse a beaucoup de sélections en Equipe nationale de France des jeunes (16 matches chez les Espoirs), mais a toujours pensé au Sénégal.» La passe était belle, l’amorti de Giresse sublime. L’ancien pilier du carré magique des «Bleus», qui n’a rien perdu de sa maestria, balle au pied, avançait avec tact, à propos du joueur : «Il est dans un secteur de jeu concurrentiel : le milieu de terrain. Il y a du nombre. C’est un travailleur, un milieu de relance. Guèye (Idrissa), Salif Sané, Pape Kouli Diop et Alfred Ndiaye, ont déjà réalisé des choses importantes. Lui, il faut voir comment il peut s’insérer dans le groupe. Par rapport à ses performances, on verra bien.» Giresse était dans la réflexion, Aliou Cissé, lui, est dans l’action. Pour le match amical du 13 octobre 2015 contre les «Fennecs» en Algérie, Younousse Sankharé figure en bonne place sur la liste du sélectionneur. De quoi ravir l’ancien international sénégalais, plusieurs fois, nommé meilleur latéral à la Can. Pape Fall porte un jugement élogieux sur la nouvelle recrue des «Lions».«C’est le joueur qui récupère le plus de ballons (74 depuis le début de la saison) en Europe, tous championnats confondus. C’est un vrai taulier, beaucoup de personnalité et de caractère. Younousse est quelqu’un qu’on a envie d’avoir dans l’entrejeu d’une équipe. C’est un joueur très intelligent dans le jeu. Pétri de qualités, clairvoyant sur la dernière passe et sur la percussion, il se montre toujours disponible pour le porteur du ballon.» Le Sénégal, qui manque «de joueurs capables d’amener le ballon plus rapidement vers l’avant, de joueurs qui mettent plus de percussion, de vitesse et de rythme dans le jeu», dégotte ainsi «un profil intéressant». Un produit fini. «Younousse a fait toutes ses classes avec les sélections de jeunes de la France. C’est un joueur déjà mûr. En plus de cela, il a été dans un très grand clubÂÂ : le Psg (2007-2011). C’est pour avoir plus de temps de jeu qu’il est parti à Dijon (2010-2013) où il a passé des années extraordinaires, avant de rejoindre Guingamp (en 2013).»
«Il a besoin du Sénégal pour s’affirmer à l’international»
L’ancien international sénégalais, Ibrahima Diakhaby, spectateur privilégié des performances du joueur sur les terrains français, est lui aussi sous le charme. «C’est un battant, une des valeurs sûres de Guingamp. Younousse devient de plus en plus incontestable à son poste. A la base, il a eu une bonne formation avec le Psg.» Comme Pape Fall, l’ancien milieu de terrain de la Jeanne d’Arc de Dakar pense que le Guingampais est une bonne pioche pour le Sénégal. «Vu sa formation et son parcours, ce garçon peut être intéressant pour notre pays. Après, pour les places, il lui faudra se battre. Mais des jeunes comme lui ont besoin de l’Equipe du Sénégal pour se faire un nom au niveau international. C’était le cas avec la génération de 2000. Ils avaient besoin de cette notoriété et se sont battus comme des chiffonniers, pour ensuite partir dans de très grands clubs (Diouf et Diao à Liverpool, Aliou Cissé Birmingham, Henri Camara Wolverhampton…) A l’inverse, des joueurs comme Demba Bâ ont fait leur chemin par eux-mêmes. Au moment où ils sont reconnus sur le plan international, c’est le Sénégal qui a beaucoup plus besoin d’eux. La différence se situe à ce niveau. Younousse a besoin du Sénégal pour s’affirmer à l’international. Il viendra sans hésiter. D’abord, parce que c’est le Sénégal, le prestige. Ensuite, c’est l’occasion pour lui de porter un maillot national.» Son ancien coéquipier au Psg, Bafodé Diakhaby, acquiesce : «Ça va lui faire du bien pour sa carrière, c’est très valorisant d’être sélectionné. Avec la sélection, il pourra aspirer à jouer à un plus haut niveau en club. Je ne m’inquiète pas pour lui.»
«C’est un meneur d’hommes»
Le défenseur de Paris Fc fonde ses convictions sur deux choses. «C’est un gagneur, un compétiteur. En plus d’être un guerrier, c’est un très bon technicien. Avec Mamadou Sakho et lui, j’ai vécu des années formidables au centre de formation, jusqu’à l’équipe professionnelle. Parmi ceux de ma génération, ce sont ces deux qui m’ont le plus impressionné. Sur le plan mental, Younousse est très costaud. Il n’a peur de rien. Même en pro, il bousculait des joueurs comme Claude Makélélé (2008-2011). Il s’est toujours imposé, quelles que soient les circonstances. L’homme est quelqu’un de très gentil, qui a un gros caractère, toujours prêt à tirer le meilleur de ses partenaires. C’est pourquoi quand on jouait ensemble (à Paris), il était souvent capitaine. C’est un meneur d’hommes.»
GFM.SN