Dans la galaxie présidentielle, tout va très vite. Entre l’élimination politique des ennemis supposés, la neutralisation des adversaires internes, les humiliations infligées aux collaborateurs, et la vassalisation des dispositifs institutionnels et constitutionnels de la République, le chef de l’Etat n’a pas toujours le temps de s’occuper des besoins fondamentaux des Sénégalais. Les petits «meurtres» sont devenus un loisir bien prisé.
La Palais de la République n’est pas seulement ce grand espace politique et institutionnel destiné à mettre le Premier magistrat du pays dans un environnement psychologique qui lui rappelle en permanence qui il est. On perd tellement vite la mémoire dans ce pays à problèmes ! Les insignes et emblèmes qui y jalonnent les allées, coins et recoins, les ornements sculpturaux divers, les levées quotidiennes des couleurs que la Nation s’est attribuées pour marquer son identité, les cérémonials éclectiques de la garde républicaine, ont fini par consacrer dans la mémoire collective le symbolisme unificateur d’un destin commun. L’artifice est net, mais il en faut pour ne pas sombrer dans le chaos. Avec le Président Wade, et parlant justement d’artifice, il en fallait peut-être dix mille fois plus pour que le Palais reste dans les normes d’un sanctuaire vivable, non pollué par des histoires mortelles sécrétées par une soif de pouvoir inimaginable il y a seulement huit ans.