"Racistes", "il n'y a que des pauvres ici", "sales flics"... Mardi soir, une descente de police dans un foyer d'immigrés, rue du Chevaleret, dans le 13e arrondissement de Paris, a failli tourner à l'émeute. Plus d'une centaine de policiers de la préfecture de police de Paris (PPP) sont intervenus aux alentours de 18 heures dans le cadre d'une enquête sur un réseau organisé de trafic de vente à la sauvette dans la capitale. La perquisition, qui a duré plus de 5 heures, a provoqué la colère des résidents, coincés à l'intérieur du bâtiment. Certains véhicules de police ont été caillassés, et plusieurs feux de poubelles se sont propagés au pied de l'immeuble. Au total, 40 personnes, dont des gérants de société, ont été interpellées et 39 placées en garde à vue. Aucune poursuite n'a été engagée, les ventes à la sauvette n'étant pas considérées comme un délit. Mais certaines pourraient être poursuivies pour infraction à la législation sur les étrangers, aide au séjour irrégulier en bande organisée ou association de malfaiteurs visant l'aide au séjour irrégulier sur le territoire national. A l'intérieur du foyer, stockés dans un entrepôt de 600 m², les enquêteurs ont saisi 20.000 euros en espèces et plusieurs mètres cubes de statuettes, de foulards et autres souvenirs. "Un coup déterminant mais pas fatal", a précisé Alain Gardère, directeur de la Direction de sécurité de proximité d'agglomération parisienne (DSPAP), lors d'un point presse. Des faits de plus en plus nombreux. Cette intervention fait suite à une enquête débutée en janvier dernier. Au cours de l'investigation, sept gérants de société, tous ressortissants chinois, ont été identifiés. Domiciliés dans le 3e et 13e arrondissement de Paris ainsi qu'en Seine-Saint-Denis, en l'occurence Aubervilliers et Noisy le Sec, ils alimentaient les vendeurs à la sauvette, des Sénégalais en situation irrégulière, à partir du foyer Adoma du 13e arrondissement de Paris. Tous les soirs à 19 heures, un marché à ciel ouvert s'y tenait. La marchandise, fabriquée en Chine, y était rachetée puis revendue aux abords de la tour Eiffel, place Trocadéro ou au château de Versailles. Pour exemple, un paquet de 50 pièces de tours Eiffel est vendu à 5 euros et revendu ensuite entre 1 et 3 euros la pièce. "Nous ne savons pas encore où vont les fruits de la vente comme nous ne savons toujours pas qui est à la tête de ce réseau", explique une source policère. L'enquête est encore en cours.