Qui est mauritanien, qui ne l’est pas ? L’opération d’enrôlement de la population qui est en cours ressemble à une entreprise de construction d’une ‘mauritanité’ dont certains sont entrain de se sentir injustement exclus. Mbaye Babacar Sèye qui a servi dans l’armée mauritanienne a été rejeté par les agents recenseurs de Riad. Ils lui auraient conseillé d’aller se faire recenser à Rosso.
Pourtant, selon Sèye, les agents lui auraient signifié que les ordinateurs ont perdu plusieurs dossiers du Trarza dont le sien. A plus de soixante, Babacar Sèye s’est senti humilié et maltraité par les agents recenseurs du centre de Riad. « Ils m’ont demandé de relater mon enfance », dit-il indigné.
‘J’ai, quand même, 63 ans. Je peux être votre père. Comment voulez-vous que je vous parle de mon enfance. Je dois parler de mon enfance et de ma vie pour me recenser ? Quand même !’, a rétorqué Mbaye Babacar Sèye aux agents recenseurs qui lui auraient, ensuite, demandé s’il va fréquemment au Sénégal.
Une question à laquelle il a répondu par l’affirmative. Un oui qui lui aurait porté préjudice sans qu’il le sache.
Mbaye Babacar Sèye témoigne :
« Je m’appelle Mbaye Babcar Sèye. Je suis né le 20 décembre 1948 à Keur Mour au Trarza. J’ai un acte de naissance signé par un toubab qui date de 1954. Donc, je suis plus ancien que l’indépendance de la Mauritanie. Lorsque j’ai appris qu’il y a un recensement, je suis allé me renseigner auprès de l’imam de mon quartier. C’est ce dernier qui m’a dit de partir à Dar El Kitab de Riad. Je suis allé là- bas le 14 mai.
Pourtant, selon Sèye, les agents lui auraient signifié que les ordinateurs ont perdu plusieurs dossiers du Trarza dont le sien. A plus de soixante, Babacar Sèye s’est senti humilié et maltraité par les agents recenseurs du centre de Riad. « Ils m’ont demandé de relater mon enfance », dit-il indigné.
‘J’ai, quand même, 63 ans. Je peux être votre père. Comment voulez-vous que je vous parle de mon enfance. Je dois parler de mon enfance et de ma vie pour me recenser ? Quand même !’, a rétorqué Mbaye Babacar Sèye aux agents recenseurs qui lui auraient, ensuite, demandé s’il va fréquemment au Sénégal.
Une question à laquelle il a répondu par l’affirmative. Un oui qui lui aurait porté préjudice sans qu’il le sache.
Mbaye Babacar Sèye témoigne :
« Je m’appelle Mbaye Babcar Sèye. Je suis né le 20 décembre 1948 à Keur Mour au Trarza. J’ai un acte de naissance signé par un toubab qui date de 1954. Donc, je suis plus ancien que l’indépendance de la Mauritanie. Lorsque j’ai appris qu’il y a un recensement, je suis allé me renseigner auprès de l’imam de mon quartier. C’est ce dernier qui m’a dit de partir à Dar El Kitab de Riad. Je suis allé là- bas le 14 mai.
On m’a dit qu’il faut au préalable se faire enregistrer et prendre un rendez- vous. Le gardien qui m’a enregistré m’a donné rendez-vous le 15 mai à 3 heures du matin. C’était un dimanche. Quand je suis arrivé, j’ai trouvé des dizaines de personnes. Parmi elles, mon ancien camarde de promotion Oumar Sall.
C’est un ancien policier. C’est à 9h30 que nous avons été reçus par un brigadier de police. Il a remis à chacun un ticket qui portait un numéro. Moi, j’avais le numéro 3. Quand j’ai été reçu par les agents recenseurs, ils m’ont posé énormément de questions humiliantes quand j’ai déposé les papiers qu’il fallait : un extrait de naissance, une copie de la carte d’identité et une copie du recensement. Ils m’ont demandé encore d’autres papiers.
D’abord, ils m’ont demandé ce que j’ai fait dans mon enfance. ‘Je peux être votre père. Comment voulez-vous que je vous parle de mon enfance. Je dois parler de mon enfance et de ma vie pour me recenser ? J’ai 63 ans quand même !’ Puis, ils m’ont dit : ‘quel pays avez-vous fréquenté ?’
Je leur ai dit que j’ai fait la France et le Sénégal. Ils m’ont demandé quand je suis allé au Sénégal pour la dernière fois. Je leur ai dit que j’y vais tous les trois mois parce que je suis talibé Tidjane. Quand je leur ai dit que j’ai fait le service militaire, le plus jeune m’a offensé par ses propos. Il m’a demandé si j’avais pris ma retraite. Comme j’ai répondu ‘non’ il m’a demandé si j’avais été révoqué. Malgré tout je suis arrivé à me maîtriser.
Après ces questions humiliantes, ils m’ont demandé où était mon père. Je leur ai dit que mon papa est décédé en 1988. Ma maman ? Je leur ai dit qu’elle est décédée en 2007. Ils m’ont dit d’apporter le certificat de décès de ces deux personnes là. Je leur ai dit que mon père est décédé au village et qu’il fallait que je m’y rende pour chercher ledit certificat. L’agent m’a alors dit que ce n’était pas la peine et qu’il suffisait de voir un Cadi à Nouakchott. Une façon de me demander de faire usage de faux.
Je suis allé chercher dans les archives de mon père, sa carte d’identité. Quand je partais, il m’a assuré qu’au retour je n’aurais pas besoin de faire le rang et qu’il suffisait de se présenter. Mais quand je suis revenu, ils ne m’ont pas reçu tout de suite. Je suis resté sous le soleil jusqu’à 16h. Quand j’ai été reçu, ils ont recommencé l’interrogatoire. Cette fois c’est un ‘bidhane’ qui parle wolof qui m’a interrogé. Encore les mêmes questions.
Finalement, ils m’ont rejeté, c’est tout. Ils m’ont dit que l’ordinateur n’accepte pas le numéro qui est sur mon acte de naissance et qu’au niveau du Trarza, l’ordinateur a perdu un certain nombre de dossiers dont le mien. Je leur ai présenté plus de dix dossiers qui ont tous été rejetés. Ils m’ont conseillé de me rendre à Jedrel Mohguen pour me recenser. Comme si Jedrel Mohguen ne faisait pas partie de la Mauritanie »
Des mauritaniens qui décident de la 'mauritanité' de leurs compatriotes, simplement,par la couleur de leur peau. Des exemples comme de Babacar Sèye, il y en a plusieurs. Les dysfonctionnements de l'opération d'enrôlement ont pourtant été signalés par plusieurs acteurs et leaders d'opinions…
L’IRA de Biram Ould Abeid pense que l’objectif des autorités est de maintenir ‘un équilibre artificiel’. Toutes ces manœuvres, selon elle consistent à diviser. ‘Des touaregs ont envahi la Mauritanie en 1992, à la faveur de la guerre civile au Nord du Mali, tandis que des sahraouis étaient déjà, omniprésents dans le pays’ peut-on lire dans ‘Le Calame’ de la semaine dernière.
L’organisation de Biram Ould Abeid est, pour le moment, la seule à dénoncer ce cinéma. Elle a mis en garde le pouvoir ‘contre les risques de tensions que pourraient engendrer le détournement et la réduction d’une opération d’une importance capitale, pour le pays en une entreprise sectaire, visant au renforcement et à l’accélération de la dérive ethnique du pouvoir.’ L’IRA engage les autorités à renoncer à la division aussi absurde qu’inacceptable, de la communauté Peulh en Fulbé et Halpulaar. Elle « exige, des autorités, la révision des procédures d’enrôlement, afin d’assurer, à tous les mauritaniens, un accès égal à l’état-civil Mamadou Sy
Source: La Tribune (Mauritanie)
C’est un ancien policier. C’est à 9h30 que nous avons été reçus par un brigadier de police. Il a remis à chacun un ticket qui portait un numéro. Moi, j’avais le numéro 3. Quand j’ai été reçu par les agents recenseurs, ils m’ont posé énormément de questions humiliantes quand j’ai déposé les papiers qu’il fallait : un extrait de naissance, une copie de la carte d’identité et une copie du recensement. Ils m’ont demandé encore d’autres papiers.
D’abord, ils m’ont demandé ce que j’ai fait dans mon enfance. ‘Je peux être votre père. Comment voulez-vous que je vous parle de mon enfance. Je dois parler de mon enfance et de ma vie pour me recenser ? J’ai 63 ans quand même !’ Puis, ils m’ont dit : ‘quel pays avez-vous fréquenté ?’
Je leur ai dit que j’ai fait la France et le Sénégal. Ils m’ont demandé quand je suis allé au Sénégal pour la dernière fois. Je leur ai dit que j’y vais tous les trois mois parce que je suis talibé Tidjane. Quand je leur ai dit que j’ai fait le service militaire, le plus jeune m’a offensé par ses propos. Il m’a demandé si j’avais pris ma retraite. Comme j’ai répondu ‘non’ il m’a demandé si j’avais été révoqué. Malgré tout je suis arrivé à me maîtriser.
Après ces questions humiliantes, ils m’ont demandé où était mon père. Je leur ai dit que mon papa est décédé en 1988. Ma maman ? Je leur ai dit qu’elle est décédée en 2007. Ils m’ont dit d’apporter le certificat de décès de ces deux personnes là. Je leur ai dit que mon père est décédé au village et qu’il fallait que je m’y rende pour chercher ledit certificat. L’agent m’a alors dit que ce n’était pas la peine et qu’il suffisait de voir un Cadi à Nouakchott. Une façon de me demander de faire usage de faux.
Je suis allé chercher dans les archives de mon père, sa carte d’identité. Quand je partais, il m’a assuré qu’au retour je n’aurais pas besoin de faire le rang et qu’il suffisait de se présenter. Mais quand je suis revenu, ils ne m’ont pas reçu tout de suite. Je suis resté sous le soleil jusqu’à 16h. Quand j’ai été reçu, ils ont recommencé l’interrogatoire. Cette fois c’est un ‘bidhane’ qui parle wolof qui m’a interrogé. Encore les mêmes questions.
Finalement, ils m’ont rejeté, c’est tout. Ils m’ont dit que l’ordinateur n’accepte pas le numéro qui est sur mon acte de naissance et qu’au niveau du Trarza, l’ordinateur a perdu un certain nombre de dossiers dont le mien. Je leur ai présenté plus de dix dossiers qui ont tous été rejetés. Ils m’ont conseillé de me rendre à Jedrel Mohguen pour me recenser. Comme si Jedrel Mohguen ne faisait pas partie de la Mauritanie »
Des mauritaniens qui décident de la 'mauritanité' de leurs compatriotes, simplement,par la couleur de leur peau. Des exemples comme de Babacar Sèye, il y en a plusieurs. Les dysfonctionnements de l'opération d'enrôlement ont pourtant été signalés par plusieurs acteurs et leaders d'opinions…
L’IRA de Biram Ould Abeid pense que l’objectif des autorités est de maintenir ‘un équilibre artificiel’. Toutes ces manœuvres, selon elle consistent à diviser. ‘Des touaregs ont envahi la Mauritanie en 1992, à la faveur de la guerre civile au Nord du Mali, tandis que des sahraouis étaient déjà, omniprésents dans le pays’ peut-on lire dans ‘Le Calame’ de la semaine dernière.
L’organisation de Biram Ould Abeid est, pour le moment, la seule à dénoncer ce cinéma. Elle a mis en garde le pouvoir ‘contre les risques de tensions que pourraient engendrer le détournement et la réduction d’une opération d’une importance capitale, pour le pays en une entreprise sectaire, visant au renforcement et à l’accélération de la dérive ethnique du pouvoir.’ L’IRA engage les autorités à renoncer à la division aussi absurde qu’inacceptable, de la communauté Peulh en Fulbé et Halpulaar. Elle « exige, des autorités, la révision des procédures d’enrôlement, afin d’assurer, à tous les mauritaniens, un accès égal à l’état-civil Mamadou Sy
Source: La Tribune (Mauritanie)