DAKAR (AFP) — Maroc, Mauritanie et désormais Sénégal: la flambée des prix des produits alimentaires de première nécessité commence à provoquer des troubles dans certains pays d'Afrique, où près de la moitié de la population tente de survivre avec un dollar par jour.
"La hausse internationale des prix a évidemment un impact plus important dans les pays qui dépendent en grande partie d'importations pour couvrir leurs besoins", explique à l'AFP la porte-parole du Programme alimentaire mondial (PAM) en Afrique de l'Ouest, Stéphanie Savariaud.
"La demande croissante en biocarburants et les prix élevés des énergies combustibles ont un impact dramatique sur des millions de personnes dans la sous-région. Les prix des denrées en Mauritanie, en Guinée-Bissau et au Sénégal ont fortement augmenté en 2007", ajoute-t-elle.
Le directeur général de l'Organisation de l'ONU pour l'agriculture et l'alimentation (FAO) Jacques Diouf (Sénégal) s'était même inquiété début octobre des "risques de troubles sociaux et politiques" dans les pays pauvres en raison de la hausse des prix des céréales.
Les dernières violences liées à cette valse des étiquettes ont eu lieu mercredi au Sénégal, où la décision des autorités d'interdire aux nombreux marchands ambulants de travailler sur les trottoirs de Dakar a mis le feu aux poudres.
Pendant plusieurs heures, des échauffourées ont opposé commerçants, auxquels se sont joints de nombreux jeunes, et forces de l'ordre. Devant cette flambée inhabituelle de violences, les autorités ont fait marche arrière jeudi et autorisé ces commerçants à poursuivre leurs activités.
Le Sénégal, tout comme la Mauritanie voisine, est fortement dépendant du marché international pour l'importation de denrées de base telles que le blé ou le riz. Le Sénégal produit moins de 50% de ses besoins en céréales.
En Mauritanie, où la production de céréales ne fournit que 30% des besoins, le prix du blé importé est passé de 200 dollars la tonne en 2006 à 360 dollars en septembre 2007, selon le PAM.
Mi-novembre, des manifestations contre la hausse des prix avaient eu lieu pendant plusieurs jours dans ce pays en grande partie désertique. La répression avait fait un mort et 17 blessés.
Plus au nord, au Maroc, des manifestations de protestation contre la vie chère sont régulièrement organisées. Le 23 septembre, une de ces marches a dégénéré à Sefrou (centre).
Après des heurts entre la police et les manifestants, des commerces ont été saccagés et une cinquantaine de personnes ont été blessées dont des membres des forces de l'ordre. La manifestation a poussé le gouvernement à rétablir les anciens prix des produits de base, notamment du pain.
La hausse mondiale des prix des céréales, amplifiée par l'envolée des cours du pétrole, touche d'autres pays du continent le plus pauvre du monde mais sans que de graves violences n'aient jusqu'à présent été rapportées.
En République démocratique du Congo (RDC), où les trois quarts des habitants vivent dans l'insécurité alimentaire et 1,5 million souffrent de la faim, selon le PAM, la base de l'alimentation reste le manioc -dans l'ouest- ainsi que le maïs et la pomme de terre -dans l'est-, produits localement.
Plusieurs manifestations aux cris de "On est fatigué" ont eu lieu en septembre en Côte d'Ivoire, pourtant le pays le plus riche d'Afrique de l'Ouest francophone et premier exportateur mondial de cacao.
De nombreux Ivoiriens se contentent aujourd'hui d'un seul repas par jour. Le matin, ils prennent un "garba", un modeste plat d'attiéké (manioc) avec du poisson pour "tenir le coup" jusqu'au repas du soir, plus consistant.
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