Les citoyennes et les citoyens de la République mauritanienne, comme d’ailleurs la plupart des musulmans du monde entier, allaient, dans la joie et la solidarité, fêter ce mercredi 1 octobre 2007 la fête de l’Eid qui, en tradition musulmane depuis le VII siècle, célèbre la fin d’un mois de privation, de crainte, de dévotion et de rapprochement au Tout Miséricordieux : Allah. Après les trois jours d’une fête collective, nous voilà, Mauritaniennes et Mauritaniens, qui retournons vers une situation sociale qui ne présage rien de promettant pour une bonne partie de la population.
Au lendemain de la fête où pauvres et riches ont, dans un élan de solidarité exceptionnelle, mangé, bu et « dansé » ensemble, les anciennes préoccupations des milliers de nos compatriotes refont surface et « évacuent » (chassent) d’un coup le peu de moment de joie de la fête. Face à une situation socio-économique et socio-politique où le pays entier semble engagé dans un climat « démocratique » on ne peut plus incertain, où les Mauritaniennes et les Mauritaniens ont l’impression d’être livrés à eux –mêmes, les plus démunis de notre nation ne savent plus trop à quel saint ils doivent se vouer pour se tirer d’affaire. Les difficultés quotidiennes se multiplient de jour en jour en une vitesse incroyable.
A la tracasserie quotidienne pour trouver le pain familial, des centaine de pères de famille se voient maintenant confrontés à une autre difficulté de nature inquiétante : la fourniture scolaire pour les enfants. Un père de famille qui n’a pas de quoi satisfaire sa famille, de payer son loyer à la fin du mois ne se préoccupera pas, il est vrai, de la scolarisation de ses enfants. Or il n’y pas de danger plus compromettant pour un pays comme le nôtre que celui de la négligence d’envoyer les enfants à l’école.
La démission de certains parents de leur responsabilité, dont nous ne le tenons pas pour responsables ici, est un mauvais présage pour la société mauritanienne nouvelle que nous voulons voir émerger de deux décennies de dictature et de laxisme. Si nous voulons réellement trouver une solution à cette triste situation dans laquelle plus de 30% de la population mauritanienne se trouvent aujourd’hui, tout le monde, du président de la République au plus bas de l’échelle sociale, doit s’engager au quotidien afin de trouver, de définir un programme de développement social cohérent permettant aux Mauritaniennes et aux Mauritaniens d’avoir le courage d’affronter l’avenir. Il est clair que c’est l'État qui est le premier acteur et le premier responsable dans le combat social contre la misère et la pauvreté de ses citoyens. Mais, de fait, les populations doivent, elles aussi de leur côté, participer à la bataille. cet engagement de la masse dans la bataille sociale en Mauritanie est d'autant plus impératif aujourd’hui que nous avons affaire à une situation politique où les institutions de la République sont plus que jamais menacées.
SOUMARE Zakaria Demba