Après quelques années d’accalmie, un recensement est en train de réveiller les démons du passé en Mauritanie, un pays où la minorité constituée de maures blancs a la haute main sur la gestion des affaires publiques. Ils sont accusés de dérouler un agenda caché à travers le comptage de la population du pays : exclure le maximum de noirs pour asseoir la domination des maures blancs.
A l’université de Dakar, les étudiants mauritaniens ne décolèrent toujours pas. Ces futurs cadres noirs se sentent humiliés. Leur fibre patriotique a été touchée par le projet de recensement théorisé par le président Abdel Aziz. Tous membres du Mouvement Touche pas à ma nationalité, ces étudiants dénoncent l’ostracisme dont les noirs sont victimes en Mauritanie, qu’ils soient haratine (esclave), Soninké, Bambara, Wolof ou Pular.
Le projet du président Abdel Aziz consiste pour les populations à se déplacer chez les agents recenseurs et leur prouver qu’elles sont bien des mauritaniens. Ces agents peuvent, selon leur bon vouloir, déchoir un individu de sa nationalité et il devient du coup apatride sans aucun moyen de recours. Une situation déplorable et illégale au regard de la loi mauritanienne qui stipule que seul un décret peut déchoir un individu de sa nationalité. Abdourahmane, un des étudiants, soutient que son grand-père de 69 ans a été humilié par les préposés au recensement qui lui ont demandé de justifier sa nationalité en amenant les papiers de ses parents décédés il y a plusieurs décennies.
Outre le caractère humiliant du recensement, il s’y ajoute que les Mauritaniens de la diaspora ne peuvent le faire qu’à une condition : retourner au pays.
Après l’ivoirité », place à la « mauritanité »
A l’université de Dakar, les étudiants mauritaniens ne décolèrent toujours pas. Ces futurs cadres noirs se sentent humiliés. Leur fibre patriotique a été touchée par le projet de recensement théorisé par le président Abdel Aziz. Tous membres du Mouvement Touche pas à ma nationalité, ces étudiants dénoncent l’ostracisme dont les noirs sont victimes en Mauritanie, qu’ils soient haratine (esclave), Soninké, Bambara, Wolof ou Pular.
Le projet du président Abdel Aziz consiste pour les populations à se déplacer chez les agents recenseurs et leur prouver qu’elles sont bien des mauritaniens. Ces agents peuvent, selon leur bon vouloir, déchoir un individu de sa nationalité et il devient du coup apatride sans aucun moyen de recours. Une situation déplorable et illégale au regard de la loi mauritanienne qui stipule que seul un décret peut déchoir un individu de sa nationalité. Abdourahmane, un des étudiants, soutient que son grand-père de 69 ans a été humilié par les préposés au recensement qui lui ont demandé de justifier sa nationalité en amenant les papiers de ses parents décédés il y a plusieurs décennies.
Outre le caractère humiliant du recensement, il s’y ajoute que les Mauritaniens de la diaspora ne peuvent le faire qu’à une condition : retourner au pays.
Après l’ivoirité », place à la « mauritanité »
Baba, jeune ingénieur mauritanien, considère qu’il est clair qu’Aziz et son régime veulent procéder à une épuration ethnique. « Des 19 membres de la commission nationale de recensement, 18 sont des Beydanes (maures blancs). Dans les centres de recensement, les noirs sont soumis à un interrogatoire difficile alors que pour les maures c’est une formalité. Dans ces conditions, il est clair que c’est une politique d’apartheid qui est mise en œuvre », dénonce-t-il.
En effet, l’Agence nationale du registre des populations et des titres sécurisés (ANRPTS) dont la mission est de gérer ce recensement a été porté sur les fonts baptismaux le 06 juillet 2010. Et tous ses membres sont de la minorité Beydane à l’exception d’un seul.
Aliou, un doctorant mauritanien, Aziz est en train de marcher sur les pas de Henry Konan Bédié et Laurent Gbagbo en créant le concept de « mauritanité ». Pour ce brillant étudiant, la Mauritanie est plurilingue et pluriethnique.
« Abdel Aziz a dit à la face de tous les Mauritaniens que ce recensement permettait d’établir la « Mauritanité » de tous ceux et de toutes celles qui prétendent être mauritaniens. Au lieu de rassembler ses compatriotes autour d’idéaux communs et fondamentaux, Mohamed Ould Abdel Aziz a préféré prendre partie pour ses frères beydanes en voulant exclure une partie de la Mauritanie avec ses billevesées puisées dans les enseignements acquis dans les camps militaires », explique le doctorant.
Pour Ibrahima Diallo, responsable de FLAM-Europe de l’Est, le but du recensement est d’exclure les noirs.
« A Nouakchott et dans certaines villes de l’intérieur de notre pays, de plus en plus de personnes qui ont souvent un passé d’anciens ministres, d’anciens hauts responsables de l’Etat, n’ont pas pu se faire recenser parce que des agents leur posaient des questions sur leur identité. On leur demande, par exemple, pourquoi ils sont nés au Sénégal avant 1930 ? Pourquoi ils sont nés au Mali avant 1945 ? Ce sont des questions comme ça qu’on pose à des personnalités qui ont exercé de hautes fonctions dans l’Etat. Ne parlons pas du peuple qui est renvoyé purement et simplement pour des compléments d’information, de renseignements pour des papiers douteux ; alors que, généralement, ce sont des papiers qui ont été établis par l’Etat mauritanien », déplore Diallo dans un entretien avec Walfadjri.
Internet, outil de la dénonciation
Sur Internet, les figures de proue des Forces de libération africaine de la Mauritanie (FLAM) organisent la résistance. Des marches et des sit-in ont été organisés à Nouakchott, Dakar et Bruxelles par le Collectif ne Touche pas à ma nationalité.
Des activistes comme Mouhamed Kaaw Touré ont fait de ce combat leur cheval de bataille. Ils multiplient les buzz sur Internet et tentent d’expliquer les tenants et aboutissants de ce recensement.
Sur Youtube et Dailymotion, les vidéos des manifestations contre le recensement sont postées. Et sur les réseaux sociaux, c’est le déluge des profils dénonciateurs de ce qui est assimilé à une épuration ethnique.
Le site www.flamonline.com regorge d’articles et de contributions qui appellent à la lutte contre ce recensement « liberticide ». Une pétition Touche pas à ma nationalité y est disponible.
Les Haratine (esclaves) théorisent le boycott
En Mauritanie Birame Ould Abeid est l’homme à abattre. Il a échappé à plusieurs tentatives d’assassinat sans compter les nombreuses arrestations. Il a récemment appelé au boycott du recensement. «Le recensement en cours est une forme de génocide et d’exclusion que des segments racistes autour de Mohamed Ould Abdel Aziz essaient d’exécuter au détriment des Harratines et des Negro-mauritaniens. Il n’est pas seulement contre les communautés bambaras, peuls, soninkés et wolofs, ce recensement est aussi très dangereux pour la communauté haratine, et ça personne ne le dit. Il y a 600 000 esclaves domestiques qui n’ont pas de papiers et l’Etat mauritanien refuse de leur en donner », a expliqué le leader du mouvement IRA.
Pour Biram Ould Abeid, le fait que, par un décret politique, la communauté haratine soit cataloguée arabe, est un déni extrêmement grave, une oppression extrêmement grave contre laquelle l’IRA lutte». A ses yeux, les Beydanes ont intérêt à considérer les Harratines comme des maures blancs. Et ce dans le but de se construire une majorité arithmétique face aux négro-mauritanien.
En effet, l’Agence nationale du registre des populations et des titres sécurisés (ANRPTS) dont la mission est de gérer ce recensement a été porté sur les fonts baptismaux le 06 juillet 2010. Et tous ses membres sont de la minorité Beydane à l’exception d’un seul.
Aliou, un doctorant mauritanien, Aziz est en train de marcher sur les pas de Henry Konan Bédié et Laurent Gbagbo en créant le concept de « mauritanité ». Pour ce brillant étudiant, la Mauritanie est plurilingue et pluriethnique.
« Abdel Aziz a dit à la face de tous les Mauritaniens que ce recensement permettait d’établir la « Mauritanité » de tous ceux et de toutes celles qui prétendent être mauritaniens. Au lieu de rassembler ses compatriotes autour d’idéaux communs et fondamentaux, Mohamed Ould Abdel Aziz a préféré prendre partie pour ses frères beydanes en voulant exclure une partie de la Mauritanie avec ses billevesées puisées dans les enseignements acquis dans les camps militaires », explique le doctorant.
Pour Ibrahima Diallo, responsable de FLAM-Europe de l’Est, le but du recensement est d’exclure les noirs.
« A Nouakchott et dans certaines villes de l’intérieur de notre pays, de plus en plus de personnes qui ont souvent un passé d’anciens ministres, d’anciens hauts responsables de l’Etat, n’ont pas pu se faire recenser parce que des agents leur posaient des questions sur leur identité. On leur demande, par exemple, pourquoi ils sont nés au Sénégal avant 1930 ? Pourquoi ils sont nés au Mali avant 1945 ? Ce sont des questions comme ça qu’on pose à des personnalités qui ont exercé de hautes fonctions dans l’Etat. Ne parlons pas du peuple qui est renvoyé purement et simplement pour des compléments d’information, de renseignements pour des papiers douteux ; alors que, généralement, ce sont des papiers qui ont été établis par l’Etat mauritanien », déplore Diallo dans un entretien avec Walfadjri.
Internet, outil de la dénonciation
Sur Internet, les figures de proue des Forces de libération africaine de la Mauritanie (FLAM) organisent la résistance. Des marches et des sit-in ont été organisés à Nouakchott, Dakar et Bruxelles par le Collectif ne Touche pas à ma nationalité.
Des activistes comme Mouhamed Kaaw Touré ont fait de ce combat leur cheval de bataille. Ils multiplient les buzz sur Internet et tentent d’expliquer les tenants et aboutissants de ce recensement.
Sur Youtube et Dailymotion, les vidéos des manifestations contre le recensement sont postées. Et sur les réseaux sociaux, c’est le déluge des profils dénonciateurs de ce qui est assimilé à une épuration ethnique.
Le site www.flamonline.com regorge d’articles et de contributions qui appellent à la lutte contre ce recensement « liberticide ». Une pétition Touche pas à ma nationalité y est disponible.
Les Haratine (esclaves) théorisent le boycott
En Mauritanie Birame Ould Abeid est l’homme à abattre. Il a échappé à plusieurs tentatives d’assassinat sans compter les nombreuses arrestations. Il a récemment appelé au boycott du recensement. «Le recensement en cours est une forme de génocide et d’exclusion que des segments racistes autour de Mohamed Ould Abdel Aziz essaient d’exécuter au détriment des Harratines et des Negro-mauritaniens. Il n’est pas seulement contre les communautés bambaras, peuls, soninkés et wolofs, ce recensement est aussi très dangereux pour la communauté haratine, et ça personne ne le dit. Il y a 600 000 esclaves domestiques qui n’ont pas de papiers et l’Etat mauritanien refuse de leur en donner », a expliqué le leader du mouvement IRA.
Pour Biram Ould Abeid, le fait que, par un décret politique, la communauté haratine soit cataloguée arabe, est un déni extrêmement grave, une oppression extrêmement grave contre laquelle l’IRA lutte». A ses yeux, les Beydanes ont intérêt à considérer les Harratines comme des maures blancs. Et ce dans le but de se construire une majorité arithmétique face aux négro-mauritanien.