La conquête de l’Eldorado espagnol à encore fait des victimes dans le fouladou. Partis du pays natal il y a quelques jours, 140 jeunes gens en provenance de Kolda-commune et des villages environnants ont fait naufrage en haute mer, au large des cotes marocaines. Leurs embarcation se serait fendue en deux parties au contact des puissantes vagues d’une mer agitée.
Selon nos sources, sur les 160 candidats au voyage des îles Canaries, seuls 10 ont pu être repérés et sauvés par les pécheurs espagnols. Et sur les 150 disparus, 140 sont de la région de Kolda, dont 25 du quartier Gadapara de la commune, 15 du village de Diaghett, 5 de Saré-Bakary et 6 de Saré Moussa Ndour à tire-d’aile de l’entrée Ouest de la ville de Kolda.
D’autres victimes seraient également de l’ethnie Peulh et originaires des régions de Ngabou et Bafata en Guinée-Bissau voisine. Le grand frère d’une des employées du célèbre restaurant de la place ND. B. fait également partie des engloutis de l’océan. Elle témoigne : « Mon grand frère nous disait qu’il s’apprêtait à faire un voyage en pirogue. Un jour j’ai essayé de l’en dissuader mais il m’écoutait sans intérêt ». elle poursuit, les larmes aux yeux : « Nous ne sommes pas la seule famille endeuillée. Il y en a d’autres dans notre quartier de Doumassou.
C’est un fléau qu’il faut arrêter », conclut-elle. Il faut dire que les ‘’passeurs’’ forment un réseau bien organisé dans le fouladou. Le marchandage se fait à raison de 400.000 FCfa ou une paire de bœufs par candidat au voyage. Une liste est ouverte à cet effet pour enregistrer les aspirants. Un rendez-vous est fixé dans une des îles d’Elinkine (Carabane, Diogué, Ehidj, …) d’où le départ est sonné.
Un naufrage bien évitable.
Depuis l’annonce de cette catastrophe maritime, presque toutes les familles du fouladou sont plongées dans une désarroi profond. La tristesse et la désolation se lisant sur tout les visages vu les liens sociaux qui lient les uns aux autres et aussi le nombre impressionnant de victimes. Une véritable catastrophe humaine entend-t-on ici sur toutes les lèvres. A Saré Bakary, des funérailles collectives ont été organisées ce vendredi dernnier à la mémoire des disparus et pour le repos de leur âme. Et pourtant, il convient de dire que cette catastrophe était bien évitable.
Des sources dignes de foi ont fait état que les services de sécurité avaient été mis au parfum de la préparation et du recrutement de clandestins pour ce « voyage sans retour ». avec des informations précises mises à leur portée, un homme A-B, la trentaine bien sonnée et « présumé » convoyeur de clandestins avait été appréhendé dans le domicile du chef de quartier de Saré Kémo à l’Ouest de la ville. Il fut relaxé 48heures après. Pourquoi ?? personne ne saurait répondre à la place des forces de sécurité. Et le résultat est là, triste, désolant et macabre.
Aussi faut-il se demander si l’état ne doit pas mettre en avant dans le cadre du plan FRONTEX, la dissuasion, la prévention et surtout la sensibilisation en y associant les acteurs (presse, leaders d’opinions, artistes, …) pour une plus grande efficacité dans leur action afin d’éviter pareilles pertes humaines à l’avenir – comme c’est le cas à velingara où un autre convoyeur Pape Seck alias Samba Wade à été interpellé et écroué par les pandores les jours derniers.
Auteur: Cheikh Omar SEYDI, Sud Quotidien