Deux chercheurs français contestent fermement l'idée "très largement répandue" d'une migration "massive" des Africains subsahariens vers l'Europe: "Il n'y a ni exode ni invasion", ont-ils insisté en début de semaine au cours d'un colloque à Dakar.
Depuis les évènements de Ceuta et Melilla en 2005 - quand des migrants ont tenté à tout prix de franchir les murs de grillage les séparant des deux enclaves espagnoles dans le nord marocain - "une place majeure est accordée à l'Afrique dans tout le dispositif politique de gestion des migrations", a constaté Cris Beauchemin, chercheur à l'Institut national d'études démographiques (INED).
Or "les migrations internationales d'Afrique subsaharienne vers le Nord ne sont massives ni du point de vue des pays de départ ni du point de vue des pays d'arrivée", a-t-il fait valoir, durant un atelier sur les migrations Afrique-Europe organisé jusqu'à mercredi à Dakar.
"On parle beaucoup de l'Espagne et de l'Italie, parce que ce sont des zones de débarquement de pirogues (chargées de migrants clandestins ouest-africains, ndlr) et des pays où ont eu lieu des régulations +massives+ dit-on... Mais, en fait, les Subsahariens représentaient 8% de la population immigrée en Italie en 2006 et 4% des immigrés en Espagne la même année", a affirmé le chercheur.
Depuis les évènements de Ceuta et Melilla en 2005 - quand des migrants ont tenté à tout prix de franchir les murs de grillage les séparant des deux enclaves espagnoles dans le nord marocain - "une place majeure est accordée à l'Afrique dans tout le dispositif politique de gestion des migrations", a constaté Cris Beauchemin, chercheur à l'Institut national d'études démographiques (INED).
Or "les migrations internationales d'Afrique subsaharienne vers le Nord ne sont massives ni du point de vue des pays de départ ni du point de vue des pays d'arrivée", a-t-il fait valoir, durant un atelier sur les migrations Afrique-Europe organisé jusqu'à mercredi à Dakar.
"On parle beaucoup de l'Espagne et de l'Italie, parce que ce sont des zones de débarquement de pirogues (chargées de migrants clandestins ouest-africains, ndlr) et des pays où ont eu lieu des régulations +massives+ dit-on... Mais, en fait, les Subsahariens représentaient 8% de la population immigrée en Italie en 2006 et 4% des immigrés en Espagne la même année", a affirmé le chercheur.
Pour contester "l'idée très largement répandue" selon laquelle les départs d'Africains vers le nord sont massifs, son collègue de l'INED, David Lessault a notamment cité les résultats du recensement de 2002 au Sénégal: "170.000 Sénégalais sont partis à l'étranger entre 1997 et 2002 (de façon régulière ou irrégulière). C'est à peu près l'équivalent de la population de la ville sénégalaise de Saint-Louis mais cela correspond à un taux d'émigration de 1,8%".
Les deux chercheurs s'interrogent sur les raisons de l'"extraordinaire visibilité de l'émigration subsaharienne dans les discours publics" en Europe.
Pour M. Beauchemin, "les décideurs publics ont très fortement intériorisé l'idée que les migrants sont des miséreux et, comme l'Afrique, incarnent la misère dans le monde. On imagine, par association d'idées, que forcément il y a beaucoup de départs de l'Afrique".
Or cette équation "pauvreté = émigration vers le Nord" n'est pas démontrée, renchérit M. Lessault. Quand on consulte les différentes enquêtes, dit-il, on remarque que "les ménages avec migrants sont sous-représentés dans les classes les plus pauvres et sur-représentés dans les ménages les plus riches". Pour préparer un départ vers le Nord, il faut une certaine somme d'argent, commente-t-il.
En Europe, ces immigrés sont d'autant plus visibles qu'ils sont "noirs et souvent concentrés dans certains quartiers, certaines villes".
Et, par dessus tout, "le caractère spectaculaire de l'émigration subsaharienne" clandestine a marqué les esprits ces dernières années.
"Il y les images de pirogues qui débordent ou de corps échoués sur les plages... On n'a pas l'équivalent de ces migrations spectaculaires pour les autres flux migratoires venant d'Asie", souligne-t-il.
Le duo de chercheurs souhaiterait que soit "poussée l'évaluation des politiques publiques pour le contrôle des frontières".
"Quand on voit à quel point l'émigration subsaharienne pèse peu, y compris quand on intègre les irréguliers, affirme M. Beauchemin, on peut se demander par exemple pourquoi l'Union européenne dépense autant d'argent pour le dispositif (de contrôle des frontières) Frontex".
Source: AFP
Les deux chercheurs s'interrogent sur les raisons de l'"extraordinaire visibilité de l'émigration subsaharienne dans les discours publics" en Europe.
Pour M. Beauchemin, "les décideurs publics ont très fortement intériorisé l'idée que les migrants sont des miséreux et, comme l'Afrique, incarnent la misère dans le monde. On imagine, par association d'idées, que forcément il y a beaucoup de départs de l'Afrique".
Or cette équation "pauvreté = émigration vers le Nord" n'est pas démontrée, renchérit M. Lessault. Quand on consulte les différentes enquêtes, dit-il, on remarque que "les ménages avec migrants sont sous-représentés dans les classes les plus pauvres et sur-représentés dans les ménages les plus riches". Pour préparer un départ vers le Nord, il faut une certaine somme d'argent, commente-t-il.
En Europe, ces immigrés sont d'autant plus visibles qu'ils sont "noirs et souvent concentrés dans certains quartiers, certaines villes".
Et, par dessus tout, "le caractère spectaculaire de l'émigration subsaharienne" clandestine a marqué les esprits ces dernières années.
"Il y les images de pirogues qui débordent ou de corps échoués sur les plages... On n'a pas l'équivalent de ces migrations spectaculaires pour les autres flux migratoires venant d'Asie", souligne-t-il.
Le duo de chercheurs souhaiterait que soit "poussée l'évaluation des politiques publiques pour le contrôle des frontières".
"Quand on voit à quel point l'émigration subsaharienne pèse peu, y compris quand on intègre les irréguliers, affirme M. Beauchemin, on peut se demander par exemple pourquoi l'Union européenne dépense autant d'argent pour le dispositif (de contrôle des frontières) Frontex".
Source: AFP