Les exploitations agricoles familiales de la zone du Niani (Tambacounda, est) ont vu leur production augmenter, du fait d’une évolution de leurs pratiques, suite à une expérience d’appui-conseil mise en œuvre depuis cinq ans par la Fédération des organisations non gouvernementales du Sénégal (FONGS), a révélé Ousseynou Gory coordonnateur régional de cette structure.
Le responsable régional de la FONGS a indiqué, samedi à Tambacounda, qu’une étude réalisée par la structure sur les exploitations familiales, a montré que dans la zone du Niani (département de Koumpentoum), les exploitations agricoles familiales, aidées d’une pluviométrie abondante, "se pratiquent bien", liant l’agriculture à l’élevage. La taille des familles dans cette zone est de "7 membres au minimum", a-t-il noté en marge d’une réunion d’information et de partage, en prélude à un forum sur les exploitations familiales prévu du 29 novembre au 1-er décembre à Dakar. Ce développement a été noté, avec la mise en œuvre d’un programme d’appui-conseil mandaté par le Cadre national de concertation des ruraux (CNCR) dont la FONGS fait partie intégrante, a souligné M. Gory.
Créée en 1976 à l’initiative de 9 leaders d’associations paysannes, la FONGS a été reconnue officiellement en octobre 1978 comme une organisation à vocation socio-économique sans but lucratif, selon son site Internet. Elle se veut, selon la même source, un "mouvement paysan autonome" qui compte aujourd’hui plus de 150.000 membres actifs regroupés dans 32 associations paysannes à travers le pays.
La FONGS qui travaille sur les exploitations familiales "depuis plus de 10 ans", a initié ce programme d’appui-conseil depuis cinq ans, qui a été étendu à l’ensemble du pays, divisé en six zones agro-écologiques.
Relevant que les six zones identifiées à travers le pays, ont chacune sa particularité, Ousseynou Gory a précisé que la "grande particularité" de la région de Tambacounda, réside dans le fait que cette zone agro-écologique, d’après les recherches, est composée de trois sous-zones que sont le Niani (département de Koumpentoum), le Boundou (départements de Bakel et Goudiri) et la zone forestière (vers Kédougou).
"Nous savons que pendant les cinq ans, les gens ont évolué. Les producteurs qui produisaient 200 kilogrammes par hectare se retrouvent maintenant avec quatre tonnes de maïs à l’hectare. C’est quelque chose qu’ils ont réussi", a-t-il dit, à propos de la zone du Niani.
Concernant le mil souna, "les rendements (qui) étaient de 100 à 200 kilogrammes à l’hectare, passent à 1,9 tonne à l’hectare", a-t-il poursuivi, ajoutant que ces expériences se sont multipliées.
L’avantage de l’appui-conseil est que les gens ont pu se départir de certaines pratiques, pour mieux travailler, échanger entre familles afin de ficeler des projets, a informé le coordonnateur régional du FONGS.
"L’expérience a prouvé que si on les aide, ces exploitations pourraient changer malgré certaines difficultés qui font que aujourd’hui, les jeunes veulent partir. L’agriculture est une chose qui est réussie dans cette partie-là", a-t-il souligné.
"Les tests et expériences que nous avons menés ont démontré qu’il y a un bon développement. Les gens se sont réveillés, s’associent dans tout ce qu’ils font et échangent grâce à un animateur qui prend en charge 5 familles dans le cadre de l’appui-conseil", a encore souligné Ousseynou Gory. D’après lui, "cette expérience est en train de se développer dans tout le pays".
Pour ce qui est de la zone du Boundou, elle est "historiquement une zone d’élevage, mais malheureusement l’émigration constitue l’option des populations de cette localité", a-t-il noté. Soulignant la faible activité de ceux qui restent sur place et qui "comptent sur leurs parents qui sont en Europe ou ailleurs", il a ajouté que la sensibilisation a été dirigée vers ces derniers, afin qu’ils retournent à l’agriculture.
L’étude indique que dans le Boundou, "la taille des familles est de 6 personnes par exploitation, mais le plus souvent il n’y a que la femme et les enfants seulement". Elle note par contre, a relevé le responsable paysan, que "vers les années 2000, il y a des retraités qui sont rentrés au bercail et parmi eux, beaucoup sont retournés à l’agriculture".
M. Gory a signalé que la sensibilisation a poussé les exploitants de la zone de Sénédébou (Bakel) à se prendre en charge grâce au maraîchage. "Depuis 20 ans, on parle d’aménagements par la SAED, mais on ne voit rien. Les gens parlent de jatropha et d’autres choses, mais rien", a-t-il déploré, se disant "sûr qu’avec des aménagements, la région n’aura pas de problème d’approvisionnement en oignons".
"Les 15 familles qui se trouvent à Sénédébou, alimentent le marché de Tambacounda à partir des mois de janvier-février en produits maraîchers, a-t-il dit. C’est sûr que quand on les aide avec des aménagements, l’agriculture sera pratiquée à la grande satisfaction de tous". Pour lui, "c’est avec de l’animation qu’il y aura changement de comportement".
La zone forestière contigüe au Parc national du Niokolo-Koba et les montagnes, notamment Mako vers la région de Kédougou, où l’on trouve des familles de quatre personnes, en moyenne, "n’est pas propice à l’agriculture", a-t-il encore signalé. "Cette zone est riche, mais pauvre. Ceci s’explique par le fait que les jeunes ont délaissé l’agriculture au profit de l’exploitation de l’or, qui ne profite pas".
APS