Abdoulaye Bathily n’hésitera pas à se retirer au profit d’un candidat consensuel de l’opposition. A chaque fois que pareille situation s’imposera, il prendra ses responsabilités. Ces propos sont de Moussa Sarr, porte-parole de la Ld. Le ‘Jallarbiste’ porte ainsi, devant l’opinion, les positions de son parti sur une question diversement appréciée au sein de la coalition Bennoo Siggil Senegaal. Entretien
Wal Fadjri : La candidature unique à la présidentielle de 2012 fait l’objet de débats au sein de Bennoo Siggil Senegaal. En avez-vous déjà discuté à la Ld ?
Moussa SARR : La question du leadership n’est pas pour nous une question essentielle. Nous concevons le leadership comme devant être collectif. Autrement dit, ce que nous voulons au niveau de Bennoo Siggil Senegaal, c’est de trouver, avec nos partenaires, une équipe pour diriger le pays. Parce que, pour nous, l’ère du messie est dépassée. La crise est telle qu’au Sénégal, aucun individu, aucun parti politique à lui seul ne peut apporter les solutions idoines aux problèmes des Sénégalais. C’est pourquoi nous pensons que ce qu’il faut, c’est mettre en place une équipe à l’intérieur de laquelle, les responsabilités seront partagées. Ce sera à chacun selon son profil et selon l’objectif politique du moment.
Wal Fadjri : La candidature unique à la présidentielle de 2012 fait l’objet de débats au sein de Bennoo Siggil Senegaal. En avez-vous déjà discuté à la Ld ?
Moussa SARR : La question du leadership n’est pas pour nous une question essentielle. Nous concevons le leadership comme devant être collectif. Autrement dit, ce que nous voulons au niveau de Bennoo Siggil Senegaal, c’est de trouver, avec nos partenaires, une équipe pour diriger le pays. Parce que, pour nous, l’ère du messie est dépassée. La crise est telle qu’au Sénégal, aucun individu, aucun parti politique à lui seul ne peut apporter les solutions idoines aux problèmes des Sénégalais. C’est pourquoi nous pensons que ce qu’il faut, c’est mettre en place une équipe à l’intérieur de laquelle, les responsabilités seront partagées. Ce sera à chacun selon son profil et selon l’objectif politique du moment.
Wal Fadjri : Mais il faut quand même quelqu’un qui soit à la tête de cette équipe.
Moussa SARR :A ce propos, nous nous sommes adossés aux conclusions des assises nationales. Pour nous, ce qu’il faut au Sénégal puisque nous sommes instruits du présidentialisme actuel, c’est que l’Assemblée nationale devienne le lieu d’impulsion de la vie politique. C’est pourquoi nous disons que pour le prochain gouvernement de la République, il s’agira de redistribuer les rôles au niveau des institutions. La présidence de la République aura un rôle précis à jouer de même que l’Assemblée nationale et le pouvoir judiciaire. Et si les rôles sont joués de façon équitable à l’intérieur de chaque institution, trouver un candidat à la présidence de la République, à la Primature et à la tête de l’Assemblée nationale ne sera pas difficile. L’essentiel est que nous devons nous entendre sur les rôles des institutions.
Wal Fadjri : Tous les partis membres de Bennoo Siggil Senegaal semblent d’accord sur ces principes et sur la candidature unique à la présidentielle. Mais on a l’impression que vous avez encore peur de poser le vrai débat : le choix du futur leader. Pourquoi ?
Moussa SARR :C’est vrai qu’en 2007, nous sommes allés à l’élection, dispersés. Mais nous sommes instruits de l’expérience de cette élection. C’est pourquoi, au niveau de la Ld, nous faisons tout pour que Bennoo Siggil Senegaal ait un candidat à la prochaine élection présidentielle. Et nous avons suffisamment dit à nos partenaires que ceux d’entre nous qui feront tout pour que Bennoo Siggil Senegaal n’ait pas un candidat unique à cette élection, seront responsables de ce qui adviendra de l’opposition. Nous lançons un appel aux partis qui composent cette coalition sur le fait que la crise que traverse le pays est tellement profonde, que nous devons assumer nos responsabilités historiques. Et faire de sorte que le consensus qui prévaut au sein de Bennoo et qui nous a permis de remporter les grandes collectivités locales le 22 mars, continue pour s’accorder sur un seul candidat en 2012. Chaque candidat peut avoir des ambitions, mais ce qui caractérise un leader, c’est sa capacité à faire preuve de dépassement.
Wal Fadjri : Votre leader ira-t-il jusqu’à céder au profit d’autres candidats pour sauver l’unité au sein de Bennoo Siggil Senegaal ?
Moussa SARR :Abdoulaye Bathily n’hésitera pas à se retirer au profit d’un candidat consensuel. Il n’a pas une ambition personnelle et l’a dit. A chaque fois qu’une telle situation s’imposera à nous, il prendra ses responsabilités et soutiendra le candidat consensuel. Au niveau de la Ld, nous avons suffisamment donné la preuve à chaque fois que l’enjeu est de taille. Abdoulaye Bathily a toujours fait preuve de dépassement. Mais même si cela arrive, nous tenons à dire à l’ensemble des partenaires et au peuple sénégalais que l’expérience que nous avons vécue avec Abdoulaye Wade en 2000, nous ne sommes plus prêts à la revivre. Parce que nous devons nous entendre sur un programme, un schéma et le candidat qui sera choisi par Bennoo Siggil Senegaal, devra tout faire pour respecter ces engagements.
‘Abdoulaye Bathily n’hésitera pas à se retirer au profit d’un candidat consensuel. Il n’a pas une ambition personnelle et l’a dit. A chaque fois qu’une telle situation s’imposera à nous, il prendra ses responsabilités et soutiendra le candidat consensuel’.
Wal Fadjri : Avez-vous réfléchi aux mécanismes au cas où votre candidat, une fois au pouvoir, refuserait de respecter ses promesses ?
Moussa SARR :On peut trouver des mécanismes pour contraindre notre candidat à respecter ses engagements. D’abord, ce seront des engagements qui ne seront pas signés entre quatre murs, mais on prendra le peuple à témoin. Ensuite, on peut faire de telle sorte que l’Assemblée nationale joue son rôle effectif de contrôle de l’action du gouvernement. Entre autres possibilités, on peut faire de sorte qu’un parti politique ne puisse pas, à lui seul, détenir la majorité absolue à l’Assemblée nationale et que l’Assemblée soit composée d’une diversité de partis politiques de sorte qu’elle sera en mesure de contraindre le président de la République s’il devait trahir. Et si la justice joue son rôle, on peut aussi obliger le président de la République à respecter ses engagements. Surtout que nous sommes tous instruits de l’expérience douloureuse et malheureuse du président de la République et aucun parti politique au sein de Bennoo n’est prêt à recommencer la même expérience.
Wal Fadjri : Le Pit propose un schéma de transition d’un an à 18 mois. Cela vous agrée-t-il ?
Moussa SARR :Au niveau de la Ld, on ne fait pas de fixation sur un délai. Mais dans tous les cas, il nous semble que pour le prochain président, il nous faut une transition. Une transition pour mettre en place de nouvelles institutions car, dans ce pays, toutes les institutions sont à genoux. C’est un seul individu qui régente la vie de l’ensemble des Sénégalais et il faut que cela cesse. C’est pourquoi, si Bennoo Siggil Senegaal venait à remporter l’élection présidentielle, il va falloir trouver une période de transition de 12 mois, un an, etc. Nous pensons qu’il faut trouver le meilleur schéma après un consensus (…)
Wal Fadjri : Où en êtes-vous concernant le dialogue politique ?
Moussa SARR :Nous sommes d’accord au niveau de l’opposition sur le principe du dialogue. Nous sommes dans une démocratie. Et dans une démocratie, le dialogue doit être permanent. Les forces vivent qui composent le pays, doivent régulièrement trouver des mécanismes pour dialoguer et trouver des solutions aux problèmes qui assaillent le peuple. Et nous rappelons souvent que c’est cette tradition de dialogue établie au Sénégal qui a permis l’alternance en 2000 (…) Malheureusement, le président de la République n’est pas un homme de dialogue.
Wal Fadjri : Pourtant, le président de la République vous a invités au dialogue…
Moussa SARR :Mais depuis qu’il est arrivé à la tête de l’Etat, il ne dialogue pas avec les forces vives et même à l’intérieur de son propre parti, il ne dialogue pas. C’est pourquoi nous ne pouvons pas ne pas être méfiants par rapport à son appel au dialogue. N’empêche, nous avons répondu à sa lettre pour dire que nous sommes d’accord sur le principe. Mais que si on doit dialoguer, ce sera sur des problèmes qui concernent les Sénégalais. Il s’agit, entre autres, de l’Economie, parce que le régime de l’alternance a ruiné le trésor national, des droits et libertés individuels et collectifs, qui sont régulièrement bafoués et l’impunité et érigée en règle depuis quelques années. La preuve par l’agression des journalistes Kambel et Kara encore en instance alors que le commanditaire vague à ses occupations.
Pour nous, le dialogue doit également se faire autour du processus électoral. Parce que, depuis 2000, nous organisons régulièrement des élections mais jusqu’à aujourd’hui, il n’y a aucune évaluation sérieuse des élections. C’est l’ensemble de ces questions qui ont été adressées en réponse à la lettre du président de la République. Mais sa réponse est totalement décevante.
Wal Fadjri : Vos exigences favorisent-elles la tenue du dialogue ?
Moussa SARR : Si le président de la République nous appelle à un dialogue, nous disons oui au dialogue mais pour nous, voici les questions que nous pensons devoir inscrire à l’ordre du jour. Ce sont des questions qui sont relatives à l’Economie, aux droits et libertés et au processus électoral. Ce qui a fâché le président de la République, c’est l’assassinat de Me Babacar Sèye. Mais qu’il se le tienne pour dit : cette affaire sera, un jour ou l’autre, élucidée. Parce que nous avons choisi de vivre dans un pays où nous ne pouvons pas accepter que l’impunité soit érigée en règle de gouvernement.
Wal Fadjri : Faut-il encore espérer quant à la tenue de ce dialogue ?
Moussa SARR : Pour nous de la Ld, le dialogue avec le président de la République n’est pas une priorité. Notre priorité, c’est de développer la cohésion au sein de Bennoo Siggil Senegaal pour qu’à la prochaine élection présidentielle, nous puissions débarrasser le Sénégal du président Wade qui a suffisamment montré ses limites.
Wal Fadjri : Comment avez-vous accueilli l’annonce des milliards du Millenium Challenge Account ?
Moussa SARR : Le Millenium Challenge Account n’est pas de la nouveauté au Sénégal. Je rappelle à cet effet que le premier projet pour lequel le Sénégal était éligible, était un projet de presque 600 milliards de francs Cfa que le gouvernement américain accordait sous forme de don à la République du Sénégal. Malheureusement, le chef de l’Etat a préféré tourner le dos à ce projet au profit de Jafza. Or jusqu’à ce jour, rien n’a été fait à Diamniadio. C’est pourquoi, au niveau de la Ld, nous exigeons que le président de la République explique aux Sénégalais, les raisons qui l’ont poussé à renoncer à ce premier projet du Millenium Challenge Account au profit de Dubaï. Si, aujourd’hui, Wade revient pour annoncer sous forme de bonne nouvelle que le Sénégal est éligible à ce millenium, nous pensons que ce n’est pas de la nouveauté parce que le millenium n’a même pas quitté le Sénégal. Les Américains attendaient que le Sénégal s’ouvre pour qu’ils financent. Aussi les Sénégalais savent que ce n’est pas la première fois que des milliards entrent dans ce pays. Depuis 2000, on a annoncé des milliards, des investisseurs mais les Sénégalais sont encore plus pauvres parce que cet argent, si on n’y prend garde, risque d’être détourné de son objectif principal. C’est pourquoi nous sommes déçus, à la Ld, des déclarations du président de la République.
Wal Fadjri : Autre sujet d’actualité, les inondations…
Moussa SARR : (Il coupe) Je dois d’abord relever que nous de la Ld et de manière générale de l’opposition, avons régulièrement insisté sur le fait que le chef de l’Etat devait interrompre son séjour à l’extérieur pour revenir immédiatement au pays. Parce que nous pensions qu’il est inacceptable pour un président de la République de prolonger ses vacances dans des hôtels de luxe entre la France et la Suisse aux frais du contribuable sénégalais pendant que la majeure partie de population nage dans les eaux du fait des inondations (…) Nous n’attendions absolument rien du chef de l’Etat, à propos des problèmes comme les inondations, coupures d’électricité… Et nous l’avions dit bien avant aux Sénégalais : Qu’ils n’ont rien à attendre d’Abdoulaye Wade qui a suffisamment montré ses limites. Nous en voulons pour preuve, sa déclaration à son arrivée, à l’aéroport (de retour de vacance : Ndlr). Là où les Sénégalais attendaient des solutions concrètes aux problèmes des inondations et délestages, Wade déclare qu’il a fait un mois de vacances et qu’il rédigeait pendant tout ce temps des livres. Les Sénégalais n’attendent pas de la part de leur président de la République qu’il rédige des livres, mais plutôt qu’il apporte des solutions aux problèmes qu’ils vivent. C’est pour ça qu’il a été élu.
Propos recueillis par Yakhya MASSALY
Source Walfadjri
Moussa SARR :A ce propos, nous nous sommes adossés aux conclusions des assises nationales. Pour nous, ce qu’il faut au Sénégal puisque nous sommes instruits du présidentialisme actuel, c’est que l’Assemblée nationale devienne le lieu d’impulsion de la vie politique. C’est pourquoi nous disons que pour le prochain gouvernement de la République, il s’agira de redistribuer les rôles au niveau des institutions. La présidence de la République aura un rôle précis à jouer de même que l’Assemblée nationale et le pouvoir judiciaire. Et si les rôles sont joués de façon équitable à l’intérieur de chaque institution, trouver un candidat à la présidence de la République, à la Primature et à la tête de l’Assemblée nationale ne sera pas difficile. L’essentiel est que nous devons nous entendre sur les rôles des institutions.
Wal Fadjri : Tous les partis membres de Bennoo Siggil Senegaal semblent d’accord sur ces principes et sur la candidature unique à la présidentielle. Mais on a l’impression que vous avez encore peur de poser le vrai débat : le choix du futur leader. Pourquoi ?
Moussa SARR :C’est vrai qu’en 2007, nous sommes allés à l’élection, dispersés. Mais nous sommes instruits de l’expérience de cette élection. C’est pourquoi, au niveau de la Ld, nous faisons tout pour que Bennoo Siggil Senegaal ait un candidat à la prochaine élection présidentielle. Et nous avons suffisamment dit à nos partenaires que ceux d’entre nous qui feront tout pour que Bennoo Siggil Senegaal n’ait pas un candidat unique à cette élection, seront responsables de ce qui adviendra de l’opposition. Nous lançons un appel aux partis qui composent cette coalition sur le fait que la crise que traverse le pays est tellement profonde, que nous devons assumer nos responsabilités historiques. Et faire de sorte que le consensus qui prévaut au sein de Bennoo et qui nous a permis de remporter les grandes collectivités locales le 22 mars, continue pour s’accorder sur un seul candidat en 2012. Chaque candidat peut avoir des ambitions, mais ce qui caractérise un leader, c’est sa capacité à faire preuve de dépassement.
Wal Fadjri : Votre leader ira-t-il jusqu’à céder au profit d’autres candidats pour sauver l’unité au sein de Bennoo Siggil Senegaal ?
Moussa SARR :Abdoulaye Bathily n’hésitera pas à se retirer au profit d’un candidat consensuel. Il n’a pas une ambition personnelle et l’a dit. A chaque fois qu’une telle situation s’imposera à nous, il prendra ses responsabilités et soutiendra le candidat consensuel. Au niveau de la Ld, nous avons suffisamment donné la preuve à chaque fois que l’enjeu est de taille. Abdoulaye Bathily a toujours fait preuve de dépassement. Mais même si cela arrive, nous tenons à dire à l’ensemble des partenaires et au peuple sénégalais que l’expérience que nous avons vécue avec Abdoulaye Wade en 2000, nous ne sommes plus prêts à la revivre. Parce que nous devons nous entendre sur un programme, un schéma et le candidat qui sera choisi par Bennoo Siggil Senegaal, devra tout faire pour respecter ces engagements.
‘Abdoulaye Bathily n’hésitera pas à se retirer au profit d’un candidat consensuel. Il n’a pas une ambition personnelle et l’a dit. A chaque fois qu’une telle situation s’imposera à nous, il prendra ses responsabilités et soutiendra le candidat consensuel’.
Wal Fadjri : Avez-vous réfléchi aux mécanismes au cas où votre candidat, une fois au pouvoir, refuserait de respecter ses promesses ?
Moussa SARR :On peut trouver des mécanismes pour contraindre notre candidat à respecter ses engagements. D’abord, ce seront des engagements qui ne seront pas signés entre quatre murs, mais on prendra le peuple à témoin. Ensuite, on peut faire de telle sorte que l’Assemblée nationale joue son rôle effectif de contrôle de l’action du gouvernement. Entre autres possibilités, on peut faire de sorte qu’un parti politique ne puisse pas, à lui seul, détenir la majorité absolue à l’Assemblée nationale et que l’Assemblée soit composée d’une diversité de partis politiques de sorte qu’elle sera en mesure de contraindre le président de la République s’il devait trahir. Et si la justice joue son rôle, on peut aussi obliger le président de la République à respecter ses engagements. Surtout que nous sommes tous instruits de l’expérience douloureuse et malheureuse du président de la République et aucun parti politique au sein de Bennoo n’est prêt à recommencer la même expérience.
Wal Fadjri : Le Pit propose un schéma de transition d’un an à 18 mois. Cela vous agrée-t-il ?
Moussa SARR :Au niveau de la Ld, on ne fait pas de fixation sur un délai. Mais dans tous les cas, il nous semble que pour le prochain président, il nous faut une transition. Une transition pour mettre en place de nouvelles institutions car, dans ce pays, toutes les institutions sont à genoux. C’est un seul individu qui régente la vie de l’ensemble des Sénégalais et il faut que cela cesse. C’est pourquoi, si Bennoo Siggil Senegaal venait à remporter l’élection présidentielle, il va falloir trouver une période de transition de 12 mois, un an, etc. Nous pensons qu’il faut trouver le meilleur schéma après un consensus (…)
Wal Fadjri : Où en êtes-vous concernant le dialogue politique ?
Moussa SARR :Nous sommes d’accord au niveau de l’opposition sur le principe du dialogue. Nous sommes dans une démocratie. Et dans une démocratie, le dialogue doit être permanent. Les forces vivent qui composent le pays, doivent régulièrement trouver des mécanismes pour dialoguer et trouver des solutions aux problèmes qui assaillent le peuple. Et nous rappelons souvent que c’est cette tradition de dialogue établie au Sénégal qui a permis l’alternance en 2000 (…) Malheureusement, le président de la République n’est pas un homme de dialogue.
Wal Fadjri : Pourtant, le président de la République vous a invités au dialogue…
Moussa SARR :Mais depuis qu’il est arrivé à la tête de l’Etat, il ne dialogue pas avec les forces vives et même à l’intérieur de son propre parti, il ne dialogue pas. C’est pourquoi nous ne pouvons pas ne pas être méfiants par rapport à son appel au dialogue. N’empêche, nous avons répondu à sa lettre pour dire que nous sommes d’accord sur le principe. Mais que si on doit dialoguer, ce sera sur des problèmes qui concernent les Sénégalais. Il s’agit, entre autres, de l’Economie, parce que le régime de l’alternance a ruiné le trésor national, des droits et libertés individuels et collectifs, qui sont régulièrement bafoués et l’impunité et érigée en règle depuis quelques années. La preuve par l’agression des journalistes Kambel et Kara encore en instance alors que le commanditaire vague à ses occupations.
Pour nous, le dialogue doit également se faire autour du processus électoral. Parce que, depuis 2000, nous organisons régulièrement des élections mais jusqu’à aujourd’hui, il n’y a aucune évaluation sérieuse des élections. C’est l’ensemble de ces questions qui ont été adressées en réponse à la lettre du président de la République. Mais sa réponse est totalement décevante.
Wal Fadjri : Vos exigences favorisent-elles la tenue du dialogue ?
Moussa SARR : Si le président de la République nous appelle à un dialogue, nous disons oui au dialogue mais pour nous, voici les questions que nous pensons devoir inscrire à l’ordre du jour. Ce sont des questions qui sont relatives à l’Economie, aux droits et libertés et au processus électoral. Ce qui a fâché le président de la République, c’est l’assassinat de Me Babacar Sèye. Mais qu’il se le tienne pour dit : cette affaire sera, un jour ou l’autre, élucidée. Parce que nous avons choisi de vivre dans un pays où nous ne pouvons pas accepter que l’impunité soit érigée en règle de gouvernement.
Wal Fadjri : Faut-il encore espérer quant à la tenue de ce dialogue ?
Moussa SARR : Pour nous de la Ld, le dialogue avec le président de la République n’est pas une priorité. Notre priorité, c’est de développer la cohésion au sein de Bennoo Siggil Senegaal pour qu’à la prochaine élection présidentielle, nous puissions débarrasser le Sénégal du président Wade qui a suffisamment montré ses limites.
Wal Fadjri : Comment avez-vous accueilli l’annonce des milliards du Millenium Challenge Account ?
Moussa SARR : Le Millenium Challenge Account n’est pas de la nouveauté au Sénégal. Je rappelle à cet effet que le premier projet pour lequel le Sénégal était éligible, était un projet de presque 600 milliards de francs Cfa que le gouvernement américain accordait sous forme de don à la République du Sénégal. Malheureusement, le chef de l’Etat a préféré tourner le dos à ce projet au profit de Jafza. Or jusqu’à ce jour, rien n’a été fait à Diamniadio. C’est pourquoi, au niveau de la Ld, nous exigeons que le président de la République explique aux Sénégalais, les raisons qui l’ont poussé à renoncer à ce premier projet du Millenium Challenge Account au profit de Dubaï. Si, aujourd’hui, Wade revient pour annoncer sous forme de bonne nouvelle que le Sénégal est éligible à ce millenium, nous pensons que ce n’est pas de la nouveauté parce que le millenium n’a même pas quitté le Sénégal. Les Américains attendaient que le Sénégal s’ouvre pour qu’ils financent. Aussi les Sénégalais savent que ce n’est pas la première fois que des milliards entrent dans ce pays. Depuis 2000, on a annoncé des milliards, des investisseurs mais les Sénégalais sont encore plus pauvres parce que cet argent, si on n’y prend garde, risque d’être détourné de son objectif principal. C’est pourquoi nous sommes déçus, à la Ld, des déclarations du président de la République.
Wal Fadjri : Autre sujet d’actualité, les inondations…
Moussa SARR : (Il coupe) Je dois d’abord relever que nous de la Ld et de manière générale de l’opposition, avons régulièrement insisté sur le fait que le chef de l’Etat devait interrompre son séjour à l’extérieur pour revenir immédiatement au pays. Parce que nous pensions qu’il est inacceptable pour un président de la République de prolonger ses vacances dans des hôtels de luxe entre la France et la Suisse aux frais du contribuable sénégalais pendant que la majeure partie de population nage dans les eaux du fait des inondations (…) Nous n’attendions absolument rien du chef de l’Etat, à propos des problèmes comme les inondations, coupures d’électricité… Et nous l’avions dit bien avant aux Sénégalais : Qu’ils n’ont rien à attendre d’Abdoulaye Wade qui a suffisamment montré ses limites. Nous en voulons pour preuve, sa déclaration à son arrivée, à l’aéroport (de retour de vacance : Ndlr). Là où les Sénégalais attendaient des solutions concrètes aux problèmes des inondations et délestages, Wade déclare qu’il a fait un mois de vacances et qu’il rédigeait pendant tout ce temps des livres. Les Sénégalais n’attendent pas de la part de leur président de la République qu’il rédige des livres, mais plutôt qu’il apporte des solutions aux problèmes qu’ils vivent. C’est pour ça qu’il a été élu.
Propos recueillis par Yakhya MASSALY
Source Walfadjri