Notre continent dispose d’immenses ressources naturelles encore inexploitées et dont la mise en œuvre requiert peu d’investissements
A l'instar des autres pays africains, le Mali a célébré la semaine dernière, la Journée de l'industrialisation de l'Afrique. A cette occasion, le directeur national de l'industrie, Adama Konaté a présenté à l’hôtel Kempinski une communication sur le thème : "L'Afrique peut-elle s'industrialiser" ? Le conférencier a longuement expliqué l’importance de l’industrialisation et de ses avantages, les difficultés qui handicapent le développement industriel de notre continent avant de proposer des solutions.
Le développement économique d’un pays, soulignera-t-il, est aujourd’hui tributaire du dynamisme de son secteur industriel qui a des effets induits sur l’économie à travers la contribution au budget national et la promotion des secteurs sociaux (éducation, santé). Dans ce processus, l’industrialisation et particulièrement l’industrie manufacturière, joue un rôle capital dans le développement des nations. Les pays industrialisés sont caractérisés par une croissance économique plus grande.
Ce qui permet de créer plus d'emplois. L’industrialisation dans ce cas est un élément de transformation socio-économique, technologique et financière. Actuellement les produits manufacturés ne représentent que 19% du total des exportations des pays africains tandis que les importations d’articles manufacturés représentent 70% du total.
Au lendemain des indépendances, rappellera-t-il, les pays africains ont adopté diverses politiques de développement industriel. Mais la plupart d’entre eux se sont retrouvés sous programme d’ajustement structurel à partir des années 80 en raison des difficultés économiques. Les économies africaines souffrent d'un manque de compétitivité. Surtout pour les États enclavés où les coûts de production handicapent les filières locales face à la concurrence internationale, fera remarquer Adama Konaté.
Activité commerciale dominante. Par ailleurs, les infrastructures de base (routes, télécommunications, énergie) sont faibles, les opportunités offertes par les marchés des pays industrialisés ne sont pas exploitées, la main d'oeuvre n'est pas suffisamment qualifiée. D'une manière générale, l’industrie africaine n'est pas performante, conclura-t-il. A cela il faut ajouter que dans certains pays comme le Mali, de nombreux opérateurs s'adonnent plutôt à des activités commerciales, immédiatement rentables mais créant moins de valeur ajoutée. Les Africains continuent à exporter des matières premières qui pourraient être valorisées sur place.
Malgré toutes les difficultés auxquelles elle est confrontée, l’Afrique peut s’industrialiser, estime Adama Konaté qui explique que notre continent dispose de deux atouts : la rentabilité et les potentialités qui peuvent aider à transformer nos avantages comparatifs en avantages de compétitivité. Notre continent doit transformer ses produits. Par exemple, les articles manufacturés en coton devraient se substituer progressivement aux fibres de coton vendues actuellement sur le marché extérieur. L’ONUDI conforte cette hypothèse à travers ses données. La rentabilité des investissements, selon cette institution des Nations-unies, est aujourd'hui plus élevée en Afrique que dans toute autre région du monde. Notre continent dispose aussi d’immenses ressources naturelles encore inexploitées et dont la mise en œuvre requiert moins d’investissements que dans les autres régions. D’où l’intérêt d’attirer les investissements directs étrangers et impliquer davantage d'opérateurs publics et privés.
Au Mali, malgré le dispositif législatif et réglementaire mis en place, le taux de réalisation des projets agréés au Code des investissements reste bas surtout pour le secteur manufacturier.
L’industrialisation ne se décrète pas, soulignera le conférencier en ajoutant qu'elle se construit progressivement et nécessite une approche globale. D’où l’adoption de politique d’industrialisation sur le plan national et sous-régional. A l’heure où nous sommes, le processus d’industrialisation suppose, selon lui, la mise en œuvre d’un ensemble de mesures permettant de s’attaquer aux faiblesses dans plusieurs domaines simultanément. Il s’agit de la réunion de certaines conditions comme la stabilité politique, l’existence d’un marché large, la présence de partenaires fiables au plan local, une main d’œuvre qualifiée, la proximité des acheteurs, de bonnes infrastructures de base, l’accès facile au marché financier, la simplification des formalités administratives, etc. Il s'agit aussi de mobiliser l’épargne, de découvrir et créer de nouvelles ressources nationales. D’où le rôle particulier du secteur privé sans oublier que les actions du secteur privé doivent être soutenues par la création d’infrastructures de base adéquates. Car sans infrastructures, pas d’industrie viable. Par ailleurs, en l’absence de ressources publiques conséquentes, l’Afrique doit s’inspirer de l’expérience d’autres pays en matière de mobilisation de ressources notamment par le système “Construction-Exploitation-Transfert de propriété".
Pour le directeur national de l’industrie, le Mali doit particulièrement mettre l'accent sur la maîtrise énergétique (base de tout développement économique), la construction de routes pour favoriser et sécuriser les échanges avec les pays limitrophes. Dans certains domaines des progrès significatifs ont été réalisés mais pour d’autres, beaucoup reste à faire.
Le Programme de développement économique et social (PDES) met l’accent, entre autres, sur le développement des infrastructures dans l’optique de réduire le coût des facteurs et améliorer la compétitivité du secteur privé.
F. MAIGA
Source : ESSOR.GOV.ML