Addis-Abeba, Ethiopie - L'exploitation des minerais occupe une place de plus en plus importante sur la carte économique de l'Afrique ces dernières années, avec, en particulier, l'accroissement de la production pétrolière, qui a entraîné des taux de croissance élevés dans les pays exportateurs d'or noir.
Mais la situation sur le terrain n'est pas aussi reluisante que la décrivent les experts dans les différents compte-rendus sur l'environnement économique des pays africains riches en minerais.
Dans son rapport économique 2008 sur l'Afrique, la Commission économique des Nations unies pour l'Afrique (CEA), indique que six des économies les plus performantes du continent, à savoir l'Angola, le Soudan, l'Egypte, la Guinée équatoriale, le Mozambique et la Tanzanie, étaient riches en pétrole ou en minerais.
La structure des économies les plus performantes qui restent, selon le rapport, est fortement dominée par l'agriculture en Ethiopie et au Malawi ou les services en Gambie.
Pour le citoyen ordinaire de ces pays qui n'a noté aucun changement tangible dans ses conditions de vie et qui est plongé dans le désespoir et la pauvreté, ce terme de performance est un mot d'un jargon incompréhensible et curieux.
Les hommes politiques qui utilisent les statistiques sur le développement pour faire campagne ont également du mal à convaincre leurs électeurs de la croissance de leurs économies, tandis que des conglomérats miniers étrangers détournent les véritables richesses.
C'est dans ce contexte que l'Afrique a commencé à envisager l'adoption d'une vision à long terme jusqu'en 2050 sur une meilleure gestion et une meilleure utilisation de ses richesses souterraines.
Les ministres responsables de l'exploitation des ressources minières doivent se réunir à Addis-Abeba, en Ethiopie, du 08 au 13 septembre 2008 pour élaborer un plan d'action avec cet objectif à l'esprit, puisque la découverte récente de gisements miniers supplémentaires a fait de l'Afrique un pôle d'attraction pour les exploiteurs étrangers.
La première partie de la conférence du 08 au 10 septembre sera réservée au hauts responsables, tandis que la session ministérielle se tiendra du 12 au 13 septembre.
Organisée conjointement par la Commission de l'Union africaine en collaboration avec la CEA et la Banque africaine de développement (BAfD), cette conférence va recommander aux dirigeants africains une vision stratégique et un plan d'action pour l'utilisation des ressources naturelles pour promouvoir la croissance économique, réduire la pauvreté et parvenir à un développement durable.
Selon la Commission de l'UA, les ministres vont se pencher sur le caractère adéquat des régimes miniers actuellement en vigueur en Afrique, ainsi que sur les instruments visant à promouvoir un développement global sur le continent.
Les ressources naturelles sont des atouts importants pour le développement de l'Afrique et elles doivent être exploitées correctement.
Une conférence, qui a été co-organisée dans la capitale éthiopienne en février 2007 par la CEA et la BAfD sur le même sujet, a convenu que l'Afrique doit s'approprier son propre processus de développement et renforcer ses systèmes de gouvernance et ses capacités institutionnelles pour la négociation des contrats.
Les autres recommandations importantes de cette réunion ont été que la gestion des ressources naturelles doit être intégrée dans les programmes stratégiques de réduction de la pauvreté, que les parlements nationaux et des commissions indépendantes doivent être impliquées dans la supervision de ce secteur et que les régimes miniers africains doivent être révisés afin que l'extraction de leurs ressources minières fournissent plus d'options et de bénéfices pour les Etats.
Pour que les pays africains renforcent leur position de négociation quand il s'agit de négocier les meilleurs termes d'échange avec lees partenaires extérieurs et les clients, la réunion a reconnu l'urgence de mettre la priorité sur la cartographie géologique et les inventaires des ressources naturelles.
La prochaine conférence ministérielle, axée sur le thème "Construire un avenir durable pour l'industrie extractive de l'Afrique: Les impératifs", devrait se pencher sur plusieurs questions comme l'évaluation de besoins pour développer les codes et directives africains pour l'amélioration de la gouvernance, de la transparence, de la gestion de l'environnement et des garanties sociales dans le cadre de l'exploitation des ressources naturelles.
Les ministres vont également discuter des mécanismes à mettre en place pour garantir l'égalité entre les générations, par l'utilisation des fonds pour les générations futures; et des stratégies nécessaires pour renforcer les relations entre les ressources naturelles et les autres secteurs de l'économie.
En plus des ministres, la conférece va réunir des représentants des Chambres des mines et de l'industrie africaines, du secteur privé, des universités et des Organisations non-gouvernementales ainsi que des agences de l'ONU.
Les pays africains sont tout à fait conscients du manque de capacités locales et de moyens pour développer eux-mêmes leur secteur minier.
C'est l'obstacle le plus grand qu'ils doivent surmonter pour réaliser leurs ambitions.
Cependant, comme le dit l'adage, quand on veut, on peut.
Ce qu'il faut le plus à l'Afrique pour l'instant est de procéder à l'intégration de ses économies et de créer des emplois pour empêcher sa jeune main-d'oeuvre de migrer vers d'autres continents, afin qu'elle puisse mettre ses compétences au service du développement de secteurs économiques prometteurs comme le secteur minier.
Il est prévu que la conférence ministérielle débouche sur l'organisation d'une table-ronde avec les hauts dirigeants des principales compagnies minières mondiales au cours de laquelle l'Afrique exprimera sa volonté de diriger sa propre destinée en ce qui concerne l'exploitation de ses ressources minières.
Il sera intéressant au plan économique que les dirigeants des compagnies minières, qui sont implantées en Afrique, envisagent de transférer d'autres procédés sur le continent.
Retarder ces mesures risque d'exaspérer les populations locales, qui ont été déplacées et qui ont perdu leurs moyens de subsistance traditionnels et leurs terres ancestrales pour céder la place aux cités minières luxueuses.
Pana
Source : afriquenligne.fr