On pouvait faire comme d’ordinaire, mais on va juste mélanger ce que Me Demba Ciré Bathily a raconté sur un ton très libre avec ce qu’il a déjà dit de-ci, de-là. Fervent disciple de la tarikha mouride, il commence: «je suis avocat de profession et militant de droits humains dans la vie sociale et j’ai 44 ans». Avec au-dessus un costume gris, les mains croisées sous le menton, une allure typiquement timide. Avec quand même un parfum de marque car on devine aisément qu’il n’est pas sans le sou. Et puis encore de petits yeux protégés par des lunettes de myopie. Un handicap oculaire dû certainement à de longues heures de lecture et de réflexion.
Me Demba Ciré Bathily est ainsi. Me Bathily traîne aussi un autre handicap. Il boitille en marchant. Les ravages de la poliomyélite sont passés par là. Il vogue en instantané, répondant sans précipitation, anticipant même parfois et d’une patience infinie.Cela dit, Me Bathily est à Dakar, mais il est originaire de Tuabou, un petit village dans le département de Bakel. Son cycle scolaire, il l’a passé entre Thiès et Dakar. Après son Bac, il s’inscrit à la Faculté des sciences juridiques et politiques (droit) de l’Université Cheilkh Anta Diop (Ucad) de Dakar. Une année après sa prestation de serment, il est admis au concours de l’institut international des assurances. Le diplôme d’études supérieures en assurance en poche, il passe avec brio son DEA en droit privé et en droits de l’homme. Sa passion pour la robe noire est née depuis le jeune âge. En effet, très épris de justice, il n’hésitait pas à quitter le lycée pour aller assister à des plaidoiries. «Ma soif de liberté et d’indépendance en constitue aussi l’explication», confie-t-il. D’ailleurs, il se targue d’être avocat depuis son adolescence car il était un grand défenseur des causes communes et collectives aussi bien dans son quartier qu’au lycée.
L’engagement au service d’une passion
Le Soninké d’origine (car il tient à préciser ses origines) a été un militant syndical pendant son cycle universitaire. Etre avocat, un sacerdoce pour lui car «ma profession me permet de défendre la justice, les faibles, les opprimés mais aussi de combattre l’injustice». Ce sont de tels idéaux qui lui valent aujourd’hui de porter la robe. Une fonction qu’il a eu à quitter pour un temps. Et pour cause! Il est allé se remplir les poches en exerçant le métier de commissaire contrôleur au ministère des finances. Le barreau est la plus belle profession qui puisse exister selon lui car «c’est dans ce milieu où je me suis vraiment épanoui» lance-t-il comme plongé dans ses souvenirs. Le métier d’avocat est aussi comme une continuité du cadre dans lequel il a grandi c’est-à-dire celui de porter secours et assistance aux autres. Comme son père le fit avant lui dans le domaine médical. Pour son cas, cet humanisme se révèle à travers le social. Et comme il se plait à le dire, «je suis médecin dans le domaine social». Me Bathily a grandi dans un milieu intellectuel baignant entre l’affection d’une mère secrétaire et l’humanisme d’un père médecin. Signalons que son père polygame a exercé la profession de député et de maire de la ville de Thiès. Mais quand on évoque sa vie privée, Me Bathily est sur ses gardes. Mettant un point d’honneur sur son intimité, il consent à nous confier: «je suis marié et père de deux enfants». Par contre à savoir s’il compte suivre les traces de son père dans la polygamie, il répond qu’il est monogame et également un fervent croyant. Est-ce donc à dire que pour Me Bathily n’exclurait pas la possibilité d’une seconde épouse? Motus et bouche cousue. Bon! Revenons à nos moutons. Malgré son âge pour le moins jeune, il a quand même à son actif 18 ans dans l’exercice de son métier. Un métier pour lequel, il se dévoue corps et âme. Me Demba Ciré ne quitte son boulot que pour s’occuper de ses activités dans la société civile. C’est dire qu’il ne lâche jamais son ordinateur, à ses heures perdues, c’est un passionné d’informatique et de tout ce qui est multimédia. En dehors de quelques sorties et combien rares avec ses amis, l’avocat est un homme très pointilleux, son béguin pour l’archéologie, l’art et les civilisations anciennes, l’explique aisément. Rigoureux, il se peint comme quelqu’un de conséquent dans ses prises de position. La parole donnée est sacrée pour lui. Il prône l’honnêteté et la dignité. Au plus grand bonheur de ses clients qui affluent à la porte de son cabinet. Ce qui lui permet de s’en sortir financièrement. Tout de même, le conseil, très sollicité, plaide «non coupable» contre ceux qui pensent qu’il est très riche. Éduqué avec un sens très poussé de la générosité et de la famille africaine, il partage ses revenus avec ses proches. D’autant que pour lui, la richesse la plus grande est la liberté. La liberté d’écouter et d’apprécier tranquillement toutes sortes de musique avec son ordinateur. Il s’enorgueillit d’y posséder plus de 1.000 fichiers de sons. Paradoxe, l’avocat est un homme très timide et très effacé, ce qui est loin d’être une qualité pour une robe noire. Paradoxe encore, puisqu’il s’en sort haut la main. En fin gourmet, il raffole du riz au poisson. Mais trop méticuleux, la présentation et la qualité du repas restent ses principaux critères pour un succulent met. Le message est donc lancé. Tenez-vous le pour dit au cas où vous voudriez l’inviter à votre table un de ces quatre !!!
Article Par MARIA DOMINICA T. DIÉDHIOU & NDÈYE FATOU SECK, Futurs Médias