Bakelinfo.com a joint au téléphone le nouveau Ministre d'Etat, Professeur Abdoulaye BATHILY... Un entretien d'une vingtaine de minutes sur ses nouvelles fonctions, les audits, l’élection de Madame Bintou DIAKHO ( Députée de Bakel ), sur le Sénat et le département de Bakel entre autres.
Bonjour Monsieur BATHILY , vous venez d’être nommé ministre d’Etat par le Président Macky SALL, vous voilà enfin avec votre part du gâteau ?
Tout d’abord, il faut noter qu’il n’y avait aucun gâteau à partager pour reprendre vos termes. Je vois l’action politique comme un engagement militant au service de la population. Depuis 40 ans, toute l’activité politique de la LD avait un seul but et jamais il a été question de se détourner de celui-ci qui est de se mettre entièrement au service de la population Sénégalaise.
Nous avons travaillé ensemble pour mettre fin au régime d'Abdoulaye WADE.. Nous avons gagné ensemble. Conformément aux engagements, il s’agit tout simplement d’un partage des responsabilités. Nous serons tous solidaires du succès ou de l’échec de ce régime mis en place. Par conséquent, chacun doit, lorsqu’il est appelé bien sûr, jouer sa partition. Il doit accomplir dans l’honneur et la dignité la mission que le Président de la République lui confie. Pour ma part, je voudrai accomplir mes nouvelles tâches dans le principe d’honneur, de dignité et d’engagement militant au profit du peuple Sénégalais. C’est cela ma conviction…
Vous aviez dit récemment à une télé de la place que vous ne demandez aucun poste dans le gouvernement ni la présidence du Sénat… D’ailleurs, vous n’aviez pas manqué l’occasion pour parler de l’inutilité de cette institution… Pourquoi avoir accepté ce poste de ministre d’Etat alors ?
Oui, j’avais dit que je ne suis pas demandeur d’un poste ministériel dans le gouvernement. Je suis aujourd’hui Ministre d’Etat auprès du Président Macky SALL donc ma position n’a pas changé. Je suis là pour apporter mon expérience dans plusieurs domaines au président, bien sûr à la hauteur de mes compétences et mon expérience.
Quand je parle de l’inutilité du Sénat, je fais appel aux conclusions des Assises Nationales. Le Sénat est une institution coûteuse. Aujourd’hui, il est constitué d’une majorité de sénateurs nommés par décret sans légitimé suffisante et grassement rémunérés. Cette institution pèse lourdement sur les finances publiques alors qu’elle n’est pas indispensable. A sa place, les Assises nationales proposent le haut conseil des collectivités locales qui sera l’émanation des conseillers ruraux, municipaux et régionaux dont la mission sera de contribuer efficacement à la décentralisation et le développement à la base. Cette institution ne sera pas une assemblée de personnes payées sur une base mensuelle. Les conseillers recevront simplement des indemnités par rapport à leurs missions. Il a été rappelé Samedi dernier lors du comité national de pilotage des Assises par le Président Ahmadou Mouctar Mbow.
Ainsi, la suppression du sénat doit être envisagée dans une nouvelle constitution. Le président Macky Sall et le peuple des assises sont d’accord pour adopter une nouvelle constitution. Toutefois, le mandat du sénat arrive à expiration. Il faut soit statuer au niveau de l’assemblée nationale soit adopter une nouvelle constitution pour nommer un nouveau sénat. Mais, un haut conseil des collectivités locales comme le préconisent les assises sera plus efficace et moins coûteux que le sénat.
Une certaine presse dit que vous serez en charge des questions africaines… Qu’en est-il réellement ?
Tout d’abord, il faut savoir que je dispose d’une longue expérience à la CDEAO et à l’Union Africaine. J'ai été maintes fois mandaté pour plusieurs missions. Envoyé spécial de l’UA en Centrafrique, au Congo, au Soudan, j’ai travaillé à la résolution des conflits dans ces pays. J’ai été pour les mêmes raisons au Libéria, en Sierra Leone et au Madagascar entre autres. C’est une expérience que je mets à la disposition du Président Macky SALL. Je le ferai par devoir et conviction. Si le président pense que je suis compétent sur d’autres questions en dehors de celles-ci, je servirai ma nation avec dignité. En somme, je mets mon expérience et mes compétences au service de mon pays comme je l’ai toujours fait. Je suis à la disposition du Sénégal.
Que pensez-vous des audits qui sont devenus le sujet favori des Sénégalais ?
Le régime d’Abdoulaye Wade a dilapidé les deniers publics. Aujourd’hui, des révélations attestent cette réalité. Le président Macky SALL veut sanctionner toutes ces personnes qui ont volé l’argent du peuple. Ce qui est très normal. L’enrichissement illicite doit être banni de nos traditions. Je profite de l’occasion pour féliciter Madame Aminata TOURE, Ministre de la Justice… Elle effectue un travail remarquable et efficace dans la discrétion. Il faut que l’argent public revienne pour contribuer aux règlements des problèmes des Sénégalais. Aujourd’hui, le pays souffre de plusieurs maux dans le domaine de la santé, de l’énergie et de l’éducation. D’ailleurs, cette dernière souffre énormément de nos jours. Je tiens à préciser que je ne suis pas un « professionnel de la politique » mais un Universitaire. C’est cela mon gagne-pain. Je reprends mes craies à chaque fois que j’ai le temps pour cela donc je suis bien placé pour évoquer les maux de ce secteur. Je connais toutes les difficultés de l’enseignement supérieur.
Les étudiants sont aujourd’hui délaissés dans tous les domaines. L’université Cheikh Anta DIOP est surchargée. Près de 25000 étudiants arpentent les couloirs de la seule faculté des lettres et sciences humaines. Il se pose un réel problème de locaux, de matériels didactiques. Malgré tout cela, ces gens n’avaient pas pitié de la population. Il faut une sanction exemplaire. La justice doit être rendue. De plus, cela servira de leçons pour ceux qui remplacent aujourd’hui ces personnes qui ont dilapidé les deniers publics. Pas de règlements de compte, oui, mais justice...
A quand le passage du témoin au niveau de la LD, n'est-il pas temps pour le renouvellement des générations ?
La politique n’est pas une question de génération. Cela se fera selon les règles applicables. A la LD, au début, on osait même pas aspirer à des postes de conseillers municipaux ou autres…On militait pour le multipartisme dans la clandestinité. J’ai été 7 fois en prison sous le régime de Senghor et celui d’Abdou DIOUF juste pour vous dire que l’engagement était à son paroxysme. Mes camarades et moi songeons à la création d’un vaste rassemblement depuis 2008. Ce sont les échéances électorales qui ont retardé cette initiative. Naturellement, le changement s’opérera à la tête de notre parti. Au niveau de la LD, il y a des cadres pour continuer notre combat politique. On est également en train de préparer les jeunes. En somme, Abdoulaye Bathily va passer le témoin. Nous nous investissons quotidiennement à la création des conditions optimales pour ce renouvellement… Encore une fois, le combat n’est pas une question de génération. On a vu des jeunes politiciens qui se sont enrichis illicitement sous le régime d’Abdoulaye WADE. Des gens qui se sont retrouvés à la tête des empires financiers sans aucun mérite. Ce n’est pas notre conception de la politique.
Mme Bintou DIAKHO est députée de Bakel issue de vos rangs, sur quelle base elle a été proposée pour ce poste ?
D’abord, au nom de la parité dans le cadre de la coalition. La LD étant une des forces locales, c’est normal que l’on propose un candidat à ce poste. Elle a une riche expérience dans la politique. Elle a été de tous les combats depuis l’alternance plusieurs années. Elle est connue des Soninkés et des Peuls. Elle a beaucoup travaillé pour la communauté rurale de Ballou. Elle a épuisé deux mandats de conseillère rurale. Elle connait les préoccupations de la zone. C’est une bonne ambassadrice pour défendre les causes nobles. Elle a beaucoup de mérite. Voilà pourquoi, elle se retrouve là aujourd’hui.
Et le département de Bakel, peut-il compter sur votre rang actuel pour s’attirer les grâces du nouveau régime ?
D’abord, il faut savoir qu’Abdoulaye BATHILY combat les injustices. Bakel a été ignoré par tous les régimes ainsi que d’autres départements. Ma conviction est que le développement doit être équilibré sinon il génère des tensions comme cela fût le cas dans certains pays de la sous-région. Donc, je suis là pour tout le Sénégal d’abord. Bakel aura sa part dans les réalisations. C'est certain. On y travaille d’arrache-pied tous les jours. Je milite pour un développement équilibré et équitable.
Propos receuillis par Samba Fodé KOITA dit EYO, www.bakelinfo.com