Par Elodie RAZY.
Résumé. Dans cet article, l’expérience et la notion de « retour » sont explorées à la lumière de l’exemple soninké. Après une brève revue de la littérature et une étude des déclinaisons actuelles du retour, l’analyse du séjour au village d’une mère puis de son fils adolescent permettra de mieux appréhender les phénomènes de circulation en réfléchissant sur les questions de statut et d’identité.
Mots clés. circulation, retour, Mali, France, migration, femme, adolescent, Soninké
Lorsqu’on est villageois, quitter le pays Soninké n’implique pas de rupture définitive. Bien au contraire, dans la mesure où l’on « part pour rester »1, tout départ implique nécessairement un retour, des retours. Dans cette perspective et sur la base d’extraits de récits de vie, des éléments de réponse seront apportés aux questions suivantes : Quels sont les lieux et les moments impliqués dans ce processus ? Quel est le rôle de l’âge et du sexe dans les modalités et les implications de ce dernier ? Qu’est-ce qui se joue pour les acteurs à cette occasion ? Plus globalement, l’attention sera portée sur le retour à la fois comme expérience à définir et à circonscrire, mais également comme notion. Cette dernière permet-elle de mieux appréhender certains processus liés aux phénomènes de circulation des personnes ?
Dans un premier temps, le peu de place accordé au retour soninké des femmes et des enfants2 dans la littérature sera souligné. L’intérêt a en effet été porté sur les hommes : rotation des forces de travail, projet de réinstallation dans le pays d’origine ou expulsion des « sans-papiers ». Ensuite, seront présentées les déclinaisons actuelles du retour soninké dues aux évolutions de la législation sur les migrations d’une part et à la plus grande visibilité des nouveaux acteurs du regroupement familial (femmes et enfants) d’autre part. Enfin, le thème sera plus particulièrement approfondi à partir de l’expérience d’une mère et de son fils partis au village pendant les vacances d’été.